Kritische Edition des Libretto-Erstdrucks Wien 1786 (Libretto)   Kritische Edition der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785 (Vorlage)  
SCENA VIII
SCÈNE X
Figaro con bianca veste in mano. Coro di contadine e di contadini vestiti di bianco che spargono fiori, raccolti in piccioli panieri, davanti ilConte e cantano il seguente coro.
Chérubin, Suzanne, Figaro, la Comtesse, Le Comte, Fanchette, Bazile; beaucoup de valets, paysannes, paysans vêtus en habits de fête.
Coro
    Giovani liete,
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fiori spargete
davanti il nobile
nostro signor.
    Il suo gran core
vi serba intatto
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d'un più bel fiore
l'almo candor.
Figaro, tenant une toque de femme garnie de plumes blanches et de rubans blancs, parle à la Comtesse.
Il n'y a que vous, madame, qui puissiez nous obtenir cette faveur.
La Comtesse
Vous les voyez, Monsieur le Comte, ils me supposent un crédit que je n'ai point : mais comme leur demande n'est pas déraisonnable…
Le Comte, embarrassé.
Il faudrait qu'elle le fût beaucoup…
Il Conte
(A Figaro con sorpresa.)
Cos'è questa comedia?
Figaro
Figaro, bas, à Suzanne.
(A Susanna piano.)
(Eccoci in danza:
secondami, cor mio.)
Soutiens bien mes efforts.
Susanna
Suzanne, bas, à Figaro.
(Non ci ho speranza.)
Qui ne mèneront à rien.
Figaro, bas.
Va toujours.
Le Comte, à Figaro.
Que voulez-vous ?
Figaro
Figaro
Signor, non isdegnate
Monseigneur, vos vassaux, touchés de l'abolition d'un certain droit fâcheux, que votre amour pour Madame…
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questo del nostro affetto
meritato tributo: or che aboliste
un diritto sì ingrato a chi ben ama…
Il Conte
Le Comte
Quel dritto or non v'è più; cosa si brama?
Eh bien, ce droit n'existe plus ; que veux-tu dire ?
Figaro
Figaro, malignement.
De la vostra saggezza il primo frutto
Qu'il est bien temps que la vertu d'un si bon maître éclate ; elle m'est d'un tel avantage aujourd'hui, que je désire être le premier à la célébrer à mes noces.
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oggi noi coglierem: le nostre nozze
si son già stabilite; or a voi tocca
costei, che un vostro dono
illibata serbò, coprir di questa,
simbolo d'onestà, candida vesta.
Il Conte
Le Comte, plus embarrassé.
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(Diabolica astuzia!
Tu te moques, ami ! l'abolition d'un droit honteux n'est que l'acquit d'une dette envers l'honnêteté. Un Espagnol peut vouloir conquérir la beauté par des soins ; mais en exiger le premier, le plus doux emploi, comme une servile redevance, ah ! c'est la tyrannie d'un Vandale, et non le droit avoué d'un noble Castillan.
Ma fingere convien.) Son grato, amici,
ad un senso sì onesto,
ma non merto per questo
né tributi né lodi, e un dritto ingiusto
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ne' miei feudi abolendo,
a natura, al dover lor dritti io rendo.
Figaro, tenant Suzanne par la main.
Permettez donc que cette jeune créature, de qui votre sagesse a préservé l'honneur, reçoive de votre main publiquement la toque virginale, ornée de plumes et de rubans blancs, symbole de la pureté de vos intentions ; – adoptez-en la cérémonie pour tous les mariages, et qu'un quatrain chanté en chœur rappelle à jamais le souvenir…
Le Comte, embarrassé.
Si je ne savais pas qu'amoureux, poète et musicien sont trois titres d'indulgence pour toutes les folies…
Figaro
Joignez-vous à moi, mes amis !
Tous ensemble
Monseigneur ! Monseigneur !
Suzanne, au Comte.
Pourquoi fuir un éloge que vous méritez si bien ?
Le Comte, à part.
La perfide !
Figaro
Regardez-la donc, Monseigneur ; jamais plus jolie fiancée ne montrera la grandeur de votre sacrifice.
Suzanne
Laissen là ma figure, et ne vantons que sa vertu.
Le Comte, à part.
C'est un jeu que tout ceci.
La Comtesse
Je me joins à eux, Monsieur le Comte ; et cette cérémonie me sera toujours chère, puisqu'elle doit son motif à l'amour charmant que vous aviez pour moi.
Le Comte
Que j'ai toujours, madame ; et c'est à ce titre que je me rends.
Tutti
Tous ensemble
Evviva, evviva, evviva!
Vivat !
Susanna
(Malignamente.)
Che virtù!
Figaro
Che giustizia!
Il Conte
Le Comte, à part.
(A Figaro e Susanna.)
A voi prometto
Je suis pris. (Haut.) Pour que la cérémonie eût un peu plus d'éclat, je voudrais seulement qu'on la remît à tantôt. (À part.) Faisons vite chercher Marceline.
compier la cerimonia.
