Kritische Edition des Libretto-Erstdrucks Wien 1786 (Libretto)   Kritische Edition des deutschen Libretto-Drucks Wien 1786 (Deutsches Libretto)   Kritische Edition der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785 (Vorlage)  
SCENA III
Dritter Auftritt
SCÈNE XVI
Marcellina sola.
Marzellina allein.
Marceline, seule.
Marcellina
Presto, avvertiam Susanna;
Man ermahne alsogleich die Susanna; ich glaube, sie ist unschuldig: Selbes Angesicht, jene sanfte Miene voll der Eingezogenheit, und wenn sie auch es nicht wäre! – – Ach, wenn unser Herz nicht vom Eigennutze geleitet wird, so hat jedes Frauenzimmer einen Trieb, ihr armes Geschlecht zu verteidigen, welches von den Mannsbildern ungerechterweise unterdrücket wird.
Adieu ; et moi aussi, je le sais. Après l'avoir arrêté, veillons sur les voies de Suzanne ; ou plutôt avertissons-la ; elle est si jolie créature ! Ah ! quand l'intérêt personnel ne nous arme pas les unes contre les autres, nous sommes toutes portées à soutenir notre pauvre sexe opprimé, contre ce fier, ce terrible… (en riant.) et pourtant un peu nigaud de sexe masculin.
io la credo innocente: quella faccia,
quell'aria di modestia… E caso ancora
1480
ch'ella non fosse!… Ah quando il cor non ci arma
personale interesse
ogni donna è portata a la difesa
del suo povero sesso,
da questi uomini ingrati a torto oppresso.
1485
    Il capro e la capretta

     Der Bock und die Ziege sind immer gute Freunde. Die Lammlein zerkriegen sich niemalen untereinander.
son sempre in amistà,
l'agnello a l'agnelletta
la guerra mai non fa.
    Le più feroci belve

     Die wildesten Tiere lassen die anderen ihresgleichen ruhig und frei in den Wäldern und auf den Gefilden herumwandern; aber mit uns armen Frauenzimmern, die wir die Männer zu sehr lieben, verfahren die Treulosen immer so grausam.
1490
per selve e per campagne
lascian le lor compagne
in pace e libertà.
    Sol noi povere femmine,
che tanto amiam questi uomini,
1495
trattate siam dai perfidi
ognor con crudeltà.
(Parte.)
(Elle sort.)
Fin du quatrième acte.
ACTE V


Folto giardino con due nicchie parallele praticabili.
Le théâtre représente une salle de maronniers, dans un parc; deux pavillons, kiosques, ou temples de jardins, sont à droite et à gauche; le fond est une clarière ornée; un siège de gazon sur le devant. Le théâtre est obscur.
SCENA IV
Vierter Auftritt
SCÈNE PREMIÈRE
Barbarina sola, con alcune frutta e ciambelle.
Barberina allein.
Fanchette seule, tenant d'une main deux biscuits et une orange, et de l'autre une lanterne de papier allumée.
Barbarina
"Nel padiglione a manca", ei così disse.
"Zur Linken in dem Gezelte", so sagte er, und dieser… und dieser… und dann, wenn er nicht käme? Welche gute Leute! Mit harter Mühe geben sie mir eine Pomeranze, eine Birn, eine Brezel. "Für wen, Mademoiselle?" "Meine Herrn, für jemanden." "Das wissen wir schon: ganz gut." "Der Herr hasset ihn und ich hab ihn lieb." Doch es hat mir einen Kuss gekostet, und was demnach? Vielleicht gibt mir jemand wieder einen… Ich sterbe.
Dans le pavillon à gauche, a-t-il dit. C'est celui-ci. – S'il allait ne pas venir à présent ! mon petit rôle… Ces vilaines gens de l'office qui ne voulaient pas seulement me donner une orange et deux biscuits ! – « Pour qui, mademoiselle ? – Eh bien, monsieur ! c'est pour quelqu'un. – Oh ! nous savons. » – Et quand ça serait ? parce que Monseigneur ne veut pas le voir, faut-il qu'il meure de faim ? – Tout ça pourtant m'a coûté un fier baiser sur la joue !… Que sait-on ? il me le rendra peut-être ! (Elle voit Figaro qui vient l'examiner ; elle fait un cri.) Ah !… (Elle s'enfuit, et elle entre dans le pavillon à sa gauche.)
È questo… è questo… E poi se non venisse?
Oh ve' che brava gente! A stento darmi
1500
un arancio, una pera e una ciambella.
"Per chi, madamigella?"
"Oh per qualcun, signori."
"Già lo sappiam, ebbene?"
"Il padron l'odia ed io gli voglio bene."
1505
Però costommi un bacio! E cosa importa?
Forse qualcun mel renderà… Son morta.
(Fugge ed entra nella nicchia a manca.)
Ein dichter Garten mit zween gangbaren parallelen Nischen.
SCENA V
Fünfter Auftritt
SCÈNE II
Figaro solo con mantello e lanternino notturno; poi Bartolo, Basilio e truppa di lavoratori etc.
Figaro allein, dann Bartholo, Basilio und ein Haufen Arbeiter.
Figaro, un grand manteau sur les épaules, un large chapeau rabattu. Bazile, Antonio, Bartholo, Brid’oison, Grippe-Soleil, troupe de valets et de travailleurs.
Figaro
Figaro
Figaro, d'abord seul.
È Barbarina… Chi va là?
Ist die Barberina… Wer kömmt da?
C'est Fanchette ! (Il parcourt des yeux les autres à mesure qu'ils arrivent, et dit d'un ton farouche :.) Bonjour, messieurs ; bonsoir ; êtes-vous tous ici ?
Basilio
Basilio
Bazile
Son quelli
Es sind jene, die du eingeladen hast.
Ceux que tu as pressés d'y venir.
che invitasti a venir.
Figaro
Quelle heure est-il bien à peu près ?
Antonioregarde en l'air.
La lune devrait être levée.
Bartolo
Bartholo
Bartholo
(A Figaro.)
Che brutto ceffo!
Welch eine garstige Schnauze! Du siehest einem Aufwiegler gleich: Was bedeutet denn diese traurige Zubereitung?
Eh ! quels noirs apprêts fais-tu donc ? Il a l'air d'un conspirateur !
Sembri un cospirator: che diamin sono
1510
quegli infausti apparati?
Figaro, s'agitant.
N'est-ce pas pour une noce, je vous prie, que vous êtes rassemblés au château ?
Brid'oison
Cè-ertainement.
Antonio
Nous allions là-bas, dans le parc, attendre un signal pour ta fête.
Figaro
Figaro
Figaro
Lo vedrete tra poco.
Du wirst es bald sehen, in eben diesem Orte werden wir das Fest meiner ehrlichen Braut und des Lehnherrn feiern.
Vous n'irez pas plus loin, messieurs ; c'est ici, sous ces maronniers, que nous devons tous célébrer l'honnête fiancée que j'épouse, et le loyal seigneur qui se l'est destinée.
In questo stesso loco
celebrerem la festa
de la mia sposa onesta
1515
e del feudal signor…
Basilio
Basilio
Bazile, se rappelant la journée.
Ah buono, buono!
Gut, gut, itzt verstehe ich, wie sich die Sache verhält. (Sie haben es untereinander ohne mich ausgemacht.)
Ah ! vraiment, je sais ce que c'est. Retirons-nous, si vous m'en croyez : il est question d'un rendez-vous ; je vous conterai cela près d'ici.
Capisco come ell'è.
(Accordati si son senza di me.)
Brid'oison, à Figaro.
Nou-ous reviendrons.
Figaro
Figaro
Figaro
Voi da questi contorni
Indessen entfernet euch nicht von dieser Gegend; ich gehe, gewisse Befehle auszuteilen, gleich werde ich wieder da sein, auf einen Pfiff laufet alle herzu.
Quand vous m'entendrez appeler, ne manquez pas d'accourir tous, et dites du mal de Figaro s'il ne vous fait voir une belle chose.
non vi scostate, intanto
1520
io vado a dar certi ordini
e torno in pochi istanti:
a un fischio mio correte tutti quanti.
Bartholo
Souviens-toi qu'un homme sage ne se fait point d'affaire avec les grands.
Figaro
Je m'en souviens.
Bartholo
Qu'ils ont quinze et bisque sur nous, par leur état.
Figaro
Sans leur industrie, que vous oubliez. Mais souvenez-vous aussi que l'homme qu'on sait timide est dans la dépendance de tous les fripons.
Bartholo
Fort bien.
Figaro
Et que j'ai nom de Verte-Allure, du chef honoré de ma mère.
Bartholo
Il a le diable au corps.
Brid'oison
I-il l'a.
Bazile, à part.
Le Comte et sa Suzanne se sont arrangés sans moi ? Je ne suis pas fâché de l'algarade.
Figaro, aux valets.
Pour vous autres, coquins, à qui j'ai donné l'ordre, illuminez-moi ces entours ; ou, par la mort que je voudrais tenir aux dents, si j'en saisis un par le bras…
(Il secoue le bras de Grippe-Soleil.)
Grippe-Soleils'en va en criant et pleurant.
Ah, ah, oh, oh ! Damné brutal !
Bazile, en s'en allant.
Le Ciel vous tienne en joie, monsieur du marié !
(Partono tutti eccettuati Bartolo e Basilio.)
(Gehen alle ab. Bartholo, Basilio bleiben.)
(Ils sortent.)
SCENA VI
Sechster Auftritt
Basilio e Bartolo.
Basilio und Bartholo.
Basilio
Basilio
Ha i diavoli nel corpo.
Er hat den Teufel im Leib.
Bartolo
Bartholo
Ma cosa nacque?
Was ist denn geschehen?
Basilio
Basilio
Nulla:
Nichts; die Susanna gefällt dem Grafen, sie hat ihn wohin bestellt, das gefällt dem Figaro nicht.
1525
Susanna piace al Conte, ella d'accordo
gli diè un appuntamento
ch'a Figaro non piace.
Bartolo
Bartholo
E che? Dunque dovria soffrirlo in pace?
Wie? Sollt er's also ruhig ertragen?
Basilio
Basilio
Quel che soffrono tanti
Warum sollt er's denn nicht, da es doch so viele andere ertragen? Und dann sage mir: Was kann er dadurch gewinnen? Freund! Mit den Großen zu trutzen ist's immer gefährlich; sie geben für hundert nur neunzig und siegen doch immer.
1530
ei soffrir non potrebbe? E poi, sentite,
che guadagno può far? Nel mondo, amico,
l'accozzarla co' grandi
fu pericolo ognora:
dan novanta per cento e han vinto ancora.
1535
    In quegli anni in cui val poco

