Kritische Edition des vertonten Textes (Partiturtext)   Kritische Edition des Libretto-Erstdrucks Wien 1786 (Libretto)   Kritische Edition der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785 (Vorlage)  
SCENA IV
SCENA IV
SCÈNE XV
Il Conte, Marcellina, Don Curzio, Figaro e Bartolo; poi Susanna.
Il Conte, Marcellina, Don Curzio, Figaro, Bartolo; poi Susanna.
Les acteurs précedents, Antonio, les valets du château, les paysans et paysannes en habits de fête; le Comte s'assied sur le grand fauteuil, Brid’oison sur une chaise à côté; le Greffier sur le tabouret derrière sa table; les juges, les advocats sur les banquettes; Marceline à côté de Bartholo; Figaro sur l'autre banquette; les paysans et valets debout derrière.
Recitativo
Brid'oison, à Double-Main.
Double-Main, a-appelez les causes.
Double-Mainlit un papier.
Noble, très noble, infiniment noble, Dom Pedro George, Hidalgo, baron de Los Altos, y Montes Fieros, y otros montes ; contre Alonzo Calderon, jeune auteur dramatique. Il est question d'une comédie mort-née, que chacun désavoue et rejette sur l'autre.
Le Comte
Ils ont raison tous deux. Hors de Cour. S'ils font ensemble un autre ouvrage, pour qu'il marque un peu dans le grand monde, ordonné que le noble y mettra son nom, le poète son talent.
Double-Mainlit un autre papier.
André Petrutchio, laboureur ; contre le receveur de la province. Il s'agit d'un forcement arbitraire.
Le Comte
L'affaire n'est pas de mon ressort. Je servirai mieux mes vassaux en les protégeant près du Roi. Passez.
Double-Mainen prend un troisième.
(Bartholo et Figaro se lèvent.)
Barbe-Agar-Raab-Magdelène-Nicole-Marceline de Verte-Allure, fille majeure ; (Marceline se lève et salue.) contre Figaro… nom de baptême en blanc ?
Figaro
Anonyme.
Brid'oison
A-anonyme ! Què-el patron est-ce-là ?
Figaro
C'est le mien.
Double-Mainécrit.
Contre anonyme Figaro. Qualités ?
Figaro
Gentilhomme.
Le Comte
Vous êtes gentilhomme ? (Le greffier écrit.)
Figaro
Si le Ciel l'eût voulu, je serais fils d'un prince.
Le Comte, au greffier.
Allez.
L'Huissier, glapissant.
Silence, messieurs.
Double-Mainlit.
…Pour cause d'opposition faite au mariage dudit Figaro, par ladite de Verte-Allure. Le docteur Bartholo plaidant pour la demanderesse, et ledit Figaro pour lui-même ; si la Cour le permet, contre le vœu de l'usage, et la jurisprudence du siège.
Figaro
L'usage, maître Double-Main, est souvent un abus ; le client un peu instruit sait toujours mieux sa cause que certains avocats qui, suant à froid, criant à tue tête, et connaissant tout, hors le fait, s'embarrassent aussi peu de ruiner le plaideur que d'ennuyer l'auditoire, et d'endormir Messieurs ; plus boursoufflés après que s'ils eussent composé l'Oratio pro Murena ; moi je dirai le fait en peu de mots. Messieurs…
Double-Main
En voilà beaucoup d'inutiles, car vous n'êtes pas demandeur et n'avez que la défense. Avancez, docteur, et lisez la promesse.
Figaro
Oui, promesse !
Bartholo, mettant ses lunettes.
Elle est précise.
Brid'oison
I-il faut la voir.
Double-Main
Silence donc, messieurs.
L'Huissier, glapissant.
Silence.
Barthololit.
« Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc., Marceline de Verte-Allure, dans le château d'Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes cordonnées ; laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château, et je l'épouserai, par forme de reconnaissance, etc. » Signé Figaro, tout court. Mes conclusions sont au payement du billet, et à l'exécution de la promesse, avec dépens. (Il plaide.) Messieurs… jamais cause plus intéressante ne fut soumise au jugement de la Cour ! et depuis Alexandre le Grand, qui promit mariage à la belle Thalestris…
Le Comte, interrompant.