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Chiedo sol breve indugio: io voglio in faccia
de' miei più fidi e con più ricca pompa
rendervi appien felici.
(Marcellina si trovi.) Andate, amici.
(I contadini ripetono il coro, spargono il resto de' fiori e partono.)
Figaro
Evviva!
Susanna
Evviva!
Basilio
Evviva!
Figaro
Figaro, à Chérubin.
(A Cherubino.)
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E voi non applaudite?
Eh bien, espiègle ! vous n'applaudissez pas ?
Susanna
Suzanne
È afflitto, poveretto,
Il est au désespoir ; Monseigneur le renvoie.
perché il padron lo scaccia dal castello.
Figaro
Ah in un giorno sì bello!
Susanna
In un giorno di nozze!
Figaro
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Quando ognuno v'ammira!
Cherubino
La Comtesse
(S'inginocchia.)
Perdono, mio signor…
Ah ! monsieur, je vous demande sa grâce.
Il Conte
Le Comte
Nol meritate.
Il ne la mérite point.
Susanna
La Comtesse
Egli è ancora fanciullo!
Hélas ! il est si jeune !
Il Conte
Le Comte
Men di quel che tu credi.
Pas tant que vous le croyez.
Chérubin, tremblant.
Pardonner généreusement n'est pas le droit du seigneur auquel vous avez renoncé en épousant Madame.
La Comtesse
Il n'a renoncé qu'à celui qui vous affligeait tous.
Suzanne
Si Monseigneur avait cédé le droit de pardonner, ce serait sûrement le premier qu'il voudrait racheter en secret.
Le Comte, embarrassé.
Sans doute.
La Comtesse
Eh, pourquoi le racheter ?
Cherubino
Chérubin, au Comte.
È ver, mancai; ma dal mio labbro alfine…
Je fus léger dans ma conduite, il est vrai, Monseigneur ; mais jamais la moindre indiscrétion dans mes paroles…
Il Conte
Le Comte, embarrassé.
(Lo alza.)
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Ben ben, io vi perdono.
Eh bien, c'est assez…
Figaro
Qu'entend-il ?
Le Comte, vivement.
Anzi farò di più: vacante è un posto
C'est assez, c'est assez, tout le monde exige son pardon, je l'accorde, et j'irai plus loin : je lui donne une compagnie dans ma légion.
d'uffizial nel reggimento mio;
Tous ensemble
Vivat !
Le Comte
io scelgo voi, partite tosto: addio.
Mais c'est à condition qu'il partira sur-le-champ pour joindre en Catalogne.
(Il Conte vuol partire, Susanna e Figaro l'arrestano.)
Susanna, Figaro
Figaro
Ah fin domani sol…
Ah ! Monseigneur, demain.
Il Conte
Le Comteinsiste.
No, parta tosto.
Je le veux.
Cherubino
Chérubin
(Con passione e sospirando.)
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A ubbidirvi, signor, son già disposto.
J'obéis.
Le Comte
Saluez votre marraine, et demandez sa protection.
(Chérubin met un genou en terre devant la Comtesse, et ne peut parler.)
La Comtesse, émue.
Puisqu'on ne peut vous garder seulement aujourd'hui, partez, jeune homme. Un nouvel état vous appelle ; allez le remplir dignement. Honorez votre bienfaiteur. Souvenez-vous de cette maison, où votre jeunesse a trouvé tant d'indulgence. Soyez soumis, honnête et brave ; nous prendrons part à vos succès. (Chérubin se relève et retourne à sa place.)
Le Comte
Vous êtes bien émue, madame !
La Comtesse
Je ne m'en défends pas. Qui sait le sort d'un enfant jeté dans une carrière aussi dangereuse ? Il est allié de mes parents ; et de plus, il est mon filleul.
Il Conte
Le Comte, à part.
Via, per l'ultima volta
Je vois que Bazile avait raison. (Haut.) Jeune homme, embrassez Suzanne… pour la dernière fois.
la Susanna abbracciate.
(Cherubino abbraccia la Susanna che rimane confusa.)
(Inaspettato è il colpo.)
Figaro
Figaro
Ehi capitano,
Pourquoi cela, Monseigneur ? Il viendra passer ses hivers. Baise-moi donc aussi, capitaine ! (Il l'embrasse.) Adieu, mon petit Chérubin. Tu vas mener un train de vie bien différent, mon enfant : dame ! tu ne rôderas plus tout le jour au quartier des femmes : plus d'échaudés, de goûtérs à la crème ; plus de main chaude ou de colin-maillard. De bons soldats, morbleu ! bazanés, mal vêtus ; un grand fusil bien lourd ; tourne à droite, tourne à gauche, en avant, marche à la gloire ; et ne vas pas broncher en chemin ; à moins qu'un bon coup de feu…
a me pure la mano…
(Piano a Cherubino.)