     In jenen Jahren, in welchen die Vernunft mit weniger Erfahrung begabet ist, glimmte auch in meinem Busen das nämliche Feuer, und beging Torheiten, die nun ferne von mir sind.
la mal pratica ragion
ebbi anch'io lo stesso foco,
fui quel pazzo ch'or non son.
    Ché col tempo e coi perigli

     Mit der Zeit und nach vielen Gefahren besuchte mich Madame Gelassenheit, und trieb mir allen Eigensinn aus dem Kopfe.
1540
donna flemma capitò,
e i capricci ed i puntigli
da la testa mi cavò.
    Presso un picciolo abituro

     Sie führte mich einst nahe an einer kleinen Hütte und, als sie von der Mauer dieses einsamen Aufentaltes eine Eselshaut herunternahm, "Nimm, lieber Sohn", sprach sie, dann verschwand sie und verließ mich.
seco lei mi trasse un giorno
1545
e spiccando giù dal muro
del pacifico soggiorno
una pelle di somaro:
"prendi", disse, "o figlio caro",
poi disparve e mi lasciò.
1550
    Mentre ancor tacito

     Als ich mit Aufmerksamkeit dieses Geschenk betrachtete, umnebelte sich der Himmel, es donnerte, brach ein häufiger Regen und krachender Schauer aus. Sieh, ich muss mir gelegen sein lassen, die Glieder mit der Eselshaut, die sie mir geschenkt hat, bedecken zu können.
guardo quel dono,
il ciel s'annuvola,
rimbomba il tuono,
mista a la grandine
1555
scroscia la piova:
ecco le membra
coprir mi giova
col manto d'asino
che mi donò.
1560
    Finisce il turbine,

     Das Ungewitter lässt nach, ich ging zween Schritte, als sich ein schreckliches wildes Tier mir näherete: Es ist schon bald mit dem gierigen Rachen neben mir, ich habe keine Hoffnung mehr, mich wehren zu können; allein, als es den schlechten Geruch meiner Kleidung bemerkte, verging ihm der Appetit solchermaßen, dass, nachdem es einen verächtlichen Blick auf mich warf, sich wieder in den Wald begab.
né fo due passi,
che fiera orribile
dianzi a me fassi:
già già mi tocca
1565
l'ingorda bocca,
già di difendermi
speme non ho.
    Ma il fiuto ignobile
del mio vestito
1570
tolse a la belva
sì l'appetito,
che disprezzandomi
si rinselvò.
    Così conoscere

     Auf diese Weise hat mich das Schicksal gelehret, dass man den Unbilden, der Schande, den Gefahren und dem Tode selbst mit einer Eselshaut ausweichen kann.
1575
mi fe' la sorte
ch'onte, pericoli,
vergogna e morte
col cuoio d'asino
fuggir si può.
(Partono.)
SCENA VII
Siebenter Auftritt
SCÈNE III
Figaro solo.
Figaro allein.
Figaro seul, se promenant dans l'obscurité, dit du ton le plus sombre.
Figaro
1580
Tutto è disposto: l'ora
Alles ist bereit, die Stunde kann nicht weit sein; ich höre Leute… Sie ist es… Nein, es ist niemand… Die Nacht ist finster. Undankbare! Und in dem Augenblicke meiner Zerimonie. – Lesend lachte er, und, als ich ihn sah, lachte ich bei mir selbst, ohne es zu wissen. O Susanna! Susanna, wie viel Kummer verursachst du mir nicht! Mit jener aufrichtigen Miene… mit jenen eingezogenen Augen… wer hätte es jemals geglaubet! Ach, einem Frauenzimmer trauen, ist immer eine Torheit.
dovrebbe esser vicina, io sento gente…
È dessa… Non è alcun… Buia è la notte…
Ed io comincio omai
Ô femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante !… nul animal créé ne peut manquer à son instinct ; le tien est-il donc de tromper ?… Après m'avoir obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa maîtresse ; à l'instant qu'elle me donne sa parole ; au milieu de la même cérémonie… Il riait en lisant, le perfide ! et moi comme un benêt !… Non, Monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas… vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !… noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes ; et vous voulez jouter… On vient… c'est elle… ce n'est personne. – La nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari, quoique je ne le sois qu'à moitié ! (Il s'assied sur un banc.) Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ! fils de je ne sais pas qui ; volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, je m'en dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! J'apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie, et tout le crédit d'un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire ! – Las d'attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre ; me fussé-je mis une pierre au cou ! Je broche une comédie dans les mœurs du sérail ; auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule : à l'instant un envoyé… de je ne sais où se plaint que j'offense dans mes vers la Sublime Porte, la Perse, une partie de la presqu'île de l'Inde, toute l'Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d'Alger et de Maroc : et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l'omoplate en nous disant : [Anführungszeichen] chiens de chrétiens [Ausführungszeichen] ! – Ne pouvant avilir l'esprit, on se venge en le maltraitant. – Mes joues creusaient ; mon terme était échu ; je voyais de loin arriver l'affreux recors, la plume fichée dans sa perruque ; en frémissant je m'évertue. Il s'élève une question sur la nature des richesses ; et comme il n'est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n'ayant pas un sou, j'écris sur la valeur de l'argent et sur son produit net ; sitôt je vois, du fond d'un fiacre, baisser pour moi le pont d'un château fort, à l'entrée duquel je laissai l'espérance et la liberté. (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu'ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! je lui dirais… que les sottises imprimées n'ont d'importance qu'aux lieux où l'on en gêne le cours ; que sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; et qu'il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. – (Il se rassied.) Las de nourrir un obscur pensionnaire, on me met un jour dans la rue ; et comme il faut dîner, quoiqu'on ne soit plus en prison, je taille encore ma plume et demande à chacun de quoi il est question : on me dit que pendant ma retraite économique, il s'est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s'étend même à celles de la presse ; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits, ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l'opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté, j'annonce un écrit périodique, et croyant n'aller sur les brisées d'aucun autre, je le nomme Journal inutile. Pou-ou ! je vois s'élever contre moi mille pauvres diables à la feuille ; on me supprime ; et me voilà derechef sans emploi ! – Le désespoir m'allait saisir ; on pense à moi pour une place, mais par malheur j'y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l'obtint. Il ne me restait plus qu'à voler ; je me fais banquier de pharaon : alors, bonne gens ! je soupe en ville, et les personnes dites [Anführungszeichen] comme il faut [Ausführungszeichen] m'ouvrent poliment leur maison, en retenant pour elles les trois quarts du profit. J'aurais bien pu me remonter ; je commençais même à comprendre que pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir. Mais comme chacun pillait autour de moi, en exigeant que je fusse honnête, il fallut bien périr encore. Pour le coup je quittais le monde, et vingt brasses d'eau m'en allaient séparer, lorsqu'un dieu bienfaisant m'appelle à mon premier état. Je reprends ma trousse et mon cuir anglais ; puis, laissant la fumée aux sots qui s'en nourrissent, et la honte au milieu du chemin comme trop lourde à un piéton, je vais rasant de ville en ville, et je vis enfin sans souci. Un grand seigneur passe à Séville ; il me reconnaît, je le marie ; et pour prix d'avoir eu par mes soins son épouse, il veut intercepter la mienne ! intrigue, orage à ce sujet. Prêt à tomber dans un abîme, au moment d'épouser ma mère, mes parents m'arrivent à la file. (Il se lève en s'échauffant.) On se débat ; c'est vous, c'est lui, c'est moi, c'est toi ; non, ce n'est pas nous ; eh ! mais qui donc ? (Il retombe assis.) Ô bizarre suite d'événements ! Comment cela m'est-il arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d'autres ? Qui les a fixées sur ma tête ? Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j'en sortirai sans le vouloir, je l'ai jonchée d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a permis ; encore je dis ma gaieté, sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel est ce Moi dont je m'occupe : un assemblage informe de parties inconnues ; puis un chétif être imbécile ; un petit animal folâtre ; un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts pour jouir, faisant tous les métiers pour vivre ; maître ici, valet là, selon qu'il plaît à la fortune ! ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux… avec délices ! orateur selon le danger, poète par délassement ; musicien par occasion ; amoureux par folles bouffées ; j'ai tout vu, tout fait, tout usé. Puis l'illusion s'est détruite, et, trop désabusé… Désabusé !… Suzon, Suzon, Suzon, que tu me donnes de tourments ! – J'entends marcher… on vient. Voici l'instant de la crise.
a fare il scimunito
1585
mestiero di marito…
Ingrata! Nel momento
de la mia cerimonia…
Ei godeva leggendo, e nel vederlo
io rideva di me senza saperlo.
1590
O Susanna, Susanna,
quanta pena mi costi!
Con quell'ingenua faccia…
con quegli occhi innocenti…
chi creduto l'avria!
1595
Ah che il fidarsi a donna è ognor follia!
    Aprite un po' quegli occhi,

     Machet doch ein wenig die Augen auf, ihr unvorsichtige törichte Männer! Sehet die Weiber, sehet, was sie sind.
uomini incauti e sciocchi,
guardate queste femmine,
guardate cosa son.
1600
    Queste chiamate dèe