Avant d'aller plus loin, avocat… convient-on de la validité du titre ?
Brid'oison, à Figaro.
Qu'oppo… qu'oppo-osez-vous à cette lecture ?
Figaro
Qu'il y a, messieurs, malice, erreur, ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce ; car il n'est pas dit dans l'écrit : « laquelle somme je lui rendrai et je l'épouserai » ; mais : « laquelle somme je lui rendrai ou je l'épouserai » ; ce qui est bien différent.
Le Comte
Y a-t-il et dans l'acte, ou bien ou ?
Bartholo
Il y a et.
Figaro
Il y a ou.
Brid'oison
Dou-ouble-Main, lisez vous-même.
Double-Main, prenant le papier.
Et c'est le plus sûr ; car souvent les parties déguisent en lisant. (Il lit.) « E, e, e, damoiselle e, e, e, de Verte-allure e, e, e… Ha ! laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château… etouetou… » Le mot est si mal écrit… il y a un pâté.
Brid'oison
Un pâ-âté ? je sais ce que c'est.
Bartholo, plaidant.
Je soutiens, moi, que c'est la conjonction copulative et qui lie les membres corrélatifs de la phrase : je paierai la demoiselle et je l'épouserai.
Figaro, plaidant.
Je soutiens, moi, que c'est la conjonction alternative ou qui sépare lesdits membres ; je payerai la donzelle ou je l'épouserai : à pédant, pédant et demi ; qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
Le Comte
Comment juger pareille question ?
Bartholo
Pour la trancher, messieurs, et ne plus chicaner sur un mot, nous passons qu'il y ait ou.
Figaro
J'en demande acte.
Bartholo
Et nous y adhérons. Un si mauvais refuge ne sauvera pas le coupable : examinons le titre en ce sens. (Il lit.) « Laquelle somme je lui rendrai dans ce château je l'épouserai ». C'est ainsi qu'on dirait, messieurs : « vous vous ferez saigner dans ce lit vous resterez chaudement », c'est « dans lequel ».
« Il prendra deux gros de rhubarbe vous mêlerez un peu de tamarin » ; dans lesquels on mêlera. Ainsi « château je l'épouserai », messieurs, c'est « château dans lequel »…
Figaro
Point du tout : la phrase est dans le sens de celle-ci : « ou la maladie vous tuera, ou ce sera le médecin ; ou bien le médecin » ; c'est incontestable. Autre exemple : « ou vous n'écrirez rien qui plaise, ou les sots vous dénigreront ; ou bien les sots » ; le sens est clair ; car, audit cas, « sots ou méchants » sont le substantif qui gouverne. Maître Bartholo croit-il donc que j'aie oublié ma syntaxe ? Ainsi, je la payerai dans ce château, virgule ; ou je l'épouserai…
Bartholo, vite.
Sans virgule.
Figaro, vîte.
Elle y est. C'est virgule, messieurs, ou bien je l'épouserai.
Bartholo, regardant le papier; vite.
Sans virgule, messieurs.
Figaro, vite.
Elle y était, messieurs. D'ailleurs, l'homme qui épouse est-il tenu de rembourser ?
Bartholo, vite.
Oui ; nous nous marions séparés de biens.
Figaro, vite.
Et nous de corps, dès que mariage n'est pas quittance. (Les juges se lèvent et opinent tout bas.)
Bartholo
Plaisant acquittement !
Double-Main
Silence, messieurs.
L'Huissier, glapissant.
Silence.
Bartholo
Un pareil fripon appelle cela payer ses dettes !
Figaro
Est-ce votre faute, avocat, que vous plaidez ?
Bartholo
Je défends cette demoiselle.
Figaro
Continuez à déraisonner ; mais cessez d'injurier. Lorsque, craignant l'emportement des plaideurs, les tribunaux ont toléré qu'on appelât des tiers, ils n'ont pas entendu que ces défenseurs modérés deviendraient impunément des insolents privilégiés. C'est dégrader le plus noble institut. (Les juges continuent d'opiner bas.)
