Kritische Edition des Libretto-Erstdrucks Wien 1786 (Libretto)   Kritische Edition des deutschen Libretto-Drucks Wien 1786 (Deutsches Libretto)   Kritische Edition der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785 (Vorlage)  
SCENA III
Dritter Auftritt
SCÈNE X
Figaro, la Susanna e il Conte.
Figaro, Susanna und gleich darauf der Graf.
Suzanne, Figaro.
Figaro
Figaro
Figaro
1120
Ehi Susanna, ove vai?
Wohin? Susanna, wohin?
Suzanne, Suzanne ! où cours-tu donc si vite en quittant Monseigneur ?
Susanna
Susanna
Suzanne
Taci: senza avvocato
Still: Du hast ohne Advokaten den Prozess gewonnen.
Plaide à présent, si tu le veux ; tu viens de gagner ton procès. (Elle s'enfuit.)
hai già vinta la causa.
(Entra.)
(gehet ab)
Figaro
Figaro
Figarola suit.
(folgt ihr nach)
Cosa è nato?
Was ist geschehen?
Ah ! mais, dis donc…
(La segue.)
SCÈNE XI
Le Comte rentre seul.
Il Conte
Der Graf
"Hai già vinta la causa"! Cosa sento!
Du hast den Prozess schon gewonnen! Was hör ich? In was für ein Netz wäre ich gefallen? Boshafte! ich will euch nach Verdienste strafen… Der Ausspruch soll nach meinem Gutdünken ausfallen… Aber wenn er die Alte bezahlete? Sie bezahlen? Und wie… Wenn auch, so will Anton ohnehin dem Figaro als einem Unbekannten seine Nichte zur Ehe nicht geben. Ich will dem Hochmute dieses Blödsinnigen willfahren, und… alles kann zu einem Aufschube beitragen… Die Anstalt ist getroffen.
« Tu viens de gagner ton procès » ! – Je donnais là dans un bon piège ! Ô mes chers insolents ! je vous punirai de façon… Un bon arrêt, bien juste… mais s'il allait payer la duègne… avec quoi ?… s'il payait… Eeeeh ! n'ai-je pas le fier Antonio, dont le noble orgueil dédaigne en Figaro un inconnu pour sa nièce ? En caressant cette manie… pourquoi non ? dans le vaste champ de l'intrigue, il faut savoir tout cultiver, jusqu'à la vanité d'un sot. (Il appelle.) Anto… (Il voit entrer Marceline, etc.)
In qual laccio io cadea!
Perfidi! Io voglio
1125
di tal modo punirvi!… A piacer mio
la sentenza sarà…
Ma s'ei pagasse
la vecchia pretendente?
Pagarla!… In qual maniera?… E poi v'è Antonio
che a un incognito Figaro ricusa
1130
di dare una nipote in matrimonio.
Coltivando l'orgoglio
di questo mentecatto…
Tutto giova a un raggiro… Il colpo è fatto.
    Vedrò, mentr'io sospiro,

     Ich sollte meinen Diener glücklich werden lassen, um selbst noch mehr zu seufzen? Er soll den Besitz eines Guts erlangen, wornach ich mich schon lange schmachtend sehne?

     Soll ich es ertragen, dass jene, die in mir die Liebesflammen rege machte, die sie dann für mich nicht hat, so einem Niederträchtigen von der Hand der Liebe selbst gegeben werde?
1135
felice un servo mio?
E un ben che invan desio
ei posseder dovrà?
    Vedrò per man d'amore
unita a un vile oggetto
1140
chi in me destò un affetto
che per me poi non ha?
    Ah no, lasciarti in pace,

     Nein, du sollst dies Vergnügen in Ruhe nicht genießen; du bist nicht der, der mir eine Pein zu verursachen vermag und noch meines Unglücks spotten könnte.
non vo' questo contento;
tu non nascesti, audace,
1145
per dare a me tormento
e forse ancor per ridere
di mia infelicità.
    Già la speranza sola

     Schön tröstet die bloße Hoffnung der Rache meine bedrängte Seele und machet mich freudenvoll.
de le vendette mie
1150
quest'anima consola
e giubilar mi fa.
(Vuol partire e s'incontra in Don Curzio.)
(Il sort.)
SCÈNE XII
Bartholo, Marceline, Brid’oison.
Marceline, à Brid'oison.
Monsieur, écoutez mon affaire.
Brid'oison, en robe, et bégayant un peu.
Eh bien ! pa-arlons-en verbalement.
Bartholo
C'est une promesse de mariage.
Marceline
Accompagnée d'un prêt d'argent.
Brid'oison
J'en-entends, et cætera, le reste.
Marceline
Non, monsieur, point d'et cætera.
Brid'oison
J'en-entends : vous avez la somme ?
Marceline
Non, monsieur, c'est moi qui l'ai prêtée.
Brid'oison
J'en-entends bien : vou-ous redemandez l'argent ?
Marceline
Non, monsieur ; je demande qu'il m'épouse.
Brid'oison
Eh, mais, j'en-entends fort bien ; et lui, veu-eut-il vous épouser ?
Marceline
Non, monsieur ; voilà tout le procès !
Brid'oison
Croyez-vous que je ne l'en-entende pas, le procès ?
Marceline
Non, monsieur. (À Bartholo.) Où sommes-nous ! (À Brid'oison.) Quoi ! c'est vous qui nous jugerez ?
Brid'oison
Est-ce que j'ai a-acheté ma charge pour autre chose ?
Marceline, en soupirant.
C'est un grand abus que de les vendre !
Brid'oison
Oui, l'on-on ferait mieux de nous les donner pour rien. Contre qui plai-aidez-vous ?
SCÈNE XIII
Bartholo, Marceline, Brid’oison; Figaro rentre en se frottant les mains.
Marceline, montrant Figaro.
Monsieur, contre ce malhonnête homme.
Figaro, très gaiement, à Marceline.
Je vous gêne, peut-être. – Monseigneur revient dans l'instant, monsieur le conseiller.
Brid'oison
J'ai vu ce ga-arçon-là quelque part.
Figaro
Chez madame votre femme, à Séville, pour la servir, monsieur le conseiller.
Brid'oison
Dan-ans quel temps ?
Figaro
Un peu moins d'un an avant la naissance de monsieur votre fils, le cadet, qui est un bien joli enfant, je m'en vante.
Brid'oison
Oui, c'est le plus jo-oli de tous. On dit que tu-u fais ici des tiennes ?
Figaro
Monsieur est bien bon. Ce n'est là qu'une misère.
Brid'oison
Une promesse de mariage ! A-ah ! le pauvre benêt !
Figaro
Monsieur…
Brid'oison
A-t-il vu mon-on secrétaire, ce bon garçon ?
Figaro
N'est-ce pas Double-Main, le greffier ?
Brid'oison
Oui, c'est qu'il mange à deux râteliers.
Figaro
Manger ! je suis garant qu'il dévore. Oh que oui, je l'ai vu, pour l'extrait et pour le supplément d'extrait ; comme cela se pratique, au reste.
Brid'oison
On-on doit remplir les formes.
Figaro
Assurément, monsieur : si le fond des procès appartient aux plaideurs, on sait bien que la forme est le patrimoine des tribunaux.
Brid'oison
Ce garçon-là n'è-est pas si niais que je l'avais cru d'abord. Eh bien, l'ami, puisque tu en sais tant, nou-ous aurons soin de ton affaire.
Figaro
Monsieur, je m'en rapporte à votre équité, quoique vous soyez de notre justice.
Brid'oison
Hein ?… Oui, je suis de la-a justice. Mais si tu dois et que tu-u ne payes pas ?…
Figaro
Alors Monsieur voit bien que c'est comme si je ne devais pas.
Brid'oison
San-ans doute. – Eh mais ! qu'est-ce donc qu'il dit ?
SCÈNE XIV
Bartholo, Marceline, le Comte, Brid’oison, Figaro, un Huissier.
L'Huissier, précédant le Comte, crie.
Monseigneur, messieurs.
Le Comte
En robe ici, seigneur Brid'oison ! ce n'est qu'une affaire domestique : l'habit de ville était trop bon.
Brid'oison
C'è-est vous qui l'êtes, Monsieur le Comte. Mais je ne vais jamais san-ans elle ; parce que la forme, voyez-vous, la forme ! Tel rit d'un juge en habit court, qui-i tremble au seul aspect d'un procureur en robe. La forme, la-a forme !
Le Comte, à l'huissier.