     Sie, die von den getäuschten Sinnen vergöttert werden, denen sich die schwache Vernunft solche anbetend unterwirft, sind Hexen, die uns verblenden, um uns zu quälen, Sirenen, welche singen, um uns in des Meeres Abgrund zu versenken, Nachteulen, die uns locken, um uns die Federn auszurupfen, Kometen, die da schimmern, um uns das Licht zu benehmen. Sie sind dörnichte Rosen, reizende Füchse, gutherzige Bären, arglistige Tauben, im Betrügen wohl erfahren, sie freuet das Schmachten anderer, sie verstellen sich, sie lügen; kurz sie fühlen keine Liebe und kein Mitleiden, das Übrige zu geschweigen, so jedermann ohnehin weiß.
dagli ingannati sensi,
a cui tributa incensi
la debole ragion.
    Son streghe che incantano
1605
per farci penar,
sirene che cantano
per farci affogar,
civette che allettano
per trarci le piume,
1610
comete che brillano
per toglierci il lume;
son rose spinose,
son volpi vezzose,
son orse benigne,
1615
colombe maligne,
maestre d'inganni,
amiche d'affanni,
che fingono, mentono,
che amore non sentono,
1620
non senton pietà.
    Il resto nol dico,
già ognuno lo sa.
(Parte.)
(Il se retire près de la première coulisse à sa droite.)
SCENA VIII
Achter Auftritt
SCÈNE IV
Susanna, la Contessa travestite; Marcellina.
Susanna, die Gräfin, Marzellina, Figaro.
Figaro, la Comtesse avec les habits de Suzon, Suzanne avec ceux de la Comtesse, Marceline.
Susanna
Susanna
Suzanne, bas, à la Comtesse.
Signora, ella mi disse
Sie sagten, Madame, es würde auch Figaro hieherkommen.
Oui, Marceline m'a dit que Figaro y serait.
che Figaro verravvi.
Marcellina
Marzellina
Marceline
Anzi è venuto:
Er ist wohl schon da; rede in einem niederen Tone.
Il y est aussi ; baisse la voix.
1625
abbassa un po' la voce.
Susanna
Susanna
Suzanne
Dunque un ci ascolta e l'altro
Einer höret uns also zu; und der andere muss kommen, um mich aufzusuchen; fangen wir an.
Ainsi l'un nous écoute, et l'autre va venir me chercher ; commençons.
dée venir a cercarmi,
incominciam.
Marcellina
Marzellina
Marceline
Io voglio qui celarmi.
Ich will mich dahinten verstecken.
Pour n'en pas perdre un mot, je vais me cacher dans le pavillon.
(Entra dove entrò Barbarina.)
(Elle entre dans le pavillon où est entrée Fanchette.)
SCENA IX
Neunter Auftritt
SCÈNE V
I sudetti, Figaro in disparte.
Die Vorigen, dann Figaro.
Figaro, la Comtesse, Suzanne.
Susanna
Susanna
Suzanne, haut.
Madama, voi tremate: avreste freddo?
Madame, Sie zittern; ist es Ihnen vielleicht kalt?
Madame tremble ! est-ce qu'elle aurait froid ?
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, haut.
1630
Parmi umida la notte… Io mi ritiro.
Die Nacht kömmt mir ganz feucht vor; ich gehe zurück.
La soirée est humide, je vais me retirer.
Figaro
Figaro
(A parte.)
Eccoci de la crisi al grande istante.
Nun sind wir an dem wichtigsten Entscheidungspunkt!
Susanna
Susanna
Suzanne, haut.
Io sotto queste piante,
Wenn Sie, Madame, erlauben, werde ich unter diesen Lauben eine halbe Stunde frische Luft schöpfen.
Si Madame n'avait pas besoin de moi, je prendrais l'air un moment, sous ces arbres.
se madama il permette,
resto a prendere il fresco una mezz'ora.
La Comtesse, haut.
C'est le serein que tu prendras.
Suzanne, haut.
J'y suis toute faite.
Figaro
Figaro
Figaro, à part.
(A parte.)
1635
Il fresco, il fresco!
Frische Luft! Frische Luft!
Ah oui, le serein !
La Contessa
Die Gräfin
Restaci in buon'ora.
Bleibe meinetwegen.
(Si nasconde.)
Susanna
Susanna
(Sottovoce.)
Il birbo è in sentinella.
Der Schelm steht auf der Wache! Ich will mich ein wenig unterhalten und ihn für seine Zweifel belohnen.
Divertiamci anche noi:
diamogli la mercé de' dubbi suoi.
Giunse alfin il momento

     Endlich habe ich den Augenblick erreichet, in welchem ich sorglos in den Armen meines Abgottes die große Freude genießen werde. Entfernet euch von meinem Busen, ihr feige Sorgen! Lasset mich ungestöret in meinem Vergnügen! O wie begünstiget alles die Liebesflamme! Die Annehmlichkeit des Ortes, die Erde und der Himmel! Wie scheinet die Nacht meinem Vorhaben zu ensprechen!
1640
che godrò senza affanno
in braccio a l'idol mio. Timide cure,
partite dal mio petto,
a turbar non venite il mio diletto.
Oh come par che a l'amoroso foco
1645
l'amenità del loco,
la terra e il ciel risponda!
Come la notte i furti miei seconda!
    Deh vieni, non tardar, o gioia bella,

     O! so komme doch, komme, verweile nicht, du schönstes Kleinod! Eile her, wo dich zu Süßigkeiten die Liebe entladet, so lang das nächtliche Gestirn nicht leuchtet, so lange die Luft mit Finsternis umgeben ist und Stille unter den Menschen herrschet. Hier murmelt der Bach; hier lispeln Zephyre, erquicken das Herz mit süßem Geräusche; hier lächeln uns die Blumen und die Kühle des Grases zu; hier reizet uns alles zu den Freuden der Liebe. Komm, mein Schatz, unter diesem verwickelten Gesträuche will ich mit einem Kranze von Blumen dein Haupt umwinden.
vieni ove amore per goder t'appella,
1650
finché non splende in ciel notturna face,
finché l'aria è ancor bruna e il mondo tace.
    Qui mormora il ruscel, qui scherza l'aura
che col dolce susurro il cor ristaura;
qui ridono i fioretti e l'erba è fresca,
1655
ai piaceri d'amor qui tutto adesca.
    Vieni, ben mio, tra queste piante ascose:
ti vo' la fronte incoronar di rose.
(Suzanne se retire près de la coulisse, du côté opposé à Figaro.)
SCENA X
Zehnter Auftritt
SCÈNE VI
I sudetti e poi Cherubino.
Die Vorigen, dann Cherubin.
Figaro, Chérubin, le Comte, la Comtesse, Suzanne.
(Figaro et Suzanne retirés de chaque côté sur le devant.)
Figaro
Figaro
Perfida! E in quella forma
Treulose! Auf diese Weise könntest du mir vorlügen? Ich weiß nicht, ob ich wache oder schlafe.
meco mentia? Non so s'io vegli o dorma.
Cherubino
Cherubin
Chérubin, en habit d'officier, arrive en chantant gaiement la reprise de l'air de la romance:
(Cantando.)
1660
La la la la la la la la lera.
La, la, la, la, la, la, la, la, lera!
La, la, la, etc.
    Voi che intendete