Antonio, à Marceline, montrant les juges.
Qu'ont-ils tant à balbucifier ?
Marceline
On a corrompu le grand juge, il corrompt l'autre, et je perds mon procès.
Bartholo, bas, d'un ton sombre.
J'en ai peur.
Figaro, gaiement.
Courage, Marceline.
Double-Mainse lève; à Marceline.
Ah, c'est trop fort ! je vous dénonce ; et pour l'honneur du tribunal, je demande qu'avant faire droit sur l'autre affaire, il soit prononcé sur celle-ci.
Le Comtes'assied.
Non, greffier, je ne prononcerai point sur mon injure personnelle : un juge espagnol n'aura point à rougir d'un excès digne au plus des tribunaux asiatiques : c'est assez des autres abus ! J'en vais corriger un second en vous motivant mon arrêt : tout juge qui s'y refuse est un grand ennemi des lois ! Que peut requérir la demanderesse ? mariage à défaut de paiement ; les deux ensemble impliqueraient.
Double-Main
Silence, messieurs !
L'Huissier, glapissant.
Silence !
Le Comte
Que nous répond le défendeur ? qu'il veut garder sa personne ; à lui permis.
Figaro, avec joie.
J'ai gagné.
Don Curzio
Don Curzio
Le Comte
(Tartagliando.)
È decisa la lite.
È decisa la lite.
Mais comme le texte dit : « laquelle femme je payerai à la première réquisition, ou bien j'épouserai, etc. », la Cour condamne le défendeur à payer deux mille piastres fortes à la demanderesse, ou bien à l'épouser dans le jour. (Il se lève.)
1175
"O pagarla o sposarla." Ora ammutite.
"O pagarla o sposarla." Ora ammutite.
Figaro, stupéfait.
J'ai perdu.
Antonio, avec joie.
Superbe arrêt.
Figaro
En quoi superbe ?
Antonio
En ce que tu n'es plus mon neveu. Grand merci, Monseigneur.
L'Huissier, glapissant.
Passez, messieurs. (Le peuple sort.)
Antonio
Je m'en vas tout conter à ma nièce. (Il sort.)
SCÈNE XVI
Le Comte, allant de côté et d'autre; Marceline, Bartholo, Figaro, Brid’oison.
Marcellina
Marcellina
Marcelines'assied.
Io respiro.
Io respiro.
Ah ! je respire.
Figaro
Figaro
Figaro
Ed io moro.
Ed io moro.
Et moi, j'étouffe.
Le Comte, à part.
Au moins je suis vengé, cela soulage.
Marcellina
Marcellina
(Alfin sposa io sarò d'un uom ch'adoro.)
1155
(Alfin sposa io sarò d'un uom che adoro.)
Figaro
Figaro
Figaro, à part.
Eccellenza, m'appello…
Eccellenza, m'appello…
Et ce Bazile qui devait s'opposer au mariage de Marceline ; voyez comme il revient ! – (Au Comte qui sort.) Monseigneur, vous nous quittez ?
Il Conte
Il Conte
Le Comte
È giusta la sentenza.
È giusta la sentenza.
Tout est jugé.
1180
O pagar o sposar. Bravo, Don Curzio.
O pagar o sposar. Bravo, Don Curzio.
Figaro, à Brid'oison.
C'est ce gros enflé de conseiller…
Brid'oison
Moi, gro-os enflé !
Don Curzio
Don Curzio
Bontà di Sua Eccellenza.
Bontà di Sua Eccellenza.
Bartolo
Bartolo
Che superba sentenza!
1160
Che superba sentenza!
Figaro
Figaro
In che superba?
In che superba?
Bartolo
Bartolo
Siam tutti vendicati.
Siam tutti vendicati.
Figaro
Figaro
Figaro
Io non la sposerò.
Io non la sposerò.
Sans doute. Et je ne l'épouserai pas : je suis gentilhomme une fois. (Le Comte s'arrête.)
Bartolo
Bartolo
Bartholo
La sposerai.
La sposerai.
Vous l'épouserez.