Faites entrer l'audience.
L'Huissierva ouvrir en glapissant.
L'audience !
SCENA IV
Vierter Auftritt
SCÈNE XV
Il Conte, Marcellina, Don Curzio, Figaro, Bartolo; poi Susanna.
Der Graf, die Marzellina, Don Curzio, Figaro, Bartholo.
Les acteurs précedents, Antonio, les valets du château, les paysans et paysannes en habits de fête; le Comte s'assied sur le grand fauteuil, Brid’oison sur une chaise à côté; le Greffier sur le tabouret derrière sa table; les juges, les advocats sur les banquettes; Marceline à côté de Bartholo; Figaro sur l'autre banquette; les paysans et valets debout derrière.
Brid'oison, à Double-Main.
Double-Main, a-appelez les causes.
Double-Mainlit un papier.
Noble, très noble, infiniment noble, Dom Pedro George, Hidalgo, baron de Los Altos, y Montes Fieros, y otros montes ; contre Alonzo Calderon, jeune auteur dramatique. Il est question d'une comédie mort-née, que chacun désavoue et rejette sur l'autre.
Le Comte
Ils ont raison tous deux. Hors de Cour. S'ils font ensemble un autre ouvrage, pour qu'il marque un peu dans le grand monde, ordonné que le noble y mettra son nom, le poète son talent.
Double-Mainlit un autre papier.
André Petrutchio, laboureur ; contre le receveur de la province. Il s'agit d'un forcement arbitraire.
Le Comte
L'affaire n'est pas de mon ressort. Je servirai mieux mes vassaux en les protégeant près du Roi. Passez.
Double-Mainen prend un troisième.
(Bartholo et Figaro se lèvent.)
Barbe-Agar-Raab-Magdelène-Nicole-Marceline de Verte-Allure, fille majeure ; (Marceline se lève et salue.) contre Figaro… nom de baptême en blanc ?
Figaro
Anonyme.
Brid'oison
A-anonyme ! Què-el patron est-ce-là ?
Figaro
C'est le mien.
Double-Mainécrit.
Contre anonyme Figaro. Qualités ?
Figaro
Gentilhomme.
Le Comte
Vous êtes gentilhomme ? (Le greffier écrit.)
Figaro
Si le Ciel l'eût voulu, je serais fils d'un prince.
Le Comte, au greffier.
Allez.
L'Huissier, glapissant.
Silence, messieurs.
Double-Mainlit.
…Pour cause d'opposition faite au mariage dudit Figaro, par ladite de Verte-Allure. Le docteur Bartholo plaidant pour la demanderesse, et ledit Figaro pour lui-même ; si la Cour le permet, contre le vœu de l'usage, et la jurisprudence du siège.
Figaro
L'usage, maître Double-Main, est souvent un abus ; le client un peu instruit sait toujours mieux sa cause que certains avocats qui, suant à froid, criant à tue tête, et connaissant tout, hors le fait, s'embarrassent aussi peu de ruiner le plaideur que d'ennuyer l'auditoire, et d'endormir Messieurs ; plus boursoufflés après que s'ils eussent composé l'Oratio pro Murena ; moi je dirai le fait en peu de mots. Messieurs…
Double-Main
En voilà beaucoup d'inutiles, car vous n'êtes pas demandeur et n'avez que la défense. Avancez, docteur, et lisez la promesse.
Figaro
Oui, promesse !
Bartholo, mettant ses lunettes.
Elle est précise.
Brid'oison
I-il faut la voir.
Double-Main
Silence donc, messieurs.
L'Huissier, glapissant.
Silence.
Barthololit.
« Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc., Marceline de Verte-Allure, dans le château d'Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes cordonnées ; laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château, et je l'épouserai, par forme de reconnaissance, etc. » Signé Figaro, tout court. Mes conclusions sont au payement du billet, et à l'exécution de la promesse, avec dépens. (Il plaide.) Messieurs… jamais cause plus intéressante ne fut soumise au jugement de la Cour ! et depuis Alexandre le Grand, qui promit mariage à la belle Thalestris…
Le Comte, interrompant.
Avant d'aller plus loin, avocat… convient-on de la validité du titre ?
Brid'oison, à Figaro.
Qu'oppo… qu'oppo-osez-vous à cette lecture ?
Figaro
Qu'il y a, messieurs, malice, erreur, ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce ; car il n'est pas dit dans l'écrit : « laquelle somme je lui rendrai et je l'épouserai » ; mais : « laquelle somme je lui rendrai ou je l'épouserai » ; ce qui est bien différent.
Le Comte
Y a-t-il et dans l'acte, ou bien ou ?
Bartholo
Il y a et.
Figaro
Il y a ou.
Brid'oison
Dou-ouble-Main, lisez vous-même.
Double-Main, prenant le papier.
Et c'est le plus sûr ; car souvent les parties déguisent en lisant. (Il lit.) « E, e, e, damoiselle e, e, e, de Verte-allure e, e, e… Ha ! laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château… etouetou… » Le mot est si mal écrit… il y a un pâté.
Brid'oison
Un pâ-âté ? je sais ce que c'est.
Bartholo, plaidant.
Je soutiens, moi, que c'est la conjonction copulative et qui lie les membres corrélatifs de la phrase : je paierai la demoiselle et je l'épouserai.
Figaro, plaidant.
Je soutiens, moi, que c'est la conjonction alternative ou qui sépare lesdits membres ; je payerai la donzelle ou je l'épouserai : à pédant, pédant et demi ; qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
Le Comte
Comment juger pareille question ?
Bartholo
Pour la trancher, messieurs, et ne plus chicaner sur un mot, nous passons qu'il y ait ou.
Figaro
J'en demande acte.
Bartholo
Et nous y adhérons. Un si mauvais refuge ne sauvera pas le coupable : examinons le titre en ce sens. (Il lit.) « Laquelle somme je lui rendrai dans ce château je l'épouserai ». C'est ainsi qu'on dirait, messieurs : « vous vous ferez saigner dans ce lit vous resterez chaudement », c'est « dans lequel ».
« Il prendra deux gros de rhubarbe vous mêlerez un peu de tamarin » ; dans lesquels on mêlera. Ainsi « château je l'épouserai », messieurs, c'est « château dans lequel »…
Figaro
Point du tout : la phrase est dans le sens de celle-ci : « ou la maladie vous tuera, ou ce sera le médecin ; ou bien le médecin » ; c'est incontestable. Autre exemple : « ou vous n'écrirez rien qui plaise, ou les sots vous dénigreront ; ou bien les sots » ; le sens est clair ; car, audit cas, « sots ou méchants » sont le substantif qui gouverne. Maître Bartholo croit-il donc que j'aie oublié ma syntaxe ? Ainsi, je la payerai dans ce château, virgule ; ou je l'épouserai…
Bartholo, vite.
Sans virgule.
Figaro, vîte.
Elle y est. C'est virgule, messieurs, ou bien je l'épouserai.
Bartholo, regardant le papier; vite.
Sans virgule, messieurs.
Figaro, vite.
Elle y était, messieurs. D'ailleurs, l'homme qui épouse est-il tenu de rembourser ?
Bartholo, vite.
Oui ; nous nous marions séparés de biens.
Figaro, vite.
Et nous de corps, dès que mariage n'est pas quittance. (Les juges se lèvent et opinent tout bas.)
Bartholo
Plaisant acquittement !
Double-Main
Silence, messieurs.
L'Huissier, glapissant.
Silence.
Bartholo
Un pareil fripon appelle cela payer ses dettes !
Figaro
Est-ce votre faute, avocat, que vous plaidez ?
Bartholo
Je défends cette demoiselle.
Figaro
Continuez à déraisonner ; mais cessez d'injurier. Lorsque, craignant l'emportement des plaideurs, les tribunaux ont toléré qu'on appelât des tiers, ils n'ont pas entendu que ces défenseurs modérés deviendraient impunément des insolents privilégiés. C'est dégrader le plus noble institut. (Les juges continuent d'opiner bas.)
Antonio, à Marceline, montrant les juges.
Qu'ont-ils tant à balbucifier ?
Marceline
On a corrompu le grand juge, il corrompt l'autre, et je perds mon procès.
Bartholo, bas, d'un ton sombre.
J'en ai peur.
Figaro, gaiement.
Courage, Marceline.
Double-Mainse lève; à Marceline.
Ah, c'est trop fort ! je vous dénonce ; et pour l'honneur du tribunal, je demande qu'avant faire droit sur l'autre affaire, il soit prononcé sur celle-ci.