     Ihr Weiber, die ihr wisset, was die Liebe ist, sehet, ob sie nicht in meinem Herzen ist.
    J'avais une marraine,
che cosa è amor,
Que toujours adorai.
donne, vedete
s'io l'ho nel cor.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, à part.
1665
Il picciol paggio!
Der kleine Page!
Le petit page !
Cherubino
Cherubin
Chérubins'arrête.
Io sento gente: entriamo
Ich höre Leute: Ich will da hineingehen, wo die Barberina ist. O! das ist ja ein Frauenzimmer!
On se promène ici ; gagnons vite mon asile, où la petite Fanchette… C'est une femme !
ove entrò Barbarina.
Oh vedo qui una donna!
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesseécoute.
Ahi, me meschina!
Ach! weh mir!
Ah grands dieux !
Cherubino
Cherubin
Chérubinse baisse en regardant de loin.
M'inganno? A quel cappello
Wenn ich mich nicht trüge: Der Hut, den ich sehe, scheinet mir der Susanna zu sein.
Me trompé-je ? à cette coiffure en plumes qui se dessine au loin dans le crépuscule, il me semble que c'est Suzon.
che ne l'ombra vegg'io parmi Susanna!
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, à part.
1670
E se il Conte ora vien? Sorte tiranna!
Und wenn itzt der Graf kommt? Grausames Schicksal!
Si le Comte arrivait !…
SCENA XI
Eilfter Auftritt
La Contessa, Susanna, il Conte, Cherubino, Figaro.
Die Gräfin, Susanna, der Graf, Cherubin, Figaro.
(Le Comte paraît dans le fond.)
Cherubino
Cherubin
Chérubins'approche et prend la main de la Comtesse, qui se défend.
    Pian pianin le andrò più presso,
Ganz leise will ich mich ihr nähern, die Zeit wird nicht verloren sein.
tempo perso non sarà.
La Contessa
Die Gräfin
(Ah se il Conte arriva adesso
Ach, wenn nur der Graf kömmt! Es wird gewiss ein Gezänke abgeben.
qualche imbroglio accaderà!)
Cherubino
Cherubin
(Alla Contessa.)
1675
    Susannetta… Non risponde…
Susannchen – – – Sie antwortet nicht – – – verdecket das Gesicht mit der Hand – – – Itzt will ich ihr einen Possen spielen.
Oui, c'est la charmante fille qu'on nomme Suzanne : eh, pourrais-je m'y m'éprendre à la douceur de cette main, à ce petit tremblement qui l'a saisie, surtout au battement de mon cœur ! (Il veut y appuyer le dos de la main de la Comtesse ; elle la retire.)
Colla mano il volto asconde…
Or la burlo, in verità.
(La prende per la mano, l'accarezza; la Contessa cerca liberarsi.)
(Er nimmt sie bei der Hand, sträuchelt sie; die Gräfin will sich von ihm losmachen.)
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, bas.
(Alterando la voce a tempo.)
(verändert die Stimme)
    Arditello, sfacciatello,
Wie keck! du Ausgelassener, mache dich gleich von hier weg.
ite presto via di qua.
Allez-vous-en.
Cherubino
Cherubin
Chérubin
1680
Smorfiosa, maliziosa,
Wie verstellt! du Boshafte! ich weiß schon, was du da tuest!
Si la compassion t'avait conduite exprès dans cet endroit du parc où je suis caché depuis tantôt ?…
io già so perché sei qua.
La Comtesse
Figaro va venir.
Il Conte
Der Graf
Le Comte, s'avançant, dit à part.
(Da lontano, in atteggiamento d'uno che guarda.)
(in der Stellung, wenn man von Weitem etwas bemerket)
    Ecco qui la mia Susanna.
Da ist sie, meine Susanna.
N'est-ce pas Suzanne que j'aperçois ?
Figaro, Susanna
Figaro, Susanna
(Lontani uno da l'altro.)
(die weit voneinander entfernt sind)
Ecco lì l'uccellatore.
Da ist der Vogelfänger!
Cherubino
Cherubin
Chérubin, à la Comtesse.
Non far meco la tiranna.
Sei mit mir nicht so grausam.
Je ne crains point du tout Figaro, car ce n'est pas lui que tu attends.
La Comtesse
Qui donc ?
Susanna, Figaro, il Conte
Susanna, Figaro, der Graf
Le Comte, à part.
1685
Ah nel sen mi batte il core!
Ach, mir pocht das Herz gewaltsam in meinem Busen! Ist jemand anderer mit ihr.
Un altr'uom con lei si sta.
Elle est avec quelqu'un.
Chérubin
C'est Monseigneur, friponne, qui t'a demandé ce rendez-vous ce matin, quand j'étais derrière le fauteuil.
Le Comte, à part, avec fureur.
C'est encore le page infernal !
Figaro, à part.
On dit qu'il ne faut pas écouter !
Suzanne, à part.
Petit bavard !
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, au page.
    Via, partite, o chiamo gente.
Gehe alsogleich, sonst lasse ich Leute kommen.
Obligez-moi de vous retirer.
Chérubin
Ce ne sera pas au moins sans avoir reçu le prix de mon obéissance.
La Comtesse, effrayée.
Vous prétendez ?…
Cherubino
Cherubin
Chérubin, avec feu.
(Sempre tenendola per la mano.)
(hält sie fest bei der Hand)
Dammi un bacio, o non fai niente.
Gib mir einen Kuss, sonst ist alles vergebens.
D'abord vingt baisers, pour ton compte, et puis cent pour ta belle maîtresse.
Figaro, Susanna, il Conte
Figaro, Susanna, der Graf
A la voce è quegli il paggio.
Der Stimme nach ist es der Page.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse
1690
Anche un bacio! Che coraggio!
Einen Kuss! was für eine Keckheit!
Vous oseriez ?
Cherubino
Cherubin
Chérubin
    E perché far io non posso
Und warum sollte ich das nicht tun dürfen, was nun bald der Graf tun wird?
Oh ! que oui, j'oserai ; tu prends sa place auprès de Monseigneur ; moi celle du Comte auprès de toi : le plus attrapé, c'est Figaro.
quel che il Conte or or farà?
Figaro, Susanna, il Conte, la Contessa
Figaro, Susanna, iDer Graf, die Gräfin
Figaro, à part.
(Tutti da sé.)
(jeder für sich)
Temerario!
Verwegener!
Ce brigandeau !
Suzanne, à part.
Hardi comme un page.
Cherubino
Cherubin
Oh ve' che smorfie!
O! was für Grimassen! Erinnerst du dich, wie ich hinter dem Sofa steckte?
Sai ch'io fui dietro il sofà.
Figaro, Susanna, la Contessa, il Conte
Figaro, Susanna, der Graf, die Gräfin
(Come sopra.)
(wie oben)
1695
    Se il ribaldo ancor sta saldo
Wenn der Henker noch länger da bleibt, so wird er das ganze Werk verderben!
la faccenda guasterà.
Cherubino
Cherubin
(Chérubin veut embrasser la Comtesse. Le Comte se met entre deux et reçoit le baiser.)
Prendi intanto…
Da hast du indessen – – –
(Il paggio vuol dare un bacio alla Contessa, il Conte si mette in mezzo e riceve il bacio egli stesso.)
(Der Page will der Gräfin einen Kuss geben, der Graf kömmt dazwischen und bekömmt selbst den Kuss.)
La Contessa, Cherubino
Die Gräfin, Cherubin
La Comtesse, se retirant.
Oh ciel! Il Conte!
O Gott! der Graf!
Ah ! Ciel !
Figaro, à part, entendant le baiser.
J'épousais une jolie mignonne ! (Il écoute.)
Chérubin, tâtant les habits du Comte, à part.
C'est Monseigneur. (Il s'enfuit dans le pavillon où sont entrées Fanchette et Marceline.)
(Il paggio entra da Barbarina.)
(Der Page gehet zu der Barberina hinein.)
SCÈNE VII
Figaro, le Comte, la Comtesse, Suzanne.
Figaro
Figaro
Figaros'approche.
Vo' veder cosa fan là.
Ich will sehen, was sie da tun.
Je vais…
(Il Conte vuol dare un schiaffo a Cherubino, Figaro in questo s'appressa e lo riceve egli stesso.)
(Der Graf will dem Cherubin eine Ohrfeige geben, Figaro kömmt eben dazu und bekömmt sie selbst.)
Il Conte
Der Graf
Le Comte, croyant parler au page.
    Perché voi nol ripetete,
Damit du es nicht wiederholest, so nimm diese da!
Puisque vous ne redoublez pas le baiser…
1700
ricevete questo qua.
(Il croit lui donner un soufflet.)
Figaro
Figaro
Figaro, qui est à portée, le reçoit.
Ah ci ho fatto un bel guadagno
O! welch einen schönen Vorteil habe ich mit meinem Vorwitze gemacht.
Ah !
Le Comte
…Voilà toujours le premier payé.
Figaro s'éloigne en se frottant la joue; à part.
con la mia curiosità!
Tout n'est pas gain non plus en écoutant.
(Susanna, die es sieht, lacht.)
(Parte.)
Susanna, la Contessa, il Conte
Susanna, die Gräfin, der Graf
Suzanne, riant tout haut de l'autre côté.
(Susanna, ch'ode lo schiaffo, ride.)
Ah ci ha fatto un bel guadagno
Er hat einen schönen Nutzen mit seinem Vorwitze|mit seiner Verwegenheit davon getragen.
Ha, ha, ha, ha !
con la sua curiosità|temerità!
SCENA XII
Zwölfter Auftritt
Il Conte, Susanna, Figaro, la Contessa.
Der Graf, Susanna, Figaro, die Gräfin.
Il Conte
Der Graf
Le Comte, à la Comtesse qu'il prend pour Suzanne.
(Alla Contessa.)
(zu der Gräfin)
1705
    Partito è alfin l'audace.
Endlich ist er fort, der Bösewicht. Komm herbei, mein Schatz.
Entend-on quelque chose à ce page ! il reçoit le plus rude soufflet et s'enfuit en éclatant de rire.
Figaro, à part.
S'il s'affligeait de celui-ci !…
Le Comte
Accostati, ben mio.
Comment ! je ne pourrai faire un pas… (À la Comtesse.) Mais laissons cette bizarrerie ; elle empoisonnerait le plaisir que j'ai de te trouver dans cette salle.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, imitant le parler de Suzanne.
Giacché così vi piace,
Weil es Ihnen so gefällig ist, hier bin ich.
L'espériez-vous ?
eccomi qui, signor.
Figaro
Figaro
Che compiacente femina!
Welch ein nachgiebiges Frauenzimmer! Welch eine gutherzige Braut!
1710
Che sposa di bon cor!
Il Conte
Der Graf
Le Comte
    Porgimi la manina.
Reiche mir deine Hand.
Après ton ingénieux billet… (Il lui prend la main.) Tu trembles ?
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse
Io ve la do.
Hier ist sie.
J'ai eu peur.
Le Comte
Ce n'est pas pour te priver du baiser que je l'ai pris.
(Il la baise au front.)
La Comtesse
Des libertés !
Figaro, à part.
Coquine !
Il Conte, Figaro
Der Graf, Figaro
Suzanne, à part.
Carina!
Liebenswürdige!
Charmante !
Il Conte
Der Graf
Le Comteprend la main de sa femme.
Che dita tenerelle!
O wie zart sind diese Finger! wie fein diese Fellhaut! Ich fühle einen Trieb, so die Liebesflammen in mir rege macht!
Mais quelle peau fine et douce, et qu'il s'en faut que la Comtesse ait la main aussi belle !
Che delicata pelle!
1715
Mi pizzica, mi stuzzica,
m'empie di un nuovo ardor.
Susanna, la Contessa, Figaro
Susanna, die Gräfin, Figaro
La Comtesse, à part.
    La cieca prevenzione
Das blinde Vorurteil spottet der Vernunft, täuschet die Sinne!
Oh ! la prévention !
delude la ragione,
inganna i sensi ognor.
Le Comte
A-t-elle ce bras ferme et rondelet ? ces jolis doigts pleins de grâce et d'espièglerie ?
La Comtesse, de la voix de Suzanne.
Ainsi l'amour ?…
Le Comte
L'amour… n'est que le roman du cœur : c'est le plaisir qui en est l'histoire ; il m'amène à tes genoux.
La Comtesse
Vous ne l'aimez plus ?
Le Comte
Je l'aime beaucoup ; mais trois ans d'union, rendent l'hymen si respectable !
La Comtesse
Que vouliez-vous en elle ?
Le Comte, la caressant.
Ce que je trouve en toi, ma beauté…
La Comtesse
Mais dites donc.
Le Comte