(Io vo' parlarti
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pria che tu parta.)
(Con finta gioia.)
Addio,
picciolo Cherubino:
come cangia in un punto il tuo destino!
    Non più andrai, farfallone amoroso,
notte e giorno d'intorno girando,
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de le belle turbando il riposo,
narcisetto, adoncino d'amor.
    Non più avrai questi bei pennacchini,
quel cappello leggero e galante,
quella chioma, quell'aria brillante,
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quel vermiglio, donnesco color.
    Tra guerrieri, poffarbacco!
Gran mustacchi, stretto sacco,
schioppo in spalla, sciabla al fianco,
collo dritto, muso franco,
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un gran casco o un gran turbante,
molto onor, poco contante,
ed invece del fandango
una marcia per il fango,
per montagne, per valloni
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con le nevi e i sollioni
al concerto di tromboni,
di bombarde, di cannoni
che le palle in tutti i tuoni
a l'orecchio fan fischiar.
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    Cherubino, alla vittoria,
alla gloria militar!
Suzanne
Fi donc, l'horreur !
La Comtesse
Quel pronostic !
Le Comte
Où donc est Marceline ? Il est bien singulier qu'elle ne soit pas des vôtres !
Fanchette
Monseigneur, elle a pris le chemin du bourg, par le petit sentier de la ferme.
Le Comte
Et elle en reviendra ?
Bazile
Quand il plaira à Dieu.
Figaro
S'il lui plaisait qu'il ne lui plût jamais…
Fanchette
Monsieur le docteur lui donnait le bras.
Le Comte, vivement.
Le docteur est ici ?
Bazile
Elle s'en est d'abord emparée…
Le Comte, à part.
Il ne pouvait venir plus à propos.
Fanchette
Elle avait l'air bien échauffé, elle parlait tout haut en marchant, puis elle s'arrêtait, et faisait comme ça, de grand bras…et monsieur le docteur lui faisait comme ça de la main, en l'apaisant : elle paraissait si courroucée ! elle nommait mon cousin Figaro.
Le Comtelui prend le menton.
Cousin… futur.
Fanchette, montrant Chérubin.
Monseigneur, nous avez-vous pardonné d'hier ?…
Le Comteinterrompt.
Bonjour, bonjour, petite.
Figaro
C'est son chien d'amour qui la berce ; elle aurait troublé notre fête.
Le Comte, à part.
Elle la troublera, je t'en réponds. (Haut.) Allons, madame, entrons. Bazile, vous passerez chez moi.
Suzanne, à Figaro.
Tu me rejoindras, mon fils ?
Figaro, bas, à Suzanne.
Est-il bien enfilé ?
Suzanne, bas.
Charmant garçon !
(Ils sortent tous.)
SCÈNE XI
Chérubin, Figaro, Bazile.
(Pendant qu'on sort, Figaro les arrête tous deux et les ramène.)
Figaro
Ah çà, vous autres ! la cérémonie adoptée, ma fête de ce soir en est la suite ; il faut bravement nous recorder : ne faisons point comme ces acteurs qui ne jouent jamais si mal que le jour où la critique est le plus éveillée. Nous n'avons point de lendemain qui nous excuse, nous. Sachons bien nos rôles aujourd'hui.
Bazile, malignement.
Le mien est plus difficile que tu ne crois.
Figaro, faisant, sans qu'il le voie, le geste de le rosser.
Tu es loin aussi de savoir tout le succès qu'il te vaudra.
Chérubin
Mon ami, tu oublies que je pars.
Figaro
Et toi, tu voudrais bien rester !
Chérubin
Ah ! si je le voudrais !
Figaro
Il faut ruser. Point de murmure à ton départ. Le manteau de voyage à l'épaule ; arrange ouvertement ta trousse, et qu'on voie ton cheval à la grille ; un temps de galop jusqu'à la ferme ; reviens à pied par les derrières ; Monseigneur te croira parti : tiens-toi seulement hors de sa vue ; je me charge de l'apaiser après la fête.
Chérubin
Mais Fanchette qui ne sait pas son rôle !
Bazile
Que diable lui apprenez-vous donc, depuis huit jours que vous ne la quittez pas ?
Figaro
Tu n'as rien à faire aujourd'hui, donne-lui par grâce une leçon.
Bazile
Prenez garde, jeune homme, prenez garde ! le père n'est pas satisfait ; la fille a été souffletée ; elle n'étudie pas avec vous : Chérubin ! Chérubin ! vous lui causerez des chagrins ! « Tant va la cruche à l'eau… »
Figaro
Ah ! voilà notre imbécile, avec ses vieux proverbes ! Eh bien ! pédant ! que dit la sagesse des nations ? « Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin… »
Bazile
Elle s'emplit.
Figaro, en s'en allant.
Pas si bête, pourtant, pas si bête…
(Partono tutti al suono di una marcia.)
Fine dell'atto primo.
Fin du premier acte.