Le Comtes'assied.
Non, greffier, je ne prononcerai point sur mon injure personnelle : un juge espagnol n'aura point à rougir d'un excès digne au plus des tribunaux asiatiques : c'est assez des autres abus ! J'en vais corriger un second en vous motivant mon arrêt : tout juge qui s'y refuse est un grand ennemi des lois ! Que peut requérir la demanderesse ? mariage à défaut de paiement ; les deux ensemble impliqueraient.
Double-Main
Silence, messieurs !
L'Huissier, glapissant.
Silence !
Le Comte
Que nous répond le défendeur ? qu'il veut garder sa personne ; à lui permis.
Figaro, avec joie.
J'ai gagné.
Don Curzio
Don Curzio
Le Comte
È decisa la lite.
Der Handel ist entschieden: Entweder bezahlen oder sie heuraten. Nun verstummet ihr.
Mais comme le texte dit : « laquelle femme je payerai à la première réquisition, ou bien j'épouserai, etc. », la Cour condamne le défendeur à payer deux mille piastres fortes à la demanderesse, ou bien à l'épouser dans le jour. (Il se lève.)
"O pagarla o sposarla." Ora ammutite.
Figaro, stupéfait.
J'ai perdu.
Antonio, avec joie.
Superbe arrêt.
Figaro
En quoi superbe ?
Antonio
En ce que tu n'es plus mon neveu. Grand merci, Monseigneur.
L'Huissier, glapissant.
Passez, messieurs. (Le peuple sort.)
Antonio
Je m'en vas tout conter à ma nièce. (Il sort.)
SCÈNE XVI
Le Comte, allant de côté et d'autre; Marceline, Bartholo, Figaro, Brid’oison.
Marcellina
Marzellina
Marcelines'assied.
Io respiro.
Ich erhohle mich!
Ah ! je respire.
Figaro
Figaro
Figaro
Ed io moro.
Und ich sterbe.
Et moi, j'étouffe.
Le Comte, à part.
Au moins je suis vengé, cela soulage.
Marcellina
Marzellina
1155
(Alfin sposa io sarò d'un uom che adoro.)
(Endlich werde ich doch die Braut desjenigen sein, den ich anbete.)
Figaro
Figaro
Figaro, à part.
Eccellenza, m'appello…
Euer Exzellenz, ich provoziere – – –
Et ce Bazile qui devait s'opposer au mariage de Marceline ; voyez comme il revient ! – (Au Comte qui sort.) Monseigneur, vous nous quittez ?
Il Conte
Der Graf
Le Comte
È giusta la sentenza.
Der Ausspruch ist gerecht. Entweder zahlen oder sie heuraten; so ist recht, Don Curz!
Tout est jugé.
O pagar o sposar. Bravo, Don Curzio.
Figaro, à Brid'oison.
C'est ce gros enflé de conseiller…
Brid'oison
Moi, gro-os enflé !
Don Curzio
Don Curzio
Bontà di Sua Eccellenza.
Bloße Güte, Euer Exzellenz.
Bartolo
Bartholo
1160
Che superba sentenza!
Vortrefflicher Ausspruch!
Figaro
Figaro
In che superba?
Warum vortrefflich?
Bartolo
Bartholo
Siam tutti vendicati.
Wir sind dadurch alle gerächet.
Figaro
Figaro
Figaro
Io non la sposerò.
Ich heirate sie nicht.
Sans doute. Et je ne l'épouserai pas : je suis gentilhomme une fois. (Le Comte s'arrête.)
Bartolo
Bartholo
Bartholo
La sposerai.
Du wirst sie gewiss heuraten!
Vous l'épouserez.
Don Curzio
Don Curzio
O pagarla o sposarla.
Entweder zahlen oder heuraten!
Marcellina
Marzellina
Io t'ho prestati
Ich habe dir 2000 Dukaten geliehen.
1165
duemila pezzi duri.
Figaro
Figaro
Figaro
Son gentiluomo, e senza
Ich bin ein Edelmann, und ohne Einwilligung meiner adelichen Herren Ältern – – – –
Sans l'aveu de mes nobles parents ?
l'assenso de' miei nobili parenti…
Il Conte
Der Graf
Bartholo
(in einem hämischen Ton)
Dove sono? Chi sono?…
Wo sind sie? Wer sind sie?
Nommez-les, montrez-les.
Figaro
Figaro
Figaro
Lasciate ancor cercarli:
Erlauben Sie mir, selben nachzusuchen. In zehen Jahren hoffe ich sie zu finden.
Qu'on me donne un peu de temps : je suis bien près de les revoir ; il y a quinze ans que je les cherche.
1170
dopo dieci anni io spero di trovarli.
Bartolo
Bartholo
Bartholo
(höhnisch)
Qualche bambin trovato.
Etwa ein Findelkind!
Le fat ! c'est quelqu'enfant trouvé !
Figaro
Figaro
Figaro
No, perduto, dottor, anzi rubato.
Nein, Doktor, ein verlornes, wohl gar ein geraubtes!
Enfant perdu, docteur ; ou plutôt enfant volé.
Il Conte
Der Graf
Come?
Wie?
Marcellina
Marzellina
Cosa?
Was?
Bartolo
Bartholo
Le Comterevient.
La pruova?
Ein Beweis?
« Volé, perdu », la preuve ? il crierait qu'on lui fait injure !
Don Curzio
Don Curzio
Il testimonio?
Ein Zeuge?
Figaro
Figaro
Figaro
L'oro, le gemme e i ricamati panni
Das Gold, die Edelgesteine, der reichgestickte Zeug, so die Seeräuber in meinen Kindesjahren an mir gefunden haben, beweisen genugsam, dass ich von adelicher Herkunft sei, vor allen anderen aber ein in meinen Arm eingeprägtes hieroglyphisches Zeichen…
Monseigneur, quand les langes à dentelles, tapis brodés et joyaux d'or trouvés sur moi par les brigands n'indiqueraient pas ma haute naissance, la précaution qu'on avait prise de me faire des marques distinctives témoignerait assez combien j'étais un fils précieux ; et cet hiéroglyphe à mon bras… (Il veut se dépouiller le bras droit.)
1175
che ne' più teneri anni
mi ritrovaro addosso i masnadieri
sono gli indizi veri
di mia nascita illustre, e sopra tutto
questo al mio braccio impresso geroglifico…
Marcellina
Marzellina
Marceline, se levant vivement.
1180
Una spatola impressa al braccio destro…
Ein in den rechten Arm eingeprägter Apothekerspatel…
Une spatule à ton bras droit ?
Figaro
Figaro
Figaro
E a voi chi 'l disse?
Und wer hat es dir gesagt?
D'où savez-vous que je dois l'avoir ?
Marcellina
Marzellina
Marceline
Oddio!
O Gott… er ist…
Dieux ! c'est lui !
È egli…
Figaro
Figaro
Figaro
È ver, son io.
Ja, ich bin's.
Oui, c'est moi.
Don Curzio
Don Curzio, der Graf, Bartholo
Bartholo, à Marceline.
Chi?
Wer?
Et qui ? lui !
Il Conte
Chi?
Bartolo
Chi?
Marcellina
Marzellina
Marceline, vivement.
Raffaello.
Rafael.
C'est Emmanuel.
Bartolo
Bartholo
Bartholo, à Figaro.
E i ladri ti rapir…
Und die Diebe haben dich geraubet?…
Tu fus enlevé par des bohémiens ?
Figaro
Figaro
Figaro, exalté.
…presso un castello.
Nahe an einem Schlosse.
Tout près d'un château. Bon docteur, si vous me rendez à ma noble famille, mettez un prix à ce service ; des monceaux d'or n'arrêteront pas mes illustres parents.
Bartolo
Bartholo
Bartholo, montrant Marceline.
1185
Ecco tua madre.
Sieh deine Mutter.
Voilà ta mère.
Figaro
Figaro
Figaro
Balia…
Meine Säugamme!…
…Nourrice ?
Bartolo
Bartholo
Bartholo
No, tua madre.
Nein, deine Mutter.
Ta propre mère.
Don Curzio, il Conte
Don Curzio, der Graf
Le Comte
Sua madre!
Seine Mutter.
Sa mère !
Figaro
Figaro
Figaro
Cosa sento!
Was hör ich!
Expliquez-vous.
Marcellina
Marzellina
Marceline, montrant Bartholo.
Ecco tuo padre.
Sieh, dieser ist dein Vater.
Voilà ton père.