…Je ne sais : moins d'uniformité peut-être, plus de piquant dans les manières ; un je ne sais quoi qui fait le charme ; quelquefois un refus, que sais-je ? Nos femmes croient tout accomplir en nous aimant : cela dit une fois, elles nous aiment, nous aiment ! (quand elles nous aiment), et sont si complaisantes et si constamment obligeantes, et toujours, et sans relâche, qu'on est tout surpris un beau soir de trouver la satiété où l'on recherchait le bonheur !
La Comtesse, à part.
Ah ! quelle leçon !
Le Comte
En vérité, Suzon, j'ai pensé mille fois que si nous poursuivons ailleurs ce plaisir qui nous fuit chez elles, c'est qu'elles n'étudient pas assez l'art de soutenir notre goût, de se renouveler à l'amour, de ranimer, pour ainsi dire, le charme de leur possession par celui de la variété.
La Comtesse, piquée.
Donc elles doivent tout ?…
Le Comte, riant.
Et l'homme rien ? Changerons-nous la marche de la nature ? notre tâche, à nous, fut de les obtenir : la leur…
La Comtesse
La leur… ?
Le Comte
Est de nous retenir : on l'oublie trop.
La Comtesse
Ce ne sera pas moi.
Le Comte
Ni moi.
Figaro, à part.
Ni moi.
Suzanne, à part.
Ni moi.
Il Conte
Der Graf
Le Comteprend la main de sa femme.
(Le dà un anello.)
(gibt ihr einen Ring)
1720
    Oltre la dote, o cara,
Nebst dem Heuratgute nimm, o Schöne, diesen Ring, so dir ein Liebhaber zum Zeugen seiner Liebe gibt.
Il y a de l'écho ici ; parlons plus bas. Tu n'as nul besoin d'y songer, toi que l'amour a faite et si vive et si jolie ! avec un grain de caprice tu seras la plus agaçante maîtresse ! (Il la baise au front.) Ma Suzanne, un Castillan n'a que sa parole. Voici tout l'or promis pour le rachat du droit que je n'ai plus sur le délicieux moment que tu m'accordes. Mais comme la grâce que tu daignes y mettre est sans prix, j'y joindrai ce brillant, que tu porteras pour l'amour de moi.
ricevi anco un brillante
che a te porge un amante
in pegno del suo amor.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, une révérence.
    Tutto Susanna piglia
Susanna nimmt von ihrem Guttäter alles an.
Suzanne accepte tout.
1725
dal suo benefattor.
Figaro, il Conte, Susanna
Die Gräfin, Figaro, Susanna
Figaro, à part.
Va tutto a maraviglia!
Es gehet alles nach Wünschen! Doch es muss noch etwas Besseres folgen.
On n'est pas plus coquine que cela.
Suzanne, à part.
Voilà du bon bien qui nous arrive.
Le Comte, à part.
Ma il meglio manca ancor.
Elle est intéressée ; tant mieux.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesseregarde au fond.
(Al Conte.)
    Signor, d'accese fiaccole
Mein Herr, ich sehe das Licht brennender Fackeln.
Je vois des flambeaux.
io veggio il balenar.
Il Conte
Der Graf
Le Comte
1730
Entriam, mia bella Venere,
Gehen wir, meine schöne Göttin, wir wollen uns verstecken!
Ce sont les apprêts de ta noce : entrons-nous un moment dans l'un de ces pavillons pour les laisser passer ?
andiamoci a celar.
Susanna, Figaro
Figaro, Susanna
Mariti scimuniti,
Kommt, ihr dumme Ehemänner, lernet.
venite ad imparar.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse
    Al buio, signor mio?
Dort in das finstere Gebüsch, mein Herr?
Sans lumière ?
Il Conte
Der Graf
Le Comtel'entraîne doucement.
1735
È quello che voglio io:
Das will ich eben; du weißt ja, daß ich nicht zum Lesen hingehe.
À quoi bon ? nous n'avons rien à lire.
tu sai che là per leggere
io non desio d'entrar.
Figaro
Figaro
Figaro, à part.
    La perfida lo seguita,
Die Treulose folget ihm auf dem Fuße. Alles Zweifeln ist vergebens!
Elle y va, ma foi ! Je m'en doutais. (Il s'avance.)
è vano il dubitar.
Susanna, la Contessa
Susanna
1740
I furbi sono in trappola,
Die Arglistigen sind gefangen!
Die Gräfin
camina ben l'affar.
Die Sache geht nach Wunsch!
Il Conte
Der Graf
Le Comtegrossit sa voix en se retournant.
(Figaro passa, il Conte con voce alterata.)
(Figaro geht vorbei, der Graf in einem gebieterischen Tone.)
    Chi passa?
Wer gehet da?
Qui passe ici ?
Figaro
Figaro
Figaro, en colère.
(Con rabbia.)
(zornig)
Passa gente.
Leute gehen.
Passer ! on vient exprès.
La Contessa
Die Gräfin
Le Comte, bas, à la Comtesse.
È Figaro: men vo.
Figaro ist da, ich gehe.
C'est Figaro !… (Il s'enfuit.)
Il Conte
Der Graf
La Comtesse
Andate: io poi verrò.
Gehe, ich komme nach.
Je vous suis.
(Il Conte si disperde nel folto, la Contessa entra a man destra.)
(Der Graf verlieret sich durch das Gebüsch aus dem Angesichte der Zuschauer, die Gräfin gehet rechts hinein.)
(Elle entre dans le pavillon à sa droite, pendant que le Comte se perd dans le bois, au fond.)
SCENA XIII
Dreizehnter Auftritt
SCÈNE VIII
Figaro e Susanna.
Figaro, Susanna.
Figaro, Suzanne, dans l'obscurité.
Figaro
Figaro
Figarocherche à voir où vont le Comte et la Comtesse, qu'il prend pour Suzanne.
1745
    Tutto è tranquillo e placido;
Alles ist ruhig und einsam: Die schöne Venus ist hineingegangen. Ich als ein anderer Vulkan dieses Jahrhunderts werde sie mit dem reizvollen Kriegesgotte überfallen können.
Je n'entends plus rien ; ils sont entrés ; m'y voilà. (D'un ton altéré.) Vous autres époux maladroits, qui tenez des espions à gages, et tournez des mois entiers autour d'un soupçon sans l'asseoir, que ne m'imitez-vous ? Dès le premier jour je suis ma femme, et je l'écoute ; en un tour de main on est au fait : c'est charmant, plus de doutes ; on sait à quoi s'en tenir. (Marchant vivement.) Heureusement que je ne m'en soucie guère, et que sa trahison ne me fait plus rien du tout. Je les tiens donc enfin !
entrò la bella Venere;
col vago Marte prendere,
nuovo Vulcan del secolo,
in rete la potrò.
Suzanne, qui s'est avancée doucement dans l'obscurité.
(À part.) Tu vas payer tes beaux soupçons. (Du ton de voix de la Comtesse.) Qui va là ?
Figaro, extravagant.
« Qui va là ? » Celui qui voudrait de bon cœur que la peste eût étouffé en naissant…
Suzanne, du ton de la Comtesse.
Eh ! mais, c'est Figaro !
Figaroregarde, et dit vivement.
Madame la Comtesse !
Susanna
Susanna
Suzanne
(Con voce alterata.)
(in einem erhabenen Tone)
1750
    Ehi Figaro, tacete.
Ei! Figaro, schweige.
Parlez bas.
Figaro
Figaro
Figaro, vite.
Oh questa è la Contessa…
O! diese ist die Gräfin – – – Sie kommen zu Recht hieher; dort werden Sie es selbst sehen, der Graf und meine Braut – – – Mit eigener Hand sollen Sie die Sache betasten.
Ah ! madame, que le Ciel vous amène à propos ! Où croyez-vous qu'est Monseigneur ?
A tempo qui giungete…
Vedrete là voi stessa…
Il Conte e la mia sposa…
Suzanne
Que m'importe un ingrat ? Dis-moi…
Figaro, plus vite.
Et Suzanne mon épousée, où croyez-vous qu'elle soit ?
Suzanne
Mais parlez bas !
Figaro, très vite.
1755
Di propria man la cosa
Cette Suzon qu'on croyait si vertueuse, qui faisait la réservée ! Ils sont enfermés là-dedans. Je vais appeler.
toccar io vi farò.
Susanna
Susanna
Suzanne, lui fermant la bouche avec la main, oublie de déguiser sa voix.
(Si scorda di alterar la voce.)
(vergisst die Stimme zu verändern)
    Parlate un po' più basso:
Rede in einem niederen Tone; ich gehe von dieser Stelle nicht weg, aber ich will mich rächen.
N'appelez pas.
di qua non muovo passo,
ma vendicar mi vo'.
Figaro
Figaro
Figaro, à part.
1760
    (Susanna!) Vendicarsi?
(Susanna!) Rächen?
Eh c'est Suzon ! God-dam !
Susanna
Susanna
Suzanne, du ton de la Comtesse.
Sì.
Ja.
Vous paraissez inquiet.
Figaro
Figaro
Come potria farsi?
Wie konnte dieses geschehen?
Figaro
Figaro, à part.
(La volpe vuol sorprendermi
(Der Fuchs will mich überraschen!Ich will ihre Reden stützen.)
Traîtresse ! qui veut me surprendre !
e secondar la vo'.)
Susanna
Susanna
(L'iniquo io vo' sorprendere,
(Ich will den Boshafen überfallen;dann weiß ich, was zu tun ist.)
1765
poi so quel che farò.)
Suzanne
Il faut nous venger, Figaro.
Figaro
Figaro
Figaro
(Con comica affettazione.)
(komisch gezwungen)
    Ah se madama il vuole!
Ach, wenn Madame es wollte!
En sentez-vous le vif désir ?
Susanna
Susanna
Suzanne
Su via, manco parole.
Ganz gut, geschwinde um!
Je ne serais donc pas de mon sexe ! Mais les hommes en ont cent moyens.
Figaro
Figaro
Figaro, confidemment.
(Come sopra.)
(wie oben)
Eccomi ai vostri piedi…
Hier bin ich zu Ihren Füßen. Die Liebesflamme steiget in meinem Herzen empor! Überlegen Sie den Platz; denken Sie an den Verräter! Ich kann die Hand schon kaum zurückhalten.
Madame, il n'y a personne ici de trop ; celui des femmes… les vaut tous.
Ho pieno il cor di foco…
1770
Esaminate il loco…
Pensate al traditor.
Susanna
Susanna
Suzanne, à part.
    (Come la man mi pizzica!
Ach, welchen Trieb fühl ich in meinen Händen, welche Unruhe, welchen Wut!
Comme je le souffleterais !
Che smania! Che furor!)
Figaro
Figaro
Figaro, à part.
(Come il polmon mi si altera!
Welche Wallung fühl ich in meinem Geblüte, welche Unruhe, welches Feuer!
Il serait bien gai qu'avant la noce !
1775
Che smania! Che calor!)
Susanna
Susanna
Suzanne
(Alterando la voce un poco.)
(verändert etwas die Stimme)
    E senza alcun affetto?…
Und ohne der geringsten Neigung? – –
Mais qu'est-ce qu'une telle vengeance, qu'un peu d'amour n'assaisonne pas ?
Figaro
Figaro
Figaro
Suppliscavi il dispetto.
Die Rache sei Ihnen ein genugsamer Antrieb; lassen wir die Gelegenheit nicht ungenutzt vorbeigehen; reichen Sie mir die Hand – – – –
Partout où vous n'en voyez point, croyez que le respect dissimule.
Suzanne, piquée.
Je ne sais si vous le pensez de bonne foi, mais vous ne le dites pas de bonne grâce.
Figaro, avec une chaleur comique, à genoux.
Ah ! madame, je vous adore. Examinez le temps, le lieu, les circonstances, et que le dépit supplée en vous aux grâces qui manquent à ma prière.
Suzanne, à part.
La main me brûle.
Figaro, à part.
Le cœur me bat.
Suzanne
Mais, monsieur, avez-vous songé ?…
Figaro
Oui, madame, oui, j'ai songé.
Suzanne
…Que pour la colère et l'amour…
Figaro
Non perdiam tempo invano,
…Tout ce qui se diffère est perdu. Votre main, madame ?
datemi un po' la mano…
Susanna
Susanna
Suzanne, de sa voix naturelle, et lui donnant un soufflet.
(Gli dà uno schiaffo parlando in voce naturale.)
(gibt ihm eine Ohrfeige, indem sie in ihrer gewöhnlichen Stimme redet)
1780
Servitevi, signor.
Bedienen Sie sich, mein Herr!
La voilà.
Figaro
Figaro
Figaro
    Che schiaffo!
Welch eine Ohrfeige!
Ah demonio ! quel soufflet !
Susanna
Susanna
Suzannelui en donne un second.
E ancora questo
Und diese und noch eine und wieder eine.
Quel soufflet ! Et celui-ci ?
e questo e poi quest'altro.
Figaro
Figaro
Figaro
Non batter così presto.
