Kritische Edition des Libretto-Erstdrucks Wien 1786 (Libretto)   Kritische Edition der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785 (Vorlage)  
SCENA VII
SCÈNE IX
I sudetti e Basilio.
Le Comte et Chérubin cachés, Suzanne, Bazile.
Basilio
Bazile
Susanna, il ciel vi salvi: avreste a caso
N'auriez-vous pas vu Monseigneur, mademoiselle ?
veduto il Conte?
Susanna
Suzanne, brusquement.
E cosa
Eh ! pourquoi l'aurais-je vu ? Laissez-moi.
deve far meco il Conte? Animo, uscite.
Basilio
Baziles'approche.
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Aspettate, sentite,
Si vous étiez plus raisonnable, il n'y aurait rien d'étonnant à ma question. C'est Figaro qui le cherche.
Figaro di lui cerca.
Susanna
Suzanne
(Oh stelle!) Ei cerca
Il cherche donc l'homme qui lui veut le plus de mal après vous !
chi dopo voi più l'odia.
Il Conte
Le Comte, à part.
(Veggiam come mi serve.)
Voyons un peu comme il me sert.
Basilio
Bazile
Io non ho mai ne la moral sentito
280
ch'uno ch'ama la moglie odi il marito.
Désirer du bien à une femme, est-ce vouloir du mal à son mari ?
Per dir che il Conte v'ama…
Susanna
Suzanne
Sortite, vil ministro
Non, dans vos affreux principes, agent de corruption.
de l'altrui sfrenatezza:
(Con risentimento.)
io non ho d'uopo
de la vostra morale,
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del Conte, del suo amor…
Basilio
Bazile
Non c'è alcun male.
Que vous demande-t-on ici que vous n'alliez prodiguer à un autre ? Grâce à la douce cérémonie, ce qu'on vous défendait hier, on vous le prescrira demain.
Suzanne
Indigne !
Bazile
De toutes les choses sérieuses le mariage étant la plus bouffonne, j'avais pensé…
Suzanne, outrée.
Des horreurs ! Qui vous permet d'entrer ici ?
Bazile
Ha ciascun i suoi gusti: io mi credea
Là, là, mauvaise ! Dieu vous apaise ! il n'en sera que ce que vous voulez ; mais ne croyez pas non plus que je regarde monsieur Figaro comme l'obstacle qui nuit à Monseigneur ; et sans le petit page…
che preferir doveste per amante,
come fan tutte quante,
un signor liberal, prudente e saggio
290
a un giovinastro, a un paggio…
Susanna
Suzanne, timidement.
(Con ansietà.)
A Cherubino!
Don Chérubin ?
Basilio
Bazilela contrefait.
A Cherubino! Al Cherubin d'amore
Cherubino di amore, qui tourne autour de vous sans cesse, et qui ce matin encore, rôdait ici pour y entrer quand je vous ai quittée ; dites que cela n'est pas vrai ?
ch'oggi sul far del giorno
passeggiava qui intorno,
per entrar…
Susanna
Suzanne
(Con forza.)
Uom maligno,
Quelle imposture ! Allez-vous-en, méchant homme !
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un'impostura è questa.
Basilio
Bazile
È un maligno con voi chi ha gli occhi in testa.
On est un méchant homme parce qu'on y voit clair. N'est-ce pas pour vous aussi cette romance dont il fait mystère ?
E quella canzonetta?
Ditemi in confidenza, io sono amico
ed altrui nulla dico:
300
è per voi, per madama…
Susanna
Suzanne, en colère.
(Mostra dello smarrimento.)
(Chi diavol gliel'ha detto?)
Ah ! oui, pour moi !…
Basilio
Bazile
A proposito, figlia,
À moins qu'il ne l'ait composée pour Madame ! en effet, quand il sert à table on dit qu'il la regarde avec des yeux !… mais, peste, qu'il ne s'y joue pas ! Monseigneur est brutal sur l'article.
istruitelo meglio: egli la guarda
a tavola sì spesso
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e con tale immodestia,
che se il Conte s'accorge… Ehi, su tal punto,
sapete, egli è una bestia.
Susanna
Suzanne, outrée.
Scellerato!
Et vous bien scélérat, d'aller semant de pareils bruits pour perdre un malheureux enfant tombé dans la disgrâce de son maître.
E perché andate voi
tai menzogne spargendo?
Basilio
Bazile
310
Io! Che ingiustizia! Quel che compro io vendo.