Don Curzio
Don Curzio
1185
O pagarla o sposarla.
O pagarla o sposarla.
Marcellina
Marcellina
Io t'ho prestati
Io t'ho prestati
duemila pezzi duri.
1165
duemila pezzi duri.
Figaro
Figaro
Figaro
Son gentiluomo, e senza
Son gentiluomo, e senza
Sans l'aveu de mes nobles parents ?
l'assenso de' miei nobili parenti…
l'assenso de' miei nobili parenti…
Il Conte
Il Conte
Bartholo
1190
Dove sono? Chi sono?
Dove sono? Chi sono?…
Nommez-les, montrez-les.
Figaro
Figaro
Figaro
Lasciate ancor cercarli:
Lasciate ancor cercarli:
Qu'on me donne un peu de temps : je suis bien près de les revoir ; il y a quinze ans que je les cherche.
dopo dieci anni io spero di trovarli.
1170
dopo dieci anni io spero di trovarli.
Bartolo
Bartolo
Bartholo
Qualche bambin trovato.
Qualche bambin trovato.
Le fat ! c'est quelqu'enfant trouvé !
Figaro
Figaro
Figaro
No, perduto, dottor, anzi rubato.
No, perduto, dottor, anzi rubato.
Enfant perdu, docteur ; ou plutôt enfant volé.
Il Conte
Il Conte
1195
Come?
Come?
Marcellina
Marcellina
Cosa?
Cosa?
Bartolo
Bartolo
Le Comterevient.
La pruova?
La pruova?
« Volé, perdu », la preuve ? il crierait qu'on lui fait injure !
Don Curzio
Don Curzio
Il testimonio?
Il testimonio?
Figaro
Figaro
Figaro
L'oro, le gemme e i ricamati panni
L'oro, le gemme e i ricamati panni
Monseigneur, quand les langes à dentelles, tapis brodés et joyaux d'or trouvés sur moi par les brigands n'indiqueraient pas ma haute naissance, la précaution qu'on avait prise de me faire des marques distinctives témoignerait assez combien j'étais un fils précieux ; et cet hiéroglyphe à mon bras… (Il veut se dépouiller le bras droit.)
che ne' più teneri anni
1175
che ne' più teneri anni
mi ritrovaro addosso i masnadieri
mi ritrovaro addosso i masnadieri
sono gl'indizi veri
sono gli indizi veri
1200
di mia nascita illustre, e sopra tutto
di mia nascita illustre, e sopra tutto
questo al mio braccio impresso geroglifico…
questo al mio braccio impresso geroglifico…
Marcellina
Marcellina
Marceline, se levant vivement.
Una spatola impressa al braccio destro…
1180
Una spatola impressa al braccio destro…
Une spatule à ton bras droit ?
Figaro
Figaro
Figaro
E a voi chi 'l disse?
E a voi chi 'l disse?
D'où savez-vous que je dois l'avoir ?
Marcellina
Marcellina
Marceline
Oddio!
Oddio!
Dieux ! c'est lui !
È egli…
È egli…
Figaro
Figaro
Figaro
È ver, son io.
È ver, son io.
Oui, c'est moi.
Don Curzio
Don Curzio
Bartholo, à Marceline.
1205
Chi?
Chi?
Et qui ? lui !
Il Conte
Il Conte
Chi?
Chi?
Bartolo
Bartolo
Chi?
Chi?
Marcellina
Marcellina
Marceline, vivement.
Raffaello.
Raffaello.
C'est Emmanuel.
Bartolo
Bartolo
Bartholo, à Figaro.
E i ladri ti rapir…
E i ladri ti rapir…
Tu fus enlevé par des bohémiens ?
Figaro
Figaro
Figaro, exalté.
…presso un castello.
…presso un castello.
Tout près d'un château. Bon docteur, si vous me rendez à ma noble famille, mettez un prix à ce service ; des monceaux d'or n'arrêteront pas mes illustres parents.
Bartolo
Bartolo
Bartholo, montrant Marceline.
Ecco tua madre.
1185
Ecco tua madre.
Voilà ta mère.
Figaro
Figaro
Figaro
Balia…
Balia…
…Nourrice ?