Figaro, désolé.
Oh oh oh ! aïe de moi !
Marceline
Est-ce que la nature ne te l'a pas dit mille fois ?
Figaro
Jamais.
Le Comte, à part.
Sa mère !
Marcellina
Marzellina
(Corre ad abbracciar Figaro.)
(läuft zu Figaro und umarmet ihn)
    Riconosci in questo amplesso
Erkenne deine Mutter bei dieser Umarmung, geliebter Sohn.
una madre, amato figlio!
Figaro
Figaro
(A Bartolo.)
Padre mio, fate lo stesso,
Lieber Vater, tu das nämliche, lass mich nicht erröten.
1190
non mi fate più arrossir.
Bartolo
Bartholo
(Abbraccia Figaro e restano così fino al verso "Lascia, iniquo".)
(umarmt Figaro und sie bleiben so bis zum Worte "Lass mich")
    Resistenza la coscienza
Das Gewissen kann deinem Verlangen nicht widerstehen.
far non lascia al tuo desir.
Don Curzio
Don Curzio
Brid'oison
Ei suo padre, ella sua madre:
Er sein Vater, sie seine Mutter, die Heurat kann nicht erfolgen.
C'est clair, i-il ne l'épousera pas.
l'imeneo non può seguir.
Ce qui suit, enfermé entre ces deux index, a été retranché par les Comédiens-Français aux représentations de Paris.Bartholo
Ni moi non plus.
Marceline
Ni vous ! et votre fils ? vous m'aviez juré…
Bartholo
J'étais fou. Si pareils souvenirs engageaient, on serait tenu d'épouser tout le monde.
Brid'oison
E-et si l'on y regardait de si près, per-ersonne n'épouserait personne.
Bartholo
Des fautes si connues ! une jeunesse déplorable !
Marceline, s'échauffant par degrés.
Oui, déplorable, et plus qu'on ne croit ! Je n'entends pas nier mes fautes, ce jour les a trop bien prouvées ! mais qu'il est dur de les expier après trente ans d'une vie modeste ! J'étais née, moi, pour être sage, et je la suis devenue sitôt qu'on m'a permis d'user de ma raison. Mais dans l'âge des illusions, de l'inexpérience et des besoins, où les séducteurs nous assiègent, pendant que la misère nous poignarde, que peut opposer une enfant à tant d'ennemis rassemblés ? Tel nous juge ici sévèrement, qui, peut-être, en sa vie a perdu dix infortunées !
Figaro
Les plus coupables sont les moins généreux ! c'est la règle.
Marceline, vivement.
Hommes plus qu'ingrats, qui flétrissez par le mépris les jouets de vos passions, vos victimes ! c'est vous qu'il faut punir des erreurs de notre jeunesse ; vous et vos magistrats, si vains du droit de nous juger, et qui nous laissent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister. Est-il un seul état pour les malheureuses filles ? Elles avaient un droit naturel à toute la parure des femmes : on y laisse former mille ouvriers de l'autre sexe.
Figaro, en colère.
Ils font broder jusqu'aux soldats !
Marceline, exaltée.
Dans les rangs mêmes plus élevés, les femmes n'obtiennent de vous qu'une considération dérisoire ; leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié !
Figaro
Elle a raison !
Le Comte, à part.
Que trop raison !
Brid'oison
Elle a, mon-on Dieu, raison.
Marceline
Mais que nous sont, mon fils, les refus d'un homme injuste ? ne regarde pas d'où tu viens, vois où tu vas ; cela seul importe à chacun. Dans quelques mois, ta fiancée ne dépendra plus que d'elle-même ; elle t'acceptera, j'en réponds : vis entre une épouse, une mère tendres qui te chériront à qui mieux mieux. Sois indulgent pour elles, heureux pour toi, mon fils ; gai, libre, et bon pour tout le monde : il ne manquera rien à ta mère.
Figaro
Tu parles d'or, maman, et je me tiens à ton avis. Qu'on est sot, en effet ! il y a des mille, mille ans que le monde roule, et dans cet océan de durée où j'ai par hasard attrapé quelques chétifs trente ans qui ne reviendront plus, j'irais me tourmenter pour savoir à qui je les dois ! tant pis pour qui s'en inquiète ! Passer ainsi la vie à chamailler, c'est peser sur le collier sans relâche, comme les malheureux chevaux de la remonte des fleuves qui ne reposent pas, même quand ils s'arrêtent, et qui tirent toujours quoiqu'ils cessent de marcher. Nous attendrons… ←
Il Conte
Der Graf
Le Comte
1195
Son deluso, son confuso;
Ich bin verwirret, bin betrogen, besser ist es, von da wegzugehen.
Sot événement qui me dérange !
meglio è assai di qua partir.
(Il Conte va per partire, Susanna l'arresta.)
Brid'oison, à Figaro.
Et la noblesse et le château ? vous impo-osez à la justice ?
Figaro
Elle allait me faire faire une belle sottise, la justice ! après que j'ai manqué, pour ces maudits cent écus, d'assommer vingt fois monsieur, qui se trouve aujourd'hui mon père ! Mais, puisque le Ciel à sauvé ma vertu de ces dangers, mon père, agréez mes excuses… Et vous, ma mère, embrassez-moi… le plus maternellement que vous pourrez.
(Marceline lui saute au cou.)
SCÈNE XVII
Bartholo, Figaro, Marceline, Brid’oison, Suzanne, Antonio, le Comte.
Susanna
Susanna
Suzanne, accourant une bourse à la main.
    Alto, alto, signor Conte,
Halt! Halt! Herr Graf! hier sind die 2000 Dukaten; ich bezahle für den Figaro, damit er in Freiheit gestellt werde.
Monseigneur, arrêtez ; qu'on ne les marie pas : je viens payer madame avec la dot que ma maîtresse me donne.
mille doppie son qui pronte:
a pagar vengo per Figaro
1200
ed a porlo in libertà.
Le Comte, à part.
Au diable la maîtresse ! Il semble que tout conspire…
(Il sort.)
SCÈNE XVIII
Bartholo, Antonio, Suzanne, Figaro, Marceline, Brid’oison.
Il Conte, Don Curzio
Der Graf, Don Curzio
Antonio, voyant Figaro embrasser sa mère, dit à Suzanne.
    Non sappiam com'è la cosa,
Wir wissen nicht, wie es sich mit der Sache verhalte. Wende einen Blick ein wenig hin.
Ah ! oui, payer ! Tiens, tiens.
osservate un poco là.
Suzannese retourne.
J'en vois assez : sortons, mon oncle.
Figaro, l'arrêtant.
Non, s'il vous plaît. Que vois-tu donc ?
Suzanne
Ma bêtise et ta lâcheté.
Figaro
Pas plus de l'une que de l'autre.
Susanna
Susanna
Suzanne, en colère.
(Si volge e vede Figaro che abbraccia Marcellina.)
Già d'accordo ei se la sposa:
Er hat schon eingewilliget, sie zu heuraten! Gerechter Himmel! welch eine Untreue! Lass mich gehen, Treuloser.
Et que tu l'épouses à gré, puisque tu la caresses.
giusto ciel, che infedeltà!
(Vuol partire.)
1205
    Lascia, iniquo.
Figaro
Figaro
Figaro, gaiement.
No, t'arresta.
O bleibe doch, höre, meine Liebe!
Je la caresse ; mais je ne l'épouse pas.
Senti, o cara…
(Figaro la trattiene: ella fa forza, poi dà uno schiaffo a Figaro.)
(Figaro will sie aufhalten: Susanna macht sich los und gibt ihm eine Ohrfeige.)
(Suzanne veut sortir, Figaro la retient.)
Susanna
Susanna
Suzannelui donne un soufflet.
Senti questa.
Höre dieses.
Vous êtes bien insolent d'oser me retenir !
Bartolo, Figaro, Marcellina
Bartholo, Figaro, Marzellina
Figaro, à la compagnie.
È un effetto di bon core,
Es kömmt aus gutem Herzen: Was sie tut, das tut sie aus Liebe.
C'est-il çà de l'amour ? Avant de nous quitter, je t'en supplie, envisage bien cette chère femme-là.
tutto amore è quel che fa.
Il Conte, Don Curzio
Der Graf, Don Curzio
Fremo|Freme, smanio|smania dal furore,
Ich zittre|Er zittert, ich tobe|er tobet vor Wut, das Schicksal hat mich|ihn getroffen.
1210
il destino me la|gliela fa.