L'ai-je inventé ? Je le dis parce que tout le monde en parle.
A quel che tutti dicono
io non ci aggiungo un pelo.
Il Conte
Le Comtese lève.
(Sorte dal loco etc.)
Come! Che dicon tutti?
Comment, tout le monde en parle !
(Chérubin dans le fauteuil, le Comte, Suzanne, Basile.)
Basilio
Suzanne
Oh bella!
Ah Ciel !
Susanna
Bazile
Oh cielo!
Ha, ha !
Il Conte
Le Comte
(A Basilio.)
    Cosa sento! Tosto andate
Courez, Bazile, et qu'on le chasse.
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e scacciate il seduttor.
Basilio
Bazile
In mal punto son qui giunto,
Ah, que je suis fâché d'être entré !
perdonate, o mio signor.
Susanna
Suzanne, troublée.
    Che ruina, me meschina,
Mon Dieu ! Mon Dieu !
(Quasi svenuta.)
son oppressa dal terror.
Il Conte, Basilio
Le Comte, à Bazile.
(Sostengono Susanna.)
320
Ah già svien la poverina!
Elle est saisie. Asseyons-la dans ce fauteuil.
Come, oddio, le batte il cor!
Basilio
(Approssimandosi al sedile in atto di farla sedere.)
    Pian pianin su questo seggio.
Susanna
Suzannele repousse vivement.
(Rinviene.)
Dove sono!
Cosa veggio!
(Si stacca da tutti due.)
Che insolenza, andate fuor.
Je ne veux pas m'asseoir. Entrer ainsi librement, c'est indigne !
Il Conte
Le Comte
325
    Siamo qui per aiutarti,
Nous sommes deux avec toi, ma chère. Il n'y a plus le moindre danger.
non turbarti, o mio tesor.
Basilio
(Con malignità.)
Siamo qui per aiutarvi,
è sicuro il vostro onor.
Basilio
Bazile
(Al Conte.)
    Ah del paggio quel che ho detto
Moi je suis désolé de m'être égayé sur le page puisque vous l'entendiez. Je n'en usais ainsi que pour pénétrer ses sentiments, car au fond…
330
era solo un mio sospetto.
Susanna
È un'insidia, una perfidia,
non credete a l'impostor.
Il Conte
Le Comte
    Parta, parta il damerino!
Cinquante pistoles, un cheval, et qu'on le renvoie à ses parents.
Basilio, Susanna
Bazile
Poverino!
Monseigneur, pour un badinage ?
Il Conte
Le Comte
(Ironicamente.)
Poverino!
Un petit libertin que j'ai surpris encore hier avec la fille du jardinier.
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Ma da me sorpreso ancor.
Bazile
Avec Fanchette ?
Le Comte
Et dans sa chambre.
Suzanne, outrée.
Où Monseigneur avait sans doute affaire aussi !
Le Comte, gaiement.
J'en aime assez la remarque.
Bazile
Elle est d'un bon augure.
Susanna
    Come!
Basilio
Che!
Il Conte
Le Comte, gaiement.
Da tua cugina
Mais non ! j'allais chercher ton oncle Antonio, mon ivrogne de jardinier, pour lui donner des ordres. Je frappe, on est longtemps à m'ouvrir ; ta cousine a l'air empêtré ; je prends un soupçon, je lui parle, et tout en causant j'examine. Il y avait derrière la porte une espèce de rideau, de portemanteau, de je ne sais pas quoi, qui couvrait des hardes ; sans faire semblant de rien je vais doucement, doucement lever ce rideau, (Pour imiter le geste il lève la robe du fauteuil.) et je vois… (Il aperçoit le page.) Ah !…
l'uscio ier trovai rinchiuso;
picchio, m'apre Barbarina
paurosa fuor de l'uso.
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    Io, dal muso insospettito,
guardo, cerco in ogni sito,
ed alzando pian pianino
il tappeto al tavolino
vedo il paggio…
(Imita il gesto colla vestaglia e scopre il paggio.)
Il Conte
(Con sorpresa.)

     Ah! Cosa veggio!
Susanna
(Con timore.)
345

     Ah! Crude stelle!
(Suzanne, Chérubin dans le fauteuil, le Comte, Bazile.)
Basilio
Bazile
(Con riso.)

     Ah! Meglio ancora!
Ha ! ha !
Il Conte
Le Comte
    Onestissima signora!
Ce tour-ci vaut l'autre.
Or capisco come va.