Höre doch einmal auf!
Et qu'es aquo ! de par le diable ! est-ce ici la journée des tapes ?
Susanna
Susanna
Suzannele bat à chaque phrase.
E questo, signor scaltro,
Noch diese, mein listiger Herr, und diese noch.
Ah ! qu'es aquo ? Suzanne : voilà pour tes soupçons ; voilà pour tes vengeances et pour tes trahisons, tes expédients, tes injures et tes projets. C'est-il ça de l'amour ? dis donc comme ce matin ?
1785
e poi quest'altro ancor.
Figaro
Figaro
Figarorit en se relevant.
    Oh schiaffi graziosissimi,
O! was für artige Ohrfeigen! O! wie glücklich ist meine Liebe!
Santa Barbara ! oui c'est de l'amour. Ô bonheur ! ô délices ! ô cent fois heureux Figaro ! Frappe, ma bien-aimée, sans te lasser. Mais quand tu m'auras diapré tout le corps de meurtrissures, regarde avec bonté, Suzon, l'homme le plus fortuné qui fut jamais battu par une femme.
oh mio felice amor!
Susanna
Susanna
Suzanne
Impara, impara, o perfido,
Lerne, o Treuloser, lerne, was Verführen ist.
« Le plus fortuné ! » Bon fripon, vous n'en séduisiez pas moins la Comtesse, avec un si trompeur babil, que m'oubliant moi-même, en vérité, c'était pour elle que je cédais.
a fare il seduttor.
SCENA XIV
Vierzehnter Auftritt
I sudetti, poi il Conte.
Die Vorigen, der Graf.
Figaro
Figaro
Figaro
(Si mette in ginocchio.)
(fällt auf die Knie)
1790
    Pace, pace, mio dolce tesoro!
Friede, Friede! mein zärtlicher Schatz! Ich erkannte die Stimme deren, die ich anbete und die mir stets vor Augen schwebet.
Io conobbi la voce che adoro
Ai-je pu me méprendre, au son de ta jolie voix ?
e che impressa ognor serbo nel cor.
Susanna
Susanna
Suzanne, en riant.
(Ridendo e con sorpresa.)
(lachend mit Verwunderung)
    La mia voce?
Meine Stimme!
Tu m'as reconnue ? Ah ! comme je m'en vengerai !
Figaro
Figaro
La voce che adoro.
Die Stimme, die ich anbete.
Figaro
Bien rosser et garder rancune est aussi par trop féminin ! Mais dis-moi donc par quel bonheur je te vois là, quand je te croyais avec lui ; et comment cet habit, qui m'abusait, te montre enfin innocente…
Suzanne
Eh ! c'est toi qui es un innocent, de venir te prendre au piège apprêté pour un autre ! Est-ce notre faute à nous, si voulant museler un renard, nous en attrapons deux ?
Figaro
Qui donc prend l'autre ?
Suzanne
Sa femme.
Figaro
Sa femme ?
Suzanne
Sa femme.
Figaro, follement.
Ah ! Figaro, pends-toi ; tu n'as pas deviné celui-là ! Sa femme ? Ô douze ou quinze mille fois spirituelles femelles ! – Ainsi les baisers de cette salle… ?
Suzanne
Ont été donnés à Madame.
Figaro
Et celui du page ?
Suzanne, riant.
À Monsieur.
Figaro
Et tantôt, derrière le fauteuil ?
Suzanne
À personne.
Figaro
En êtes-vous sûre ?
Suzanne, riant.
Il pleut des soufflets, Figaro.
Figarolui baise la main.
Ce sont des bijoux que les tiens. Mais celui du Comte était de bonne guerre.
Suzanne
Allons, superbe, humilie-toi.
Figarofait tout ce qu'il annonce.
Cela est juste ; à genoux, bien courbé, prosterné, ventre à terre.
Suzanne, en riant.
Ah ! ce pauvre Comte ! quelle peine il s'est donnée…
Figarose relève sur ses genoux.
…Pour faire la conquête de sa femme !
Susanna, Figaro
Figaro, Susanna
Pace, pace, mio dolce tesoro,
Friede, Friede, mein geliebter Schatz; Friede, meine zärtliche Liebe.
1795
pace, pace, mio tenero amor!
SCÈNE IX
Le Comte entre par le fond du théâtre, et va droit au pavillon à sa droite. Figaro, Suzanne.
Il Conte
Der Graf
Le Comte, à lui-même.
    Non la trovo, e girai tutto il bosco.
Ich finde sie nicht; ich bin den ganzen Wald durchgangen.
Je la cherche en vain dans le bois, elle est peut-être entrée ici.
Susanna, Figaro
Susanna, Figaro
Suzanne, à Figaro, parlant bas.
Questi è il Conte, a la voce il conosco.
Dieser ist er Graf; ich kenne ihn an der Stimme.
C'est lui.
Il Conte
Der Graf
Le Comte, ouvrant le pavillon.
(Parlando verso la nicchia dove entrò madama, cui apre egli stesso.)
(redet dem Gelager zu, wo Madame hineingegangen, der er selbst aufmacht)
Ehi Susanna… sei sorda… sei muta?
Ehi! Susanna – – – bist du taub – – – bist du stumm?
Suzon, es-tu là-dedans ?
Figaro, bas.
Il la cherche, et moi je croyais…
Susanna
Susanna
Suzanne, bas.
Bella, bella! Non l'ha conosciuta!
Hübsch! Hübsch! er hat sie nicht gekannt.
Il ne l'a pas reconnue.
Figaro
Figaro
1800
Chi?
Wen?
Susanna
Susanna
Madama.
Madame.
Figaro
Figaro
Madama?
Madame?
Susanna
Susanna
Madama.
Ja, Madame.
Figaro, Susanna
Figaro, Susanna
Figaro
La comedia, idol mio, terminiamo,
Enden wir, mein Herz! dieses Lustspiel! Trösten wir den sonderbaren Liebhaber.
Achevons-le, veux-tu ? (Il lui baise la main.)
consoliamo il bizzarro amator.
Figaro
Figaro
(Si mette ai piedi di Susanna.)
(fällt vor Susanna auf die Knie)
    Sì, madama, voi siete il ben mio.
Ja, Madame, Sie sind meine einzige Freude.
Il Conte
Der Graf
Le Comtese retourne.
La mia sposa!… Ah senz'arme son io.
Ach! meine Frau – – – itzt muss ich eben ohne Waffen sein!
Un homme aux pieds de la Comtesse !… Ah ! je suis sans armes. (Il s'avance.)
Figaro
Figaro
Figarose relève tout-à-fait en déguisant sa voix.
1805
Un ristoro al mio cor concedete.
Gestatten Sie meinem Herzen eine Erholung.
Pardon, madame, si je n'ai pas réfléchi que ce rendez-vous ordinaire était destiné pour la noce.
Le Comte, à part.
C'est l'homme du cabinet de ce matin. (Il se frappe le front.)
Figarocontinue.
Mais il ne sera pas dit qu'un obstacle aussi sot aura retardé nos plaisirs.
Susanna
Susanna
Io son qui, faccio quel che volete.
Hier bin ich; ich tue, was du willst.
Il Conte
Der Graf
Le Comte, à part.
Ah ribaldi!
Ach, ihr Gottlosen!
Massacre, mort, enfer !
Susanna, Figaro
Susanna, Figaro
Figaro, la conduisant au cabinet.
Corriamo, mio bene;
Eilen wir, mein Schatz, das Vergnügen soll unsere Pein ersetzen.
(Bas.) Il jure. (Haut.) Pressons-nous donc, madame, et réparons le tort qu'on nous a fait tantôt, quand j'ai sauté par la fenêtre.
e le pene compensi il piacer.
Le Comte, à part.
Ah ! tout se découvre enfin.
Suzanne, près du pavillon à sa gauche.
Avant d'entrer, voyez si personne n'a suivi. (Il la baise au front.)
Le Comtes'écrie.
Vengeance !
(Vanno verso la nicchia a man manca.)
(Sie gehen dem Gelager zu, so links ist.)
(Suzanne s'enfuit dans le pavillon où sont entrés Fanchette, Marceline et Chérubin.)
SCÈNE X
Le Comte, Figaro.
(Le Comte saisit le bras de Figaro.)
Il Conte
Der Graf
    Gente, gente, a l'armi, a l'armi!
Kommt, Leute, eilet – – – zu den Waffen, zu den Waffen!
(Susanna entra nella nicchia; Figaro finge eccessiva paura.)
(Susanna geht in das Gelager; Figaro stellt sich äußerst erschrocken.)
Figaro
Figaro
Figaro, jouant la frayeur excessive.
1810
Il padrone! Son perduto!
Der Herr! Ach, wie wird es mir gehen?
C'est mon maître.
Il Conte
Der Graf
Le Comtele reconnaît.
Gente, gente, aiuto, aiuto!
Hilfe, Leute! Hilfe!
Ah ! scélérat, c'est toi ! Holà ! quelqu'un, quelqu'un !
SCÈNE XI
Pédrille, le Comte, Figaro.
Pédrille, botté.
Monseigneur, je vous trouve enfin.
Le Comte
Bon, c'est Pédrille. Es-tu tout seul ?
Pédrille
Arrivant de Séville à étripe-cheval.
Le Comte
Approche-toi de moi, et crie bien fort.
Pédrille, criant à tue-tête.
Pas plus de page que sur ma main. Voilà le paquet.
Le Comtele repousse.
Eh, l'animal !
Pédrille
Monseigneur me dit de crier.
Le Comte, tenant toujours Figaro.
Pour appeler. – Holà ! quelqu'un ! si l'on m'entend, accourez tous !
Pédrille
Figaro et moi, nous voilà deux ; que peut-il donc vous arriver ?
SCENA XV
Fünfzehnter Auftritt
SCÈNE XII
I sudetti, Antonio, Basilio e coro con fiaccole accese.
Die Vorigen, Anton, Basilio, Chor mit brennenden Fackeln.
Les acteurs précédents, Brid’oison, Bartholo, Bazile, Antonio, Grippe-Soleil, toute la noce accourt avec des flambeaux.
Bartholo, à Figaro.
Tu vois qu'à ton premier signal…
Le Comte, montrant le pavillon à sa gauche.
Pédrille, empare-toi de cette porte.
(Pédrille y va.)
Bazile, bas, à Figaro.
Tu l'as surpris avec Suzanne ?
Le Comte, montrant Figaro.
Et vous, tous mes vassaux, entourez-moi cet homme et m'en répondez sur la vie.
Bazile
Ha ! Ha !
Le Comte, furieux.
Taisez-vous donc. (À Figaro d'un ton glacé.) Mon cavalier, répondez-vous à mes questions ?
Figaro, froidement.
Eh ! qui pourrait m'en exempter, Monseigneur ? Vous commandez à tout ici, hors à vous-même.
Le Comte, se contenant.
Hors à moi-même !
Antonio
C'est ça parler.
Le Comtereprend sa colère.
Non, si quelque chose pouvait augmenter ma fureur ! ce serait l'air calme qu'il affecte !
Figaro
Sommes-nous des soldats qui tuent et se font tuer pour des intérêts qu'ils ignorent ? je veux savoir, moi, pourquoi je me fâche.
Antonio, Basilio, Coro
Anton, Basilio, Chor
Cosa avvenne?
Was ist geschehen?
Il Conte
Der Graf
Le Comte, hors de lui.
Il scellerato!
Der Lasterhafte! Er hat mich betrogen, er hat mich entehret, und mit wem, das werdet ihr sehen.
Ô rage ! (Se contenant.) Homme de bien qui feignez d'ignorer ! nous ferez-vous au moins la faveur de nous dire quelle est la dame actuellement par vous amenée dans ce pavillon ?
M'ha tradito, m'ha infamato,
e con chi state a veder.
Figaro, montrant l'autre avec malice.
Dans celui-là ?
Le Comte, vite.
Dans celui-ci.
Figaro, froidement.
C'est différent. Une jeune personne qui m'honore de ses bontés particulières.
Bazile, étonné.
Ha, ha !
Le Comte, vite.
Vous l'entendez, messieurs.
Bartholo, étonné.
Nous l'entendons ?
Le Comte, à Figaro.
Et cette jeune personne a-t-elle un autre engagement que vous sachiez ?
Figaro, froidement.
Je sais qu'un grand seigneur s'en est occupé quelque temps : mais, soit qu'il l'ait négligée ou que je lui plaise mieux qu'un plus aimable, elle me donne aujourd'hui la préférence.
Le Comte, vivement.
La préf… (Se contenant.) Au moins il est naïf ! car ce qu'il avoue, messieurs, je l'ai ouï, je vous jure, de la bouche même de sa complice.
Brid'oison, stupéfait.
Sa-a complice !
Le Comte, avec fureur.
Or quand le déshonneur est public, il faut que la vengeance le soit aussi.
(Il entre dans le pavillon.)
SCÈNE XIII
Tous les acteurs précédents, hors le Comte.
Antonio
C'est juste.
Brid'oison, à Figaro.
Qui-i donc a pris la femme de l'autre ?
Figaro, en riant.
Aucun n'a eu cette joie-là.
Antonio, Basilio
Anton
1815
    Fuor di senno è il poveruomo,
Der Arme! er ist völlig außer sich.
Basilio
non mi par che ciò sia ver.
Das scheinet mir nicht wahr zu sein.
Il Coro, Figaro
Chor
Fuor di senno è il poveruomo,
Der Arme ist völlig außer sich.
Figaro