Susanna
Susanna
Suzanne
Fremo, smanio dal furore,
Ich zittre, ich tobe vor Wut, eine Alte hat über mich gesieget.
Je la regarde.
Figaro
Et tu la trouves ?
Suzanne
una vecchia a me la fa.
Affreuse.
Figaro
Et vive la jalousie ! elle ne vous marchande pas.
Marcellina
Marzellina
Marceline, les bras ouverts.
(Corre ad abbracciar Susanna.)
    Lo sdegno calmate,
Stille deinen Zorn, meine liebe Tochter; umarme seine Mutter, die bald die deine wird.
Embrasse ta mère, ma jolie Suzanette. Le méchant qui te tourmente est mon fils.
mia cara figliuola,
1215
sua madre abbracciate
che vostra or sarà.
Susanna
Susanna
Suzannecourt à elle.
    Sua madre?
Seine Mutter?
Vous sa mère ! (Elles restent dans les bras l'une de l'autre.)
Antonio
C'est donc de tout à l'heure ?
Figaro
…Que je le sais.
Marceline, exaltée.
Non, mon cœur entraîné vers lui ne se trompait que de motif ; c'était le sang qui me parlait.
Figaro
Et moi le bon sens, ma mère, qui me servait d'instinct quand je vous refusais, car j'étais loin de vous haïr ; témoin l'argent…
Tutti
Alle
(A Susanna.)
Sua madre.
Seine Mutter.
Figaro
Figaro
(A Susanna.)
E quello è mio padre
Und der ist mein Vater, der es dir sagen wird.
che a te lo dirà.
Susanna
Susanna
1220
    Suo padre?
Sein Vater?
Tutti
Alle
(A Susanna.)
Suo padre.
Sein Vater.
Figaro
Figaro
(A Susanna.)
E quella è mia madre
Und jene meine Mutter, die es dir sagen wird.
che a te lo dirà.
(Corrono tutti quattro ad abbracciarsi.)
(Alle laufen zusammen und umarmen sich.)
Susanna, Figaro, Bartolo, Marcellina
Susanna, Figaro, Bartholo, Marzellina
    Al dolce diletto
Ach, welch eine süße Freude durchströmt itzt mein Herz.
che m'agita il petto
1225
quest'anima appena
resistere or sa.
Il Conte, Don Curzio
Der Graf, Don Curzio
    A l'ira, al dispetto
Dem Zorne, der Missgunst, so meinem Herze itzt brennet, kann meine Seele nicht mehr widerstehen.
che m'agita il petto
quest'|quell'anima appena
1230
resistere or sa.
(Il Conte e Don Curzio partono.)
(Der Graf und Don Curzio gehen ab.)
SCENA V
Fünfter Auftritt
Marcellina, Bartolo, Figaro, Susanna.
Marzellina, Bartholo, Figaro, Susanna.
Marcellina
Marzellina
(A Bartolo.)
Eccovi, o caro amico, il dolce frutto
Sieh da, lieber Freund, die zärtliche Frucht unserer alten Liebe – – – –
de l'antico amor nostro…
Bartolo
Bartholo
Or non parliamo
Nun ist es nicht Zeit, von so entlegenen Begebenheiten zu reden; er ist mein Sohn und du meine Ehefrau; die Hochzeit soll geschehen, wann Ihr es wollt.
di fatti sì rimoti; egli è mio figlio,
mia consorte voi siete,
1235
e le nozze farem quando volete.
Marcellina
Marzellina
Marcelinelui remet un papier.
Oggi, e doppie saranno:
Heute, heute! Und es soll eine zweifache Hochzeit geschehen. Da hast du den Schuldschein des Geldes, so du mir schuldig bist: Das soll deine Mitgabe sein.
(Dà il biglietto a Figaro.)
prendi, questo è il biglietto
Il est à toi : reprends ton billet, c'est ta dot.
del danar che a me devi, ed è tua dote.
Susanna
Susanna
Suzannelui jette la bourse.
(Gitta per terra una borsa di danari.)
(wirft ihm einen Beutel zu)
Prendi ancor questa borsa.
Nimm auch diesen Beutel.
Prends encore celle-ci.
Bartolo
Bartholo
(Fa lo stesso.)
(tut das nämliche)
E questa ancora.
Und auch diesen.
Figaro
Figaro
Figaro
1240
Bravi, gittate pur ch'io piglio ognora.
Das ist wohl gut; noch mehr, ich nehme alles an.
Grand merci.
Marceline, exaltée.
Fille assez malheureuse, j'allais devenir la plus misérable des femmes et je suis la plus fortunée des mères ! Embrassez-moi, mes deux enfants ; j'unis dans vous toutes mes tendresses. Heureuse autant que je puis l'être, ah ! mes enfants, combien je vais aimer !
Figaro, attendri, avec vivacité.
Arrête donc, chère mère ! arrête donc ! voudrais-tu voir se fondre en eau mes yeux noyés des premières larmes que je connaisse ? elles sont de joie, au moins. Mais quelle stupidité ! j'ai manqué d'en être honteux : je les sentais couler entre mes doigts, regarde ; (Il montre ses doigts écartés.) et je les retenais bêtement ! va te promener, la honte ! je veux rire et pleurer en même temps ; on ne sent pas deux fois ce que j'éprouve. (Il embrasse sa mère d'un côté, Suzanne de l'autre.)
(Bartholo, Antonio, Suzanne, Figaro, Marceline, Brid'oison.)
Marceline
Ô mon ami !
Suzanne
Mon cher ami !
Brid'oison, s'essuyant les yeux d'un mouchoir.
Eh bien ! moi ! je suis donc bê-ête aussi !
Figaro, exalté.
Chagrin, c'est maintenant que je puis te défier : atteins-moi, si tu l'oses, entre ces deux femmes chéries.
Antonio, à Figaro.
Pas tant de cajoleries, s'il vous plaît. En fait de mariage dans les familles, celui des parents va devant, savez. Les vôtres se baillent-ils la main ?
Bartholo
Ma main ! puisse-t-elle se dessécher et tomber, si jamais je la donne à la mère d'un tel drôle !
Antonio, à Bartholo.
Vous n'êtes donc qu'un père marâtre ? (À Figaro.) En ce cas, not' galant, plus de parole.
Suzanne
Ah ! mon oncle…
Antonio
Irai-je donner l'enfant de not' sœur à sti qui n'est l'enfant de personne ?
Brid'oison
Est-ce que cela-a se peut, imbécile ? on-on est toujours l'enfant de quelqu'un.
Antonio
Tarare !… il ne l'aura jamais. (Il sort.)
SCÈNE XIX
Bartholo, Suzanne, Figaro, Marceline, Brid’oison.
Bartholo, à Figaro.
Et cherche à présent qui t'adopte. (Il veut sortir.)
Marceline, courant prendre Bartholo à bras le corps, le ramène.
Arrêtez, docteur, ne sortez pas.
Figaro, à part.
Non, tous les sots d'Andalousie sont, je crois, déchaînés contre mon pauvre mariage !
(Suzanne, Bartholo, Marceline, Figaro, Brid'oison.)
Suzanne, à Bartholo.
Bon petit papa, c'est votre fils.
Marceline, à Bartholo.
De l'esprit, des talents, de la figure.
Figaro, à Bartholo.
Et qui ne vous a pas coûté une obole.
Bartholo
Et les cent écus qu'il m'a pris ?
Marceline, le caressant.
Nous aurons tant de soin de vous, papa !
Suzanne, le caressant.
Nous vous aimerons tant, petit papa !
Bartholo, attendri.
Papa ! bon papa ! petit papa ! voilà que je suis plus bête encore que Monsieur, moi. (Montrant Brid'oison.) Je me laisse aller comme un enfant. (Marceline et Suzanne l'embrassent.) Oh ! non, je n'ai pas dit oui. (Il se retourne.) Qu'est donc devenu Monseigneur ?
Susanna
Susanna
Voliamo ad informar d'ogni avventura
Nun gehen wir eilends, diesen Vorfall unserer Frau und unserem Vetter zu benachrichtigen. O! wer ist wohl vergnügter als ich! – –
madama e nostro zio.
Chi al par di me contenta!
Figaro
Die übrigen
Io.
Ich.
Marcellina
Io.
Bartolo
Io.
A quattro
Alle
Figaro
E schiatti il signor Conte al gioir mio.
Und der Graf soll zu meinem größten Vergnügen aufplatzen.
Courons le joindre ; arrachons-lui son dernier mot. S'il machinait quelqu'autre intrigue, il faudrait tout recommencer.