Susanna
Accader non può di peggio;
giusti dèi! che mai sarà!
Basilio
Bazile
350
Così fan tutte le belle!
Encore mieux.
Non c'è alcuna novità.
Il Conte
Le Comte, à Suzanne.
Basilio, in traccia subito
À merveille, mademoiselle : à peine fiancée vous faites de ces apprêts ? C'était pour recevoir mon page que vous désiriez d'être seule ? Et vous, monsieur, qui ne changez point de conduite, il vous manquait de vous adresser, sans respect pour votre marraine, à sa première camariste, à la femme de votre ami ! mais je ne souffrirai pas que Figaro, qu'un homme que j'estime et que j'aime soit victime d'une pareille tromperie : était-il avec vous, Bazile ?
di Figaro volate:
(Addita Cherubino che non si muove di loco.)
io vo' ch'ei veda…
Susanna
(Con vivezza.)
…ed io che senta: andate.
Il Conte
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Restate: che baldanza! E quale scusa,
se la colpa è evidente?
Susanna
Suzanne, outrée.
Non ha d'uopo di scusa un'innocente.
Il n'y a tromperie ni victime ; il était là lorsque vous me parliez.
Il Conte
Le Comte, emporté.
Ma costui quando venne?
Puisses-tu mentir en le disant ! son plus cruel ennemi n'oserait lui souhaiter ce malheur.
Susanna
Suzanne
Egli era meco
Il me priait d'engager Madame à vous demander sa grâce. Votre arrivée l'a si fort troublé qu'il s'est masqué de ce fauteuil.
quando voi qui giungeste, e mi chiedea
360
d'impegnar la padrona
a intercedergli grazia: il vostro arrivo
in scompiglio lo pose
ed allor in quel loco ei si nascose.
Il Conte
Le Comte, en colère.
Ma s'io stesso m'assisi
Ruse d'enfer ! je m'y suis assis en entrant.
365
quando in camera entrai!
Cherubino
Chérubin
(Timidamente.)
Ed allora di dietro io mi celai.
Hélas, Monseigneur, j'étais tremblant derrière.
Il Conte
Le Comte
E quand'io là mi posi?
Autre fourberie ! je viens de m'y placer moi-même.
Cherubino
Chérubin
Allor piano io mi volsi e qui m'ascosi.
Pardon, mais c'est alors que je me suis blotti dedans.
Il Conte
Le Comte, plus outré.
(A Susanna.)
Oh ciel! Dunque ha sentito
C'est donc une couleuvre que ce petit… serpent-là ! il nous écoutait !
370
quello ch'io ti dicea!
Cherubino
Chérubin
Feci per non sentir quanto potea.
Au contraire, Monseigneur, j'ai fait ce que j'ai pu pour ne rien entendre.
Il Conte
Le Comte
Oh perfidia!
Ô perfidie ! (À Suzanne.) Tu n'épouseras pas Figaro.
Basilio
Bazile
Frenatevi: vien gente.
Contenez-vous, on vient.
Il Conte
Le Comte, tirant Chérubin du fauteuil et le mettant sur ses pieds.
(Lo tira giù del sedile.)
E voi restate qui, picciol serpente!
Il resterait là devant toute la terre !
SCENA VIII
SCÈNE X
Figaro con bianca veste in mano. Coro di contadine e di contadini vestiti di bianco che spargono fiori, raccolti in piccioli panieri, davanti ilConte e cantano il seguente coro.
Chérubin, Suzanne, Figaro, la Comtesse, Le Comte, Fanchette, Bazile; beaucoup de valets, paysannes, paysans vêtus en habits de fête.
Coro
    Giovani liete,
375
fiori spargete
davanti il nobile
nostro signor.
    Il suo gran core
vi serba intatto
380
d'un più bel fiore
l'almo candor.
Figaro, tenant une toque de femme garnie de plumes blanches et de rubans blancs, parle à la Comtesse.
Il n'y a que vous, madame, qui puissiez nous obtenir cette faveur.
La Comtesse
Vous les voyez, Monsieur le Comte, ils me supposent un crédit que je n'ai point : mais comme leur demande n'est pas déraisonnable…
Le Comte, embarrassé.
Il faudrait qu'elle le fût beaucoup…
Il Conte
(A Figaro con sorpresa.)
Cos'è questa comedia?
Figaro
Figaro, bas, à Suzanne.
(A Susanna piano.)
(Eccoci in danza:
secondami, cor mio.)
Soutiens bien mes efforts.