oh che scena da goder!
Welch ein unterhaltliches Ereignis!
SCÈNE XIV
Les acteurs précédents, Le Comte, Chérubin.
Il Conte
Der Graf
Le Comte, parlant dans le pavillon, et attirant quelqu'un qu'on ne voit pas encore.
(Tira pel braccio Cherubino, che fa forza per non sortire né si vede che per metà.)
(reißt den Cherubin bei dem Arme, der ihm widerstehen will und nur halb gesehen wird)
    Invan resistete,
Vergebens widerstehest du; hervor, Madame, du sollst den Lohn für deine Ehrbarkeit empfangen.
Tout vos efforts sont inutiles ; vous êtes perdue, madame ; et votre heure est bien arrivée ! (Il sort sans regarder.) Quel bonheur qu'aucun gage d'une union aussi détestée…
1820
uscite, madama,
il premio or avrete
di vostra onestà.
Figaros'écrie.
Chérubin !
Der Graf
Le Comte
    Il paggio!
Der Page!
Mon page ?
(Dopo il paggio escono Barbarina, Marcellina e Susanna, vestita cogli abiti della Contessa: si tiene il fazzoletto sulla faccia, s'inginocchia a' piedi del Conte.)
(Nach dem Pagen kommen Barberina, Marzellina und Susanna in den Kleidern der Gräfin hervor, letztere verdecket sich mit dem Schnupftuche das Gesicht und fällt vor dem Grafen auf die Knie.)
Bazile
Ha ! ha !
Le Comte, hors de lui.
(À part.) Et toujours le page endiablé ! (À Chérubin.) Que faisiez-vous dans ce salon ?
Chérubin, timidement.
Je me cachais, comme vous l'avez ordonné.
Pédrille
Bien la peine de crever un cheval !
Le Comte
Entres-y, toi, Antonio ; conduis devant son juge l'infâme qui m'a déshonoré.
Brid'oison
C'est Madame que vous y-y cherchez ?
Antonio
L'y a, parguenne, une bonne Providence ! Vous en avez fait tant dans le pays…
Le Comte, furieux.
Entre donc !
(Antonio entre.)
SCÈNE XV
Les acteurs précédents, excepté Antonio.
Le Comte
Vous allez voir, messieurs, que le page n'y était pas seul.
Chérubin, timidement.
Mon sort eût été trop cruel, si quelqu'âme sensible n'en eût adouci l'amertume.
SCÈNE XVI
Les acteurs précédents, Antonio, Fanchette.
Antonio, attirant par le bras quelqu'un qu'on ne voit pas encore.
Allons, madame, il ne faut pas vous faire prier pour en sortir, puisqu'on sait que vous y êtes entrée.
Figaros'écrie.
La petite cousine !
Bazile
Ha ! ha !
Le Comte
Fanchette !
Antonio
Anton
Antoniose retourne et s'écrie.
Mia figlia!
Meine Tochter!
Ah ! palsembleu, Monseigneur, il est gaillard de me choisir pour montrer à la compagnie que c'est ma fille qui cause tout ce train-là !
Le Comte, outré.
Qui la savait là-dedans ?
(Il veut rentrer.)
Bartholo, au-devant.
Permettez, Monsieur le Comte, ceci n'est pas plus clair. Je suis de sang-froid, moi.
(Il entre.)
Brid'oison
Voilà une affaire au-aussi trop embrouillée.
SCÈNE XVII
Les acteurs précédents, Marceline.
Bartholo, parlant en dedans, et sortant.
Ne craignez rien, madame, il ne vous sera fait aucun mal ; j'en réponds. (Il se retourne et s'écrie :) Marceline !…
Bazile
Ha, ha !
Figaro
Figaro
Figaro, riant.
Mia madre!
Meine Mutter!
Eh ! quelle folie ! ma mère en est ?
Antonio
À qui pis fera.
Le Comte, outré.
Que m'importe à moi ? La Comtesse…
SCÈNE XVIII
Les acteurs précédents, Suzanne.
(Suzanne, son éventail sur le visage.)
Tutti
Alle
Madama!
Madame!
Il Conte
Der Graf
Le Comte
1825
Scoperta è la trama,
Die Verwicklung ist aufgelöset: Hier ist die Treulose.
…Ah ! la voici qui sort. (Il la prend violemment par le bras.) Que croyez-vous, messieurs, que mérite une odieuse… ?
la perfida è qua.
(Si inginocchiano tutti ad uno ad uno.)
(Alle knien nieder, einer nach dem anderen.)
(Suzanne se jette à genoux, la tête baissée.)
Susanna
Susanna
    Perdono, perdono!
Vergebung, Vergebung!
Il Conte
Der Graf
Le Comte, fort.
No no, non sperarlo.
Nein, hoffe sie nicht.
Non, non.
Figaro
Figaro
(Figaro se jette à genoux de l'autre côté.)
Perdono, perdono!
Vergebung, Vergebung!
Il Conte
Der Graf
Le Comte, plus fort.
1830
No no, non vo' darlo.
Nein, nein, du sollst sie nicht erhalten.
Non, non.
(Marceline se jette à genoux devant lui.)
Le Comte, plus fort.
Non, non.
Tutti
Alle
(Tous se mettent à genoux, excepté Brid'oison.)
    Perdono, perdono!
Vergebung, Vergebung!
Il Conte
Der Graf
Le Comte, hors de lui.
(Con più forza.)
(mit Nachdruck)
No, no, no, no, no.
Nein! Nein, gar nicht, nein!
Y fussiez-vous un cent !
SCÈNE XIX et dernière
Tous les acteurs précédents, La Comtesse sort de l'autre pavillon.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtessese jette à genoux.
(Esce dall'altra nicchia e vuole inginocchiarsi, il Conte nol permette.)
(tritt aus dem Gelager heraus und will niederknien, der Graf lässt es nicht zu)
Almeno io per loro
Vielleicht werde ich wenigstens Vergebung für sie erhalten.
Au moins je ferai nombre.
perdono otterrò.
Il Conte
Der Graf
Le Comte, regardant la Comtesse et Suzanne.
1835
    Oh cielo! Che veggio!
O Himmel! was sehe ich! Ich werde unsinnig! ich verzweifle! Kaum kann ich es glauben. O Gräfin, verzeihe!
Ah ! qu'est-ce que je vois !
Deliro! Vaneggio!
Che creder non so.
Brid'oison, riant.
Eh pardi, c'è-est Madame.
Le Comteveut relever la Comtesse.
(In tuon supplichevole.)
(bittweise)
    Contessa, perdono!
Quoi, c'était vous, Comtesse ? (D'un ton suppliant.) Il n'y a qu'un pardon bien généreux…
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, en riant.
Più docile io sono
Ich bin viel nachgiebiger und verzeihe dir gleich.
Vous diriez « Non, non », à ma place ; et moi, pour la troisième fois d'aujourd'hui, je l'accorde sans condition.
1840
e dico di sì.
(Elle se relève.)
Suzannese relève.
Moi aussi.
Marcelinese relève.
Moi aussi.
Figarose relève.
Moi aussi ; il y a de l'écho ici ! (Tous se relèvent.)
Le Comte
De l'écho ! – J'ai voulu ruser avec eux ; ils m'ont traité comme un enfant !
La Comtesse, en riant.
Ne le regrettez pas, Monsieur le Comte.
Figaro, s'essuyant les genoux avec son chapeau.
Une petite journée comme celle-ci forme bien un ambassadeur !
Le Comte, à Suzanne.
Ce billet fermé d'une épingle ?…
Suzanne
C'est Madame qui l'avait dicté.
Le Comte
La réponse lui en est bien due.
(Il baise la main de la Comtesse.)
La Comtesse
Chacun aura ce qui lui appartient.
(Elle donne la bourse à Figaro et le diamant à Suzanne.)
Suzanne, à Figaro.
Encore une dot.
Figaro, frappant la bourse dans sa main.
Et de trois. Celle-ci fut rude à arracher !
Suzanne
Comme notre mariage.
Grippe-Soleil
Et la jarretière de la mariée, l'aurons-je ?
La Comtessearrache le ruban qu'elle a tant gardé dans son sein, et le jette à terre.
La jarretière ? Elle était avec ses habits ; la voilà.
(Les garçons de la noce veulent la ramasser.)
Chérubin, plus alerte, court la prendre et dit:
Que celui qui la veut, vienne me la disputer.
Le Comte, en riant, au page.
Pour un monsieur si chatouilleux, qu'avez-vous trouvé de gai à certain soufflet de tantôt ?
Chérubinrecule en tirant à moitié son épée.
À moi, mon colonel ?
Figaro, avec une colère comique.
C'est sur ma joue qu'il l'a reçu : voilà comme les grands font justice !
Le Comte, riant.
C'est sur sa joue ? Ha, ha, ha, qu'en dites-vous donc, ma chère Comtesse ?
La Comtesse, absorbée, revient à elle, et dit avec sensibilité.
Ah ! oui, cher Comte, et pour la vie, sans distraction, je vous le jure.
Le Comte, frappant sur l'épaule du juge.
Et vous, don Brid'oison, votre avis maintenant ?
Brid'oison
Su-ur tout ce que je vois, Monsieur le Comte… ma-a foi, pour moi je-e ne sais que vous dire : voilà ma façon de penser.
Tous ensemble
Bien jugé !
Figaro
J'étais pauvre, on me méprisait. J'ai montré quelque esprit, la haine est accourue. Une jolie femme et de la fortune…
Bartholo, en riant.
Les cœurs vont te revenir en foule.
Figaro
Est-il possible ?
Bartholo
Je les connais.
Figaro, saluant les spectateurs.
Ma femme et mon bien mis à part, tous me feront honneur et plaisir.
On joue la ritournelle du Vaudeville (air noté).
Vaudeville
Bazile
Premier couplet
    Triple dot, femme superbe ;
Que de biens pour un époux !
D'un seigneur, d'un page imberbe,
Quelque sot serait jaloux,
Du latin d'un vieux proverbe
L'homme adroit fait son parti.
Figaro
Je le sais…
(Il chante.) Gaudeant bene nati.
Bazile
Non…
(Il chante.) Gaudeat bene nanti.
Suzanne
Deuxième couplet
    Qu'un mari sa foi trahisse,
Il s'en vante, et chacun rit ;
Que sa femme ait un caprice,
S'il l'accuse on la punit.
De cette absurde injustice,
Faut-il dire le pourquoi ?
Les plus forts ont fait la loi… bis.
Figaro
Troisième couplet
    Jean Jeannot, jaloux risible,
Veut unir femme et repos ;
Il achète un chien terrible,
Et le lâche en son enclos.
La nuit, quel vacarme horrible !
Le chien court, tout est mordu,
Hors l'amant qui l'a vendu… bis.
La Comtesse
Quatrième couplet
    Telle est fière et répond d'elle,
Qui n'aime plus son mari ;
Telle autre presque infidèle,
Jure de n'aimer que lui.
La moins folle, hélas ! est celle
Qui se veille en son lien,
Sans oser jurer de rien… bis.
Le Comte
Cinquième couplet
    D'une femme de province,
À qui ses devoirs sont chers,
Le succès est assez mince ;
Vive la femme aux bons airs !
Semblable à l'écu du Prince,
Sous le coin d'un seul époux,
Elle sert au bien de tous… bis.
Marceline
Sixième couplet
    Chacun sait la tendre mère,
Dont il a reçu le jour ;
Tout le reste est un mystère,
C'est le secret de l'amour.
Figarocontinue l'air.
Ce secret met en lumière
Comment le fils d'un butor
Vaut souvent son pesant d'or… bis.
Septième couplet
    Par le sort de la naissance,
L'un est roi, l'autre est berger ;
Le hasard fit leur distance ;
L'esprit seul peut tout changer.
De vingt rois que l'on encense,
Le trépas brise l'autel ;
Et Voltaire est immortel… bis.
Chérubin
Huitième couplet
    Sexe aimé, sexe volage,
Qui tourmentez nos beaux jours,
Si de vous chacun dit rage,
Chacun vous revient toujours.
Le parterre est votre image ;
Tel paraît le dédaigner,
Qui fait tout pour le gagner… bis.
Suzanne
Neuvième couplet
    Si ce gai, ce fol ouvrage,
Renfermait quelque leçon,
En faveur du badinage,
Faites grâce à la raison.
Ainsi la nature sage
Nous conduit, dans nos désir,
À son but par les plaisirs… bis.
Brid'oison
Dixième couplet
    Or, Messieurs, la co-omédie
Que l'on juge en cè-et instant,
Sauf erreur, nous pein-eint la vie
Du bon peuple qui l'entend.
Qu'on l'opprime, il peste, il crie ;
Il s'agite en cent fa-açons ;
Tout fini-it par des chansons… bis.
Tutti
Alle
Ah tutti contenti
Ach, so werden wir alle vergnügt sein.
saremo così.
    Questo giorno di tormenti,