TOUS ENSEMBLE
Courons, courons.
(Partono abbracciati.)
(gehen alle umarmt fort)
(Ils entraînent Bartholo dehors.)
SCÈNE XX
Brid’oison, seul.
Plus bê-ête encore que Monsieur ! On peut se dire à soi-même ces-es sortes de choses-là, mais… I-ils ne sont pas polis du tout dan-ans cet endroit-ci. (Il sort.)
Fin du troisième acte.
ACTE IV
Le théâtre représente une galerie ornée de candélabres, de lustres allumés, de fleurs, de guirlandes, en un mot préparée pour donner une fête. Sur le devant à droite est une table avec une écritoire, un fauteuil derrière.
SCÈNE PREMIÈRE
Figaro, Suzanne.
Figaro, la tenant à bras-le-corps.
Eh bien ! amour, es-tu contente ? elle a converti son docteur, cette fine langue dorée de ma mère ! malgré sa répugnance il l'épouse, et ton bourru d'oncle est bridé ; il n'y a que Monseigneur qui rage, car enfin notre hymen va devenir le prix du leur. Ris donc un peu de ce bon résultat.
Suzanne
As-tu rien vu de plus étrange ?
Figaro
Ou plutôt d'aussi gai. Nous ne voulions qu'une dot arrachée à l'Excellence ; en voilà deux dans nos mains, qui ne sortent pas des siennes. Une rivale acharnée te poursuivait ; j'étais tourmenté par une furie ; tout cela s'est changé, pour nous, dans « la plus bonne » des mères. Hier j'étais comme seul au monde ; et voilà que j'ai tous mes parents ; pas si magnifiques, il est vrai, que je me les étais galonnés ; mais assez bien pour nous, qui n'avons pas la vanité des riches.
Suzanne
Aucune des choses que tu avais disposées, que nous attendions, mon ami, n'est pourtant arrivée !
Figaro
Le hasard a mieux fait que nous tous, ma petite : ainsi va le monde ; on travaille, on projette, on arrange d'un côté ; la fortune accomplit de l'autre : et depuis l'affamé conquérant qui voudrait avaler la terre, jusqu'au paisible aveugle qui se laisse mener par son chien, tous sont le jouet de ses caprices ; encore l'aveugle au chien est-il souvent mieux conduit, moins trompé dans ses vues, que l'autre aveugle avec son entourage. – Pour cet aimable aveugle, qu'on nomme Amour… (Il la reprend tendrement à bras-le-corps.)
Suzanne
Ah ! c'est le seul qui m'intéresse !
Figaro
Permets donc que, prenant l'emploi de la folie, je sois le bon chien qui le mène à ta jolie mignone porte ; et nous voilà logés pour la vie.
Suzanne, riant.
L'Amour et toi ?
Figaro
Moi et l'Amour.
Suzanne
Et vous ne chercherez pas d'autre gîte ?
Figaro
Si tu m'y prends, je veux bien que mille millions de galants…
Suzanne
Tu vas exagérer : dis ta bonne vérité.
Figaro
Ma vérité la plus vraie !
Suzanne
Fi donc, vilain ! en a-t-on plusieurs ?
Figaro
Oh ! que oui. Depuis qu'on a remarqué qu'avec le temps vieilles folies deviennent sagesse, et qu'anciens petits mensonges, assez mal plantés, ont produit de grosses, grosses vérités, on en a de mille espèces ! Et celles qu'on sait, sans oser les divulguer : car toute vérité n'est pas bonne à dire ; et celles qu'on vante, sans y ajouter foi : car toute vérité n'est pas bonne à croire ; et les serments passionnés, les menaces des mères, les protestations des buveurs, les promesses des gens en place, le dernier mot de nos marchands ; cela ne finit pas. Il n'y a que mon amour pour Suzon qui soit une vérité de bon aloi.
Suzanne
J'aime ta joie, parce qu'elle est folle ; elle annonce que tu es heureux. Parlons du rendez-vous du Comte.
Figaro
Ou plutôt n'en parlons jamais ; il a failli me coûter Suzanne.
Suzanne
Tu ne veux donc plus qu'il ait lieu ?
Figaro
Si vous m'aimez, Suzon, votre parole d'honneur sur ce point : qu'il s'y morfonde ; et c'est sa punition.
Suzanne
Il m'en a plus coûté de l'accorder que je n'ai de peine à le rompre ; il n'en sera plus question.
Figaro
Ta bonne vérité ?
Suzanne
Je ne suis pas comme vous autres savants ; moi, je n'en ai qu'une.
Figaro
Et tu m'aimeras un peu ?
Suzanne
Beaucoup.
Figaro
Ce n'est guère.
Suzanne
Et comment ?
Figaro
En fait d'amour, vois-tu, trop n'est pas même assez.
Suzanne
Je n'entends pas toutes ces finesses ; mais je n'aimerai que mon mari.
Figaro
Tiens parole, et tu feras une belle exception à l'usage. (Il veut l'embrasser.)
SCÈNE II
Figaro, Suzanne, la Comtesse.
La Comtesse
Ah ! j'avais raison de le dire : en quelque endroit qu'ils soient, croyez qu'ils sont ensemble. Allons donc, Figaro, c'est voler l'avenir, le mariage et vous-même, que d'usurper un tête-à-tête. On vous attend, on s'impatiente.
Figaro
Il est vrai, madame, je m'oublie. Je vais leur montrer mon excuse.
(Il veut emmener Suzanne.)
La Comtessela retient.
Elle vous suit.
SCENA VI
Sechster Auftritt
Cherubino e Barbarina.
Barberina und Cherubin.
Barbarina
Barberina
1245
Andiam, andiam, bel paggio; in casa mia
Nun, so gehen wir, schöner Page; bei mir zu Hause wirst du alle die schönsten Mädchen des Schlosses antreffen; doch wirst du gewiss unter allen der Schönste sein.
tutte ritroverai
le più belle ragazze del castello,
di tutte sarai tu certo il più bello.
Cherubino
Cherubin
Ah se il Conte mi trova,
Ach, wenn mich der Graf antrifft! O! weh mir; du weißt, er glaubte, ich sei schon nach Sevilien abgereiset.
1250
misero me! Tu sai
che partito ei mi crede per Siviglia.
Barbarina
Barberina
Oh ve' che maraviglia! E se ti trova
Und wenn er dich auch antrifft… was ist es demnach? Es ist ja nichts Neues… Höre mich… Wir wollen dir solche Kleider anlegen, wie die unsrigen sind: Dann wollen wir alle zusammen zu Madame gehen und ihr Blumen bringen. Verlasse dich nur auf mich, Cherubin.
non sarà cosa nova… Odi… Vogliamo
vestirti come noi:
1255
tutte insieme andrem poi
a presentar de' fiori a madamina;
fidati, o Cherubin, di Barbarina.
Cherubino
Cherubin
    Se così brami

     Weil du es so haben willst, so komme ich mit dir; ich weiß, du liebest mich; ich will mich auf dich verlassen.
teco verrò:
1260
so che tu m'ami,
fidar mi vo'.
(A parte.)
(bei sich)
    Purché il bel ciglio

     Wenn ich nur meine Schöne wiedersehen kann, so fürchte ich keine Gefahr.
riveggia ancor,
nessun periglio
1265
mi fa timor.
(Partono.)
SCENA VII
Siebenter Auftritt
La Contessa sola.
Die Gräfin ganz allein.
La Contessa
Die Gräfin
E Susanna non vien! Sono ansiosa
Susanna kommt noch nicht? Ich bin begierig zu wissen, wie der Graf den Antrag aufgenommen; unser Vorschlag kömmt mir zwar etwas verwegen vor, und mit einem wackern, so eifersüchtigen Manne – – Doch! es ist doch nicht so übel, wenn ich die Kleider der Susanna, und sie die meinigen anleget – – Die Nacht begünstiget uns auch – O Gott! in welch einen niederträchtigen Zustand sehe ich mich durch meinen grausamen Mann versetzet, der, nachdem er mich unter einer immerwährenden Abwechslung von Untreue, Eifersucht und anderen Verdrüßlichkeiten zuerst geliebet, dann beleidiget und endlich gar verlassen, es dahin gebracht hat, dass ich einen meiner Dienstboten um Beistand ersuchen muss.
di saper come il Conte
accolse la proposta: alquanto ardito
il progetto mi par, e ad uno sposo
1270
sì vivace e geloso…
Ma che mal c'è?