Susanna
Suzanne, bas, à Figaro.
(Non ci ho speranza.)
Qui ne mèneront à rien.
Figaro, bas.
Va toujours.
Le Comte, à Figaro.
Que voulez-vous ?
Figaro
Figaro
Signor, non isdegnate
Monseigneur, vos vassaux, touchés de l'abolition d'un certain droit fâcheux, que votre amour pour Madame…
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questo del nostro affetto
meritato tributo: or che aboliste
un diritto sì ingrato a chi ben ama…
Il Conte
Le Comte
Quel dritto or non v'è più; cosa si brama?
Eh bien, ce droit n'existe plus ; que veux-tu dire ?
Figaro
Figaro, malignement.
De la vostra saggezza il primo frutto
Qu'il est bien temps que la vertu d'un si bon maître éclate ; elle m'est d'un tel avantage aujourd'hui, que je désire être le premier à la célébrer à mes noces.
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oggi noi coglierem: le nostre nozze
si son già stabilite; or a voi tocca
costei, che un vostro dono
illibata serbò, coprir di questa,
simbolo d'onestà, candida vesta.
Il Conte
Le Comte, plus embarrassé.
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(Diabolica astuzia!
Tu te moques, ami ! l'abolition d'un droit honteux n'est que l'acquit d'une dette envers l'honnêteté. Un Espagnol peut vouloir conquérir la beauté par des soins ; mais en exiger le premier, le plus doux emploi, comme une servile redevance, ah ! c'est la tyrannie d'un Vandale, et non le droit avoué d'un noble Castillan.
Ma fingere convien.) Son grato, amici,
ad un senso sì onesto,
ma non merto per questo
né tributi né lodi, e un dritto ingiusto
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ne' miei feudi abolendo,
a natura, al dover lor dritti io rendo.
Figaro, tenant Suzanne par la main.
Permettez donc que cette jeune créature, de qui votre sagesse a préservé l'honneur, reçoive de votre main publiquement la toque virginale, ornée de plumes et de rubans blancs, symbole de la pureté de vos intentions ; – adoptez-en la cérémonie pour tous les mariages, et qu'un quatrain chanté en chœur rappelle à jamais le souvenir…
Le Comte, embarrassé.
Si je ne savais pas qu'amoureux, poète et musicien sont trois titres d'indulgence pour toutes les folies…
Figaro
Joignez-vous à moi, mes amis !
Tous ensemble
Monseigneur ! Monseigneur !
Suzanne, au Comte.
Pourquoi fuir un éloge que vous méritez si bien ?
Le Comte, à part.
La perfide !
Figaro
Regardez-la donc, Monseigneur ; jamais plus jolie fiancée ne montrera la grandeur de votre sacrifice.
Suzanne
Laissen là ma figure, et ne vantons que sa vertu.
Le Comte, à part.
C'est un jeu que tout ceci.
La Comtesse
Je me joins à eux, Monsieur le Comte ; et cette cérémonie me sera toujours chère, puisqu'elle doit son motif à l'amour charmant que vous aviez pour moi.
Le Comte
Que j'ai toujours, madame ; et c'est à ce titre que je me rends.
Tutti
Tous ensemble
Evviva, evviva, evviva!
Vivat !
Susanna
(Malignamente.)
Che virtù!
Figaro
Che giustizia!
Il Conte
Le Comte, à part.
(A Figaro e Susanna.)
A voi prometto
Je suis pris. (Haut.) Pour que la cérémonie eût un peu plus d'éclat, je voudrais seulement qu'on la remît à tantôt. (À part.) Faisons vite chercher Marceline.
compier la cerimonia.
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Chiedo sol breve indugio: io voglio in faccia
de' miei più fidi e con più ricca pompa
rendervi appien felici.
(Marcellina si trovi.) Andate, amici.
(I contadini ripetono il coro, spargono il resto de' fiori e partono.)
Figaro
Evviva!
Susanna
Evviva!
Basilio
Evviva!
Figaro
Figaro, à Chérubin.
(A Cherubino.)
410
E voi non applaudite?
Eh bien, espiègle ! vous n'applaudissez pas ?
Susanna
Suzanne
È afflitto, poveretto,
Il est au désespoir ; Monseigneur le renvoie.
perché il padron lo scaccia dal castello.
Figaro
Ah in un giorno sì bello!
Susanna
In un giorno di nozze!
Figaro
415
Quando ognuno v'ammira!
Cherubino
La Comtesse
(S'inginocchia.)