Bartolo
Bartolo
Bartholo
No, tua madre.
No, tua madre.
Ta propre mère.
Don Curzio, il Conte
Don Curzio, il Conte
Le Comte
Sua madre!
Sua madre!
Sa mère !
Figaro
Figaro
Figaro
Cosa sento!
Cosa sento!
Expliquez-vous.
Marcellina
Marcellina
Marceline, montrant Bartholo.
Ecco tuo padre.
Ecco tuo padre.
Voilà ton père.
Figaro, désolé.
Oh oh oh ! aïe de moi !
Marceline
Est-ce que la nature ne te l'a pas dit mille fois ?
Figaro
Jamais.
Le Comte, à part.
Sa mère !
N° 19 Sestetto
Marcellina
Marcellina
(Abbracciando Figaro.)
(Corre ad abbracciar Figaro.)
    Riconosci in questo amplesso
    Riconosci in questo amplesso
1210
una madre, amato figlio!
una madre, amato figlio!
Figaro
Figaro
(A Bartolo.)
(A Bartolo.)
Padre mio, fate lo stesso,
Padre mio, fate lo stesso,
non mi fate più arrossir.
1190
non mi fate più arrossir.
Bartolo
Bartolo
(Abbracciando Figaro.)
(Abbraccia Figaro e restano così fino al verso "Lascia, iniquo".)
    Resistenza la coscienza
    Resistenza la coscienza
far non lascia al tuo desir.
far non lascia al tuo desir.
(Restano così fino al verso "Lascia, iniquo".)
Don Curzio
Don Curzio
Brid'oison
1215
Ei suo padre, ella sua madre:
Ei suo padre, ella sua madre:
C'est clair, i-il ne l'épousera pas.
l'imeneo non può seguir.Variante in den Textwiederholungen:
l'imeneo non può seguir, no.
l'imeneo non può seguir.
Ce qui suit, enfermé entre ces deux index, a été retranché par les Comédiens-Français aux représentations de Paris.Bartholo
Ni moi non plus.
Marceline
Ni vous ! et votre fils ? vous m'aviez juré…
Bartholo
J'étais fou. Si pareils souvenirs engageaient, on serait tenu d'épouser tout le monde.
Brid'oison
E-et si l'on y regardait de si près, per-ersonne n'épouserait personne.
Bartholo
Des fautes si connues ! une jeunesse déplorable !
Marceline, s'échauffant par degrés.
Oui, déplorable, et plus qu'on ne croit ! Je n'entends pas nier mes fautes, ce jour les a trop bien prouvées ! mais qu'il est dur de les expier après trente ans d'une vie modeste ! J'étais née, moi, pour être sage, et je la suis devenue sitôt qu'on m'a permis d'user de ma raison. Mais dans l'âge des illusions, de l'inexpérience et des besoins, où les séducteurs nous assiègent, pendant que la misère nous poignarde, que peut opposer une enfant à tant d'ennemis rassemblés ? Tel nous juge ici sévèrement, qui, peut-être, en sa vie a perdu dix infortunées !
Figaro
Les plus coupables sont les moins généreux ! c'est la règle.
Marceline, vivement.
Hommes plus qu'ingrats, qui flétrissez par le mépris les jouets de vos passions, vos victimes ! c'est vous qu'il faut punir des erreurs de notre jeunesse ; vous et vos magistrats, si vains du droit de nous juger, et qui nous laissent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister. Est-il un seul état pour les malheureuses filles ? Elles avaient un droit naturel à toute la parure des femmes : on y laisse former mille ouvriers de l'autre sexe.
Figaro, en colère.
Ils font broder jusqu'aux soldats !
Marceline, exaltée.
Dans les rangs mêmes plus élevés, les femmes n'obtiennent de vous qu'une considération dérisoire ; leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié !
Figaro
Elle a raison !
Le Comte, à part.
Que trop raison !
Brid'oison
Elle a, mon-on Dieu, raison.