Cangiando i miei vestiti
con quelli di Susanna e i suoi co' miei…
al favor de la notte… Oh cielo, a quale
umil stato fatale io son ridotta
1275
da un consorte crudel che, dopo avermi
con un misto inaudito
d'infedeltà, di gelosie, di sdegni
prima amata, indi offesa e alfin tradita,
fammi or cercar da una mia serva aita!
1280
    Dove sono i bei momenti

     O! wo seid ihr hin verschwunden, ihr lieblichen Augenblicke voll der Süßigkeit und des Vergnügens, und ihr, ihr feierlichen Eidschwüre, die jener treulose Mund abgelegt? Wenn sich für mich alles in Weinen und Klagen verkehret hat: O! so wäre doch auch das Andenken jener glücklichen Tage aus meinem Gedächtnisse verschwunden! Wollte Gott, dass mir doch wenigstens meine Standhaftigkeit, da ich mitten im Elende immerfort liebe, eine Hoffnung zubrächte, das undankbare Herz noch umändern zu können!
di dolcezza e di piacer,
dove andaro i giuramenti
di quel labbro menzogner?
    Perché mai se in pianti e in pene
1285
per me tutto si cangiò,
la memoria di quel bene
dal mio sen non trapassò?
    Ah se almen la mia costanza,
nel languire amando ognor,
1290
mi portasse una speranza
di cangiar l'ingrato cor!
(Parte.)
(gehet ab)
SCENA VIII
Achter Auftritt
Antonio con cappello in mano e il Conte.
Anton, der Graf.
Antonio
Anton
Io vi dico, signor, che Cherubino
Ja, ich versichere Sie, Cherubin ist noch im Schlosse; sehen Sie einen Beweis: Da ist sein Hut.
è ancora nel castello,
e vedete per prova il suo cappello.
Il Conte
Der Graf
1295
Ma come, se a quest'ora
Aber wie? Um diese Zeit müsste er ja schon in Sevilien sein.
esser giunto a Siviglia egli dovria?
Antonio
Anton
Scusate, oggi Siviglia è a casa mia.
Vergeben Sie, mein Haus ist heute Sevilien; in meinem Hause hat er Weiberkleider angezogen und alldort seine anderen Kleider gelassen.
Là vestissi da donna e là lasciati
ha gli altri abiti suoi.
Il Conte
Der Graf
1300
Perfidi!
O! ihr treulosen!
Antonio
Anton
Andiam, e li vedrete voi.
Nun gehen wir, Sie werden es mit eigenen Augen sehen.
(Partono.)
(gehen ab)
SCENA IX
Neunter Auftritt
SCÈNE III
Susanna, la Contessa.
Susanna, die Gräfin.
Suzanne, la Comtesse.
La Comtesse
As-tu ce qu'il nous faut pour troquer de vêtement ?
Suzanne
Il ne faut rien, madame ; le rendez-vous ne tiendra pas.
La Comtesse
Ah ! vous changez d'avis ?
Suzanne
C'est Figaro.
La Comtesse
Vous me trompez.
Suzanne
Bonté divine !
La Comtesse
Figaro n'est pas homme à laisser échapper une dot.
Suzanne
Madame ! eh ! que croyez-vous donc ?
La Comtesse
Qu'enfin, d'accord avec le Comte, il vous fâche à présent de m'avoir confié ses projets. Je vous sais par cœur. Laissez-moi. (Elle veut sortir.)
Suzannese jette à genoux.
Au nom du Ciel, espoir de tous ! vous ne savez pas, madame, le mal que vous faites à Suzanne ! après vos bontés continuelles et la dot que vous me donnez !…
La Comtessela relève.
Eh mais… je ne sais ce que je dis ! En me cédant ta place au jardin, tu n'y vas pas, mon cœur ; tu tiens parole à ton mari ; tu m'aides à ramener le mien.
Suzanne
Comme vous m'avez affligée !
La Contessa
Die Gräfin
Cosa mi narri! E che ne disse il Conte?
Was du mir doch erzählest! Und was hat der Graf gesagt?
Susanna
Susanna
Gli si leggeva in fronte
Man erkannte in ihm Missgunst und Zorn.
il dispetto e la rabbia.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse
Piano, che meglio or lo porremo in gabbia.
Warte nur, wir wollen ihn noch besser fangen. Wo hast du ihn hinbestellet?
C'est que je ne suis qu'une étourdie. (Elle la baise au front.) Où est ton rendez-vous ?
1305
Dov'è l'appuntamento
che tu gli proponesti?
Susanna
Susanna
Suzannelui baise la main.
Nel giardino.
In Garten.
Le mot de jardin m'a seul frappée.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, montrant la table.
Fissiamgli un loco. Scrivi.
Wir wollen ihm den Ort bestimmen. Schreibe.
Prends cette plume, et fixons un endroit.
Susanna
Susanna
Suzanne
Ch'io scriva… Ma signora…
Ich soll schreiben? – – Aber meine Frau!
Lui écrire !
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse
Eh scrivi, dico;
Schreibe, sag ich; ich nehme die ganze Sache auf mich.
Il le faut.
Suzanne
Madame ! au moins, c'est vous…
La Comtesse
e tutto
Je mets tout sur mon compte. (Suzanne s'assied, la Comtesse dicte.)
1310
io prendo su me stessa.
(Susanna siede e scrive.)
(Susanna sitzt nieder und schreibt.)
Ein Lied im Tone.
« Chanson nouvelle, sur l'air :… Qu'il fera beau ce soir sous les grands maronniers !… Qu'il fera beau, ce soir… »
– – – –
La Contessa
(Detta.)
(Die Gräfin diktiert.)
    "Che soave zeffiretto…"
"Welch angenehme Zephyre…"
"…verso sera spirerà…"
"…werden auf dem Abend wehen…"
Susanna
Susanna
(Ripete le parole della Contessa.)
(wiederholt die Worte der Gräfin mit hämischem Tone singend)
"…verso sera spirerà…"
"…auf dem Abend wehen…"
– – – –
La Contessa
Die Gräfin
"…sotto i pini del boschetto."
"…unter den Fichten im Busche."
Susanna
Susanna
Suzanneécrit.
1315
"…sotto i pini del boschetto."
"…unter den Fichten im Busche."
« Sous les grands maronniers !… » Après ?
(Anfangs die Gräfin allein, alsdenn beide zusammen.)
La Contessa
La Comtesse
Ei già il resto capirà.
Das Übrige wird er ohnehin verstehen.
Crains-tu qu'il ne t'entende pas ?
Susanna
Susanna
Suzannerelit.
Certo, certo, il capirà.
O ja! er wird's verstehen. – – –
C'est juste. (Elle plie le billet.) Avec quoi cacheter ?
Susanna
(Piega la lettera.)
(legt den Brief zusammen)
Piegato è il foglio… Or come si sigilla?…
Der Brief ist zusammengeleget – – – – Und wie werden wir ihn versiegeln?
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse
(Si cava una spilla e gliela dà.)
Ecco… prendi una spilla:
Gib mir nur eine Nadel: Diese wird zum Siegel dienen. Warte – – – – Schreibe auswendig auf dem Briefe: "Schicken Sie mir das Insiegel wieder zurück."
Une épingle, dépêche : elle servira de réponse. Écris sur le revers : « Renvoyez-moi le cachet ».
1320
servirà di sigillo. Attendi… Scrivi
sul riverso del foglio:
"Rimandate il sigillo."
(Susanna nimmt eine Nadel und gibt sie ihr.)
Susanna
Susanna
Suzanneécrit en riant.
È più bizzarro
Das ist noch wunderlicher als jenes des Patents.
Ah !… « le cachet »… Celui-ci, madame, est plus gai que celui du brevet.
di quel della patente.
La Comtesse, avec un souvenir douloureux.
Ah !
Suzannecherche sur elle.
Je n'ai pas d'épingle à présent !
La Comtessedétache sa lévite.
Prends celle-ci. (Le ruban du page tombe de son sein à terre.) Ah ! mon ruban !
Suzannele ramasse.
C'est celui du petit voleur ! vous avez eu la cruauté ?…
La Comtesse
Fallait-il le laisser à son bras ? c'eût été joli ! Donnez donc !
Suzanne
Madame ne le portera plus, taché du sang de ce jeune homme.
La Comtessele reprend.
Excellent pour Fanchette… Le premier bouquet qu'elle m'apportera.
La Contessa
Die Gräfin
Presto, nascondi: io sento venir gente.