Perdono, mio signor…
Ah ! monsieur, je vous demande sa grâce.
Il Conte
Le Comte
Nol meritate.
Il ne la mérite point.
Susanna
La Comtesse
Egli è ancora fanciullo!
Hélas ! il est si jeune !
Il Conte
Le Comte
Men di quel che tu credi.
Pas tant que vous le croyez.
Chérubin, tremblant.
Pardonner généreusement n'est pas le droit du seigneur auquel vous avez renoncé en épousant Madame.
La Comtesse
Il n'a renoncé qu'à celui qui vous affligeait tous.
Suzanne
Si Monseigneur avait cédé le droit de pardonner, ce serait sûrement le premier qu'il voudrait racheter en secret.
Le Comte, embarrassé.
Sans doute.
La Comtesse
Eh, pourquoi le racheter ?
Cherubino
Chérubin, au Comte.
È ver, mancai; ma dal mio labbro alfine…
Je fus léger dans ma conduite, il est vrai, Monseigneur ; mais jamais la moindre indiscrétion dans mes paroles…
Il Conte
Le Comte, embarrassé.
(Lo alza.)
420
Ben ben, io vi perdono.
Eh bien, c'est assez…
Figaro
Qu'entend-il ?
Le Comte, vivement.
Anzi farò di più: vacante è un posto
C'est assez, c'est assez, tout le monde exige son pardon, je l'accorde, et j'irai plus loin : je lui donne une compagnie dans ma légion.
d'uffizial nel reggimento mio;
Tous ensemble
Vivat !
Le Comte
io scelgo voi, partite tosto: addio.
Mais c'est à condition qu'il partira sur-le-champ pour joindre en Catalogne.
(Il Conte vuol partire, Susanna e Figaro l'arrestano.)
Susanna, Figaro
Figaro
Ah fin domani sol…
Ah ! Monseigneur, demain.
Il Conte
Le Comteinsiste.
No, parta tosto.
Je le veux.
Cherubino
Chérubin
(Con passione e sospirando.)
425
A ubbidirvi, signor, son già disposto.
J'obéis.
Le Comte
Saluez votre marraine, et demandez sa protection.
(Chérubin met un genou en terre devant la Comtesse, et ne peut parler.)
La Comtesse, émue.
Puisqu'on ne peut vous garder seulement aujourd'hui, partez, jeune homme. Un nouvel état vous appelle ; allez le remplir dignement. Honorez votre bienfaiteur. Souvenez-vous de cette maison, où votre jeunesse a trouvé tant d'indulgence. Soyez soumis, honnête et brave ; nous prendrons part à vos succès. (Chérubin se relève et retourne à sa place.)
Le Comte
Vous êtes bien émue, madame !
La Comtesse
Je ne m'en défends pas. Qui sait le sort d'un enfant jeté dans une carrière aussi dangereuse ? Il est allié de mes parents ; et de plus, il est mon filleul.
Il Conte
Le Comte, à part.
Via, per l'ultima volta
Je vois que Bazile avait raison. (Haut.) Jeune homme, embrassez Suzanne… pour la dernière fois.
la Susanna abbracciate.
(Cherubino abbraccia la Susanna che rimane confusa.)
(Inaspettato è il colpo.)
Figaro
Figaro
Ehi capitano,
Pourquoi cela, Monseigneur ? Il viendra passer ses hivers. Baise-moi donc aussi, capitaine ! (Il l'embrasse.) Adieu, mon petit Chérubin. Tu vas mener un train de vie bien différent, mon enfant : dame ! tu ne rôderas plus tout le jour au quartier des femmes : plus d'échaudés, de goûtérs à la crème ; plus de main chaude ou de colin-maillard. De bons soldats, morbleu ! bazanés, mal vêtus ; un grand fusil bien lourd ; tourne à droite, tourne à gauche, en avant, marche à la gloire ; et ne vas pas broncher en chemin ; à moins qu'un bon coup de feu…
a me pure la mano…
(Piano a Cherubino.)
(Io vo' parlarti
430
pria che tu parta.)
(Con finta gioia.)
Addio,
picciolo Cherubino:
come cangia in un punto il tuo destino!
    Non più andrai, farfallone amoroso,
notte e giorno d'intorno girando,
435
de le belle turbando il riposo,
narcisetto, adoncino d'amor.
    Non più avrai questi bei pennacchini,
quel cappello leggero e galante,
quella chioma, quell'aria brillante,
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quel vermiglio, donnesco color.