Marceline
Mais que nous sont, mon fils, les refus d'un homme injuste ? ne regarde pas d'où tu viens, vois où tu vas ; cela seul importe à chacun. Dans quelques mois, ta fiancée ne dépendra plus que d'elle-même ; elle t'acceptera, j'en réponds : vis entre une épouse, une mère tendres qui te chériront à qui mieux mieux. Sois indulgent pour elles, heureux pour toi, mon fils ; gai, libre, et bon pour tout le monde : il ne manquera rien à ta mère.
Figaro
Tu parles d'or, maman, et je me tiens à ton avis. Qu'on est sot, en effet ! il y a des mille, mille ans que le monde roule, et dans cet océan de durée où j'ai par hasard attrapé quelques chétifs trente ans qui ne reviendront plus, j'irais me tourmenter pour savoir à qui je les dois ! tant pis pour qui s'en inquiète ! Passer ainsi la vie à chamailler, c'est peser sur le collier sans relâche, comme les malheureux chevaux de la remonte des fleuves qui ne reposent pas, même quand ils s'arrêtent, et qui tirent toujours quoiqu'ils cessent de marcher. Nous attendrons… ←
Il Conte
Il Conte
Le Comte
Son smarrito, son stordito;
1195
Son deluso, son confuso;
Sot événement qui me dérange !
meglio è assai di qua partir.
meglio è assai di qua partir.
(Vuol partire.)
(Il Conte va per partire, Susanna l'arresta.)
Brid'oison, à Figaro.
Et la noblesse et le château ? vous impo-osez à la justice ?
Marcellina, Bartolo
Figlio amato!Die zwei in Mozarts Vertonung eingefügten Ausrufe "Figlio amato!" (Marcellina/Bartolo) und "Parenti amati!" (Figaro) fallen aus dem ursprünglichen metrischen Duktus des Librettos (Achtsilbler) heraus.
Figaro
Figaro
1220
Parenti amati!
Elle allait me faire faire une belle sottise, la justice ! après que j'ai manqué, pour ces maudits cent écus, d'assommer vingt fois monsieur, qui se trouve aujourd'hui mon père ! Mais, puisque le Ciel à sauvé ma vertu de ces dangers, mon père, agréez mes excuses… Et vous, ma mère, embrassez-moi… le plus maternellement que vous pourrez.
(Marceline lui saute au cou.)
SCÈNE XVII
Bartholo, Figaro, Marceline, Brid’oison, Suzanne, Antonio, le Comte.
Susanna
Susanna
Suzanne, accourant une bourse à la main.
(Arrestando il Conte.)
    Alto, alto, signor Conte,
    Alto, alto, signor Conte,
Monseigneur, arrêtez ; qu'on ne les marie pas : je viens payer madame avec la dot que ma maîtresse me donne.
mille doppie son qui pronte:
mille doppie son qui pronte:
a pagar vengo per Figaro
a pagar vengo per Figaro
ed a porlo in libertà.
1200
ed a porlo in libertà.
Le Comte, à part.
Au diable la maîtresse ! Il semble que tout conspire…
(Il sort.)
SCÈNE XVIII
Bartholo, Antonio, Suzanne, Figaro, Marceline, Brid’oison.
Don Curzio, il Conte
Il Conte, Don Curzio
Antonio, voyant Figaro embrasser sa mère, dit à Suzanne.
1225
    Non sappiam com'è la cosa,
    Non sappiam com'è la cosa,
Ah ! oui, payer ! Tiens, tiens.
osservate un poco là.
osservate un poco là.
Suzannese retourne.
J'en vois assez : sortons, mon oncle.
Figaro, l'arrêtant.
Non, s'il vous plaît. Que vois-tu donc ?
Suzanne
Ma bêtise et ta lâcheté.
Figaro
Pas plus de l'une que de l'autre.
Susanna
Susanna
Suzanne, en colère.
(Vedendo Figaro che abbraccia Marcellina.)
(Si volge e vede Figaro che abbraccia Marcellina.)
Già d'accordo ei se la sposa:
Già d'accordo ei se la sposa:
Et que tu l'épouses à gré, puisque tu la caresses.
giusti dèi, che infedeltà!
giusto ciel, che infedeltà!
(Vuol partire.)
(Vuol partire.)
    Lascia, iniquo.
1205
    Lascia, iniquo.
Figaro
Figaro
Figaro, gaiement.
(Trattenendo Susanna.)
No, t'arresta.
No, t'arresta.
Je la caresse ; mais je ne l'épouse pas.
1230
Senti, o cara…
Senti, o cara…
(Figaro la trattiene: ella fa forza, poi dà uno schiaffo a Figaro.)
(Suzanne veut sortir, Figaro la retient.)
Susanna
Susanna
Suzannelui donne un soufflet.
(Fa forza, poi dà uno schiaffo a Figaro.)
Senti questa.
Senti questa.
Vous êtes bien insolent d'oser me retenir !
Marcellina, Bartolo, Figaro
Bartolo, Figaro, Marcellina
Figaro, à la compagnie.
È un effetto di bon core,
È un effetto di bon core,
C'est-il çà de l'amour ? Avant de nous quitter, je t'en supplie, envisage bien cette chère femme-là.
tutto amore è quel che fa.
tutto amore è quel che fa.
Il Conte, Don Curzio
Il Conte, Don Curzio
Fremo|Freme, smanio|smania dal furore,Variante in den Textwiederholungen:
Fremo|Freme e smanio|smania dal furore,
Fremo|Freme, smanio|smania dal furore,
il destino a me la|gliela fa.
1210
il destino me la|gliela fa.
Susanna
Susanna
Suzanne
1235
Fremo, smanio dal furore,
Fremo, smanio dal furore,
Je la regarde.
Figaro
Et tu la trouves ?
Suzanne
una vecchia a me la fa.
una vecchia a me la fa.
Affreuse.
Figaro
Et vive la jalousie ! elle ne vous marchande pas.
Marcellina
Marcellina
Marceline, les bras ouverts.
(Corre ad abbracciar Susanna.)
(Corre ad abbracciar Susanna.)
    Lo sdegno calmate,
    Lo sdegno calmate,
Embrasse ta mère, ma jolie Suzanette. Le méchant qui te tourmente est mon fils.
mia cara figliuola,
mia cara figliuola,
sua madre abbracciate
1215
sua madre abbracciate
1240
che vostra or sarà.Variante in den Textwiederholungen:
che or vostra sarà.
che vostra or sarà.
Susanna
Susanna
Suzannecourt à elle.
(A Bartolo, al Conte, a Don Curzio, a Marcellina.)
    Sua madre?Variante in den Textwiederholungen:
(A Figaro.)
Tua madre?
    Sua madre?
Vous sa mère ! (Elles restent dans les bras l'une de l'autre.)
Antonio
C'est donc de tout à l'heure ?
Figaro
…Que je le sais.
Marceline, exaltée.
Non, mon cœur entraîné vers lui ne se trompait que de motif ; c'était le sang qui me parlait.
Figaro
Et moi le bon sens, ma mère, qui me servait d'instinct quand je vous refusais, car j'étais loin de vous haïr ; témoin l'argent…
Marcellina, Don Curzio, il Conte, Bartolo
Tutti
(A Susanna.)
(A Susanna.)
Sua madre.
Sua madre.
Figaro
Figaro
(A Susanna.)
(A Susanna.)
E quello è mio padre
E quello è mio padre
che a te lo dirà.
che a te lo dirà.
Susanna
Susanna
(A Bartolo, al Conte, a Don Curzio, a Marcellina.)
    Suo padre?Variante in den Textwiederholungen:
(A Figaro.)
Tuo padre?
1220
    Suo padre?
Marcellina, Don Curzio, il Conte, Bartolo
Tutti
(A Susanna.)
(A Susanna.)
Suo padre.
Suo padre.
Figaro
Figaro
(A Susanna.)
(A Susanna.)
1245
E quella è mia madre
E quella è mia madre
che a te lo dirà.
che a te lo dirà.
(Corrono tutti quattro ad abbracciarsi.)
(Corrono tutti quattro ad abbracciarsi.)
Susanna, Marcellina, Bartolo, Figaro
Susanna, Figaro