     Diesen Tag der Angst, des Eigensinnes und der Torheit kann die Liebe allein in ungestörter Freude endigen.
di capricci e di follia
1845
in contenti e in allegria
solo amor può terminar.
    Sposi, amici, al ballo, al gioco,

     Brautleute, Freunde, zum Tanze, zum Spiele; zündet die Feuerwerke an; eilen wir unter dem Schalle eines anmutigen Marsches, das Fest zu feuern.
alle mine date foco,
ed al suon di lieta marcia
1850
andiam tutti a festeggiar!
BALLET GÉNÉRAL
Fine dell'opera.
Ende des Schauspiels.
Fin du cinquième et dernier acte.
S'adresser, pour la musique de l'ouvrage, à M. BAUDRON, chef d'orchestre du Théâtre-Français.


APPROBATIONS

J'ai lu, par ordre de M.Monsieur le Lieutenant de Police, la pièce intitulée : La folle journée, ou Le Mariage de Figaro ; et je n'y ai rien trouvé qui m'ait paru devoir en empêcher l'impression et la représentation. À Paris, ce vingt-huit février mil sept cent quatre-vingt-quatre.
Signé, COQUELEY DE CHAUSSEPIERRE.


J'ai lu, par ordre de M.Monsieur le Lieutenant général de Police, la pièce intitulée : La folle journée, ou Le Mariage de Figaro ; et je n'y ai rien trouvé qui m'ait paru devoir en empêcher la représentation et l'impression. À Paris, ce vingt-un mars mil sept cent quatre-vingt-quatre,
Signé, BRET.


Vu les approbations ; permis d'imprimer et représenter. À Paris, ce vingt-neuf mars mil sept cent quatre-vingt-quatre.
Signé, LENOIR.


ERRATA (déjà corrigés)

PRÉFACE
Page
9, ligne 8, ces fantômes, lisez, ses fantômes.
10, ligne dernière, n'existe, lisez, existe.
11, 2, les bons et les mauvais, lisez, bons et mauvais.
ibid. 24, ces grands coups, lisez, ses grands coups.
13, 9, de l'œil de bœuf ou des carrosses, lisez, de l'œil-de-bœuf et des Carrosses.
26, 7, la coquette ou la coquine, lisez, la coquette ou coquine.
49, 6, espagnole, lisez, espagnol.

COMÉDIE
Page
116, ligne 2, dans lesquels vous mêlerez, lisez, dans lesquels on mêlera.
175, 94, poursuivions, lisez, poursuivons.
178, 5, sont rentrés, lisez, sont entrés.
183, 23, les bois, lisez, le bois.