    Tra guerrieri, poffarbacco!
Gran mustacchi, stretto sacco,
schioppo in spalla, sciabla al fianco,
collo dritto, muso franco,
445
un gran casco o un gran turbante,
molto onor, poco contante,
ed invece del fandango
una marcia per il fango,
per montagne, per valloni
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con le nevi e i sollioni
al concerto di tromboni,
di bombarde, di cannoni
che le palle in tutti i tuoni
a l'orecchio fan fischiar.
455
    Cherubino, alla vittoria,
alla gloria militar!
Suzanne
Fi donc, l'horreur !
La Comtesse
Quel pronostic !
Le Comte
Où donc est Marceline ? Il est bien singulier qu'elle ne soit pas des vôtres !
Fanchette
Monseigneur, elle a pris le chemin du bourg, par le petit sentier de la ferme.
Le Comte
Et elle en reviendra ?
Bazile
Quand il plaira à Dieu.
Figaro
S'il lui plaisait qu'il ne lui plût jamais…
Fanchette
Monsieur le docteur lui donnait le bras.
Le Comte, vivement.
Le docteur est ici ?
Bazile
Elle s'en est d'abord emparée…
Le Comte, à part.
Il ne pouvait venir plus à propos.
Fanchette
Elle avait l'air bien échauffé, elle parlait tout haut en marchant, puis elle s'arrêtait, et faisait comme ça, de grand bras…et monsieur le docteur lui faisait comme ça de la main, en l'apaisant : elle paraissait si courroucée ! elle nommait mon cousin Figaro.
Le Comtelui prend le menton.
Cousin… futur.
Fanchette, montrant Chérubin.
Monseigneur, nous avez-vous pardonné d'hier ?…
Le Comteinterrompt.
Bonjour, bonjour, petite.
Figaro
C'est son chien d'amour qui la berce ; elle aurait troublé notre fête.
Le Comte, à part.
Elle la troublera, je t'en réponds. (Haut.) Allons, madame, entrons. Bazile, vous passerez chez moi.
Suzanne, à Figaro.
Tu me rejoindras, mon fils ?
Figaro, bas, à Suzanne.
Est-il bien enfilé ?
Suzanne, bas.
Charmant garçon !
(Ils sortent tous.)
SCÈNE XI
Chérubin, Figaro, Bazile.
(Pendant qu'on sort, Figaro les arrête tous deux et les ramène.)
Figaro
Ah çà, vous autres ! la cérémonie adoptée, ma fête de ce soir en est la suite ; il faut bravement nous recorder : ne faisons point comme ces acteurs qui ne jouent jamais si mal que le jour où la critique est le plus éveillée. Nous n'avons point de lendemain qui nous excuse, nous. Sachons bien nos rôles aujourd'hui.
Bazile, malignement.
Le mien est plus difficile que tu ne crois.
Figaro, faisant, sans qu'il le voie, le geste de le rosser.
Tu es loin aussi de savoir tout le succès qu'il te vaudra.
Chérubin
Mon ami, tu oublies que je pars.
Figaro
Et toi, tu voudrais bien rester !
Chérubin
Ah ! si je le voudrais !
Figaro
Il faut ruser. Point de murmure à ton départ. Le manteau de voyage à l'épaule ; arrange ouvertement ta trousse, et qu'on voie ton cheval à la grille ; un temps de galop jusqu'à la ferme ; reviens à pied par les derrières ; Monseigneur te croira parti : tiens-toi seulement hors de sa vue ; je me charge de l'apaiser après la fête.
Chérubin
Mais Fanchette qui ne sait pas son rôle !
Bazile
Que diable lui apprenez-vous donc, depuis huit jours que vous ne la quittez pas ?
Figaro
Tu n'as rien à faire aujourd'hui, donne-lui par grâce une leçon.
Bazile
Prenez garde, jeune homme, prenez garde ! le père n'est pas satisfait ; la fille a été souffletée ; elle n'étudie pas avec vous : Chérubin ! Chérubin ! vous lui causerez des chagrins ! « Tant va la cruche à l'eau… »
Figaro
Ah ! voilà notre imbécile, avec ses vieux proverbes ! Eh bien ! pédant ! que dit la sagesse des nations ? « Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin… »
Bazile
Elle s'emplit.
Figaro, en s'en allant.
Pas si bête, pourtant, pas si bête…
(Partono tutti al suono di una marcia.)
Fine dell'atto primo.
Fin du premier acte.