Geschwind, verstecke ihn, es kömmt jemand.
(Susanna si mette il biglietto nel seno.)
(Susanne verstecket den Brief in dem Busen.)
SCENA X
Zehnter Auftritt
SCÈNE IV
Cherubino vestito da contadinella, Barbarina e alcune altre contadinelle vestite nel medesimo modo, con mazzetti di fiori.
Cherubin gekleidet wie ein Bauernmädchen, Barberina, einige andere Landmädchen auf die nämliche Art angeleget, mit Blumenbüschen.
Une jeune Bergère, Chérubin en fille, Fanchette, et beaucoup de jeunes filles habillées comme elle et tenant des bouquets. La Comtesse, Suzanne.
Coro
Der Chor
Fanchette
1325
    Ricevete, o padroncina,

     Nehmen Sie, liebe Frau, diese Rosen, diese Blumen hin, die wir heute gesammelt haben, um Ihnen unsere Liebe zu bezeugen.
Madame, ce sont les filles du bourg qui viennent vous présenter des fleurs.
queste rose e questi fior,
che abbiam colti stamattina
per mostrarvi il nostro amor.
    Siamo tante contadine

     Wir sind alle Bauernmädchen und sind alle arm. Es ist wenig, was wir Ihnen darbieten, doch wir geben es Ihnen mit gutem Herzen.
1330
e siam tutte poverine,
ma quel poco che rechiamo
ve lo diamo di bon cor.
Barbarina
Barberina
Queste sono, madama,
Meine Frau, diese Mädchen sind von diesem Orte; sie sind gekommen, Ihnen das Wenige, so sie haben, anzutragen: Vergeben Sie ihrer Kühnheit.
le ragazze del loco,
1335
che il poco ch'han vi vengono ad offrire
e vi chiedon perdon del loro ardire.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse, serrant vite son ruban.
Oh brave! Vi ringrazio.
Das ist brav, ich dank' euch.
Susanna
Susanna
Come sono vezzose!
Wie voll Reize sind sie!
Elles sont charmantes : je me reproche, mes belles petites, de ne pas vous connaître toutes. (Montrant Chérubin.) Quelle est cette aimable enfant qui a l'air si modeste ?
La Contessa
Die Gräfin
E chi è, narratemi,
Sagt mir, wer ist jenes liebenswürdige Mädchen dort, so ganz Eingezogenheit?
quell'amabil fanciulla
1340
ch'ha l'aria sì modesta?
Barbarina
Barberina
Une Bergère
Ella è una mia cugina, e per le nozze
Sie ist meine Base, sie ist gestern abends der Hochzeit halber hieher gekommen.
C'est une cousine à moi, madame, qui n'est ici que pour la noce.
è venuta ier sera.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse
Onoriamo la bella forestiera.
Lasst uns jene schöne Fremde beehren! Komm her… Gib mir deine Blumen. Sie errötet – – Susanna – – – sieht sie nicht jemandem gleich?
Elle est jolie. Ne pouvant porter vingt bouquets, faisons honneur à l'étrangère. (Elle prend le bouquet de Chérubin et le baise au front.) Elle en rougit ! (À Suzanne.) Ne trouves-tu pas, Suzon… qu'elle ressemble à quelqu'un ?
Venite qui…
Datemi i vostri fiori.
(Prende i fiori di Cherubino e lo bacia in fronte.)
1345
Come arrossì!… Susanna, e non ti pare…
che somigli ad alcuno?…
Susanna
Susanna
Suzanne
Al naturale.
Ganz gleich!
À s'y méprendre, en vérité.
Chérubin, à part, les mains sur son cœur.
Ah ! Ce baiser-là m'a été bien loin !
SCENA XI
Eilfter Auftritt
SCÈNE V
I sudetti, il Conte e Antonio.
Die Vorigen, der Graf, Anton.
Les jeunes filles, Chérubin au milieu d'elles, Fanchette, Antonio, le Comte, la Comtesse, Suzanne.
(Antonio ha il cappello di Cherubino, entra in scena pian piano, gli cava la cuffia di donna e gli mette in testa il cappello stesso.)
(Anton hat den Hut des Cherubin, tritt ganz leise herein, nimmt ihm die Haube ab und setzet ihm seinen Hut auf.)
Antonio
Anton
Antonio
Eh! Cospettaccio! È questi l'uffiziale.
Sehen Sie da zum Geier! Dieser ist der Offizier.
Moi je vous dis, Monseigneur, qu'il y est ; elles l'ont habillé chez ma fille ; toutes ses hardes y sont encore, et voilà son chapeau d'ordonnance que j'ai retiré du paquet. (Il s'avance, et regardant toutes les filles, il reconnaît Chérubin, lui enlève son bonnet de femme, ce qui fait retomber ses longs cheveux en cadenette. Il lui met sur la tête le chapeau d'ordonnance et dit :.) Eh ! parguenne, v'là notre officier.
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesserecule.
(Oh stelle!)
O Gott!
Ah ! Ciel !
Susanna
Susanna
Suzanne
(Malandrino!)
(Der Schelm!)
Ce friponneau !
Antonio
Quand je disais là-haut que c'était lui !…
Il Conte
Der Graf
Le Comte, en colère.
Ebben, madama?…
Also Madame!
Eh bien, madame !
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse
Io sono, o signor mio,
Was soll ich sagen? Ich erstaune nicht weniger als du selbst.
Eh bien, monsieur ! vous me voyez plus surprise que vous, et, pour le moins, aussi fâchée.
1350
irritata e sorpresa al par di voi.
Il Conte
Der Graf
Le Comte
Ma stamane?…
Aber – heute morgens?
Oui ; mais tantôt, ce matin ?
La Contessa
Die Gräfin
La Comtesse
Stamane…
Heute morgens – – – Wir wollten ihn für die heutige Feier ebenso kleiden, wie sie ihn itzt gekleidet haben.
Je serais coupable en effet, si je dissimulais encore. Il était descendu chez moi. Nous entamions le badinage que ces enfants viennent d'achever ; vous nous avez surprises l'habillant ; votre premier mouvement est si vif ! il s'est sauvé, je me suis troublée, l'effroi général a fait le reste.
per l'odierna festa
volevam travestirlo al modo stesso
che l'han vestito adesso.
Il Conte
Der Graf
Le Comte, avec dépit, à Chérubin.
(A Cherubino.)
1355
E perché non partiste?
Und du? Warum bist du nicht fortgereist?
Pourquoi n'êtes-vous pas parti ?
Cherubino
Cherubin
Chérubin, ôtant son chapeau brusquement.
(Cavandosi il cappello bruscamente.)
Signor…
Herr – – – –
Monseigneur…
Il Conte
Der Graf
Le Comte
Saprò punire
Ich will deinen Ungehorsam nach Verdienste strafen.
Je punirai ta désobéissance.
la sua disobbedienza.
Barbarina
Barberina
Fanchette, étourdiment.
Eccellenza, eccellenza,
Aber Exzellenz, Sie sagen mir, so oft Sie mich umarmen und küssen: "Barberina, wenn du mich liebest, sollst du von mir alles haben, was du verlangest!"
Ah ! Monseigneur, entendez-moi ! Toutes les fois que vous venez m'embrasser, vous savez bien que vous dites toujours : « Si tu veux m'aimer, petite Fanchette, je te donnerai ce que tu voudras. »
voi mi dite sì spesso
1360
qualvolta m'abbracciate e mi baciate:
"Barbarina, se m'ami
ti darò quel che brami…"
Il Conte
Der Graf
Le Comte, rougissant.
Io dissi questo?…
Ich habe das gesagt?
Moi ! j'ai dit cela ?
Barbarina
Barberina
Fanchette
Voi.
Sie, ja, Sie: Nun lassen Sie mich den Cherubin heuraten; ich werde Sie lieben, wie ich mein Kätzchen liebe.
Oui, Monseigneur. Au lieu de punir Chérubin, donnez-le-moi en mariage, et je vous aimerai à la folie.
Or datemi, padrone,
1365
in sposo Cherubino,
e v'amerò com'amo il mio gattino.
Le Comte, à part.
Être ensorcelé par un page !
La Contessa
La Comtesse
(Al Conte.)
Adesso tocca a voi.
Eh bien ! monsieur, à votre tour ; l'aveu de cette enfant, aussi naïf que le mien, atteste enfin deux vérités : que c'est toujours sans le vouloir si je vous cause des inquiétudes, pendant que vous épuisez tout pour augmenter et justifier les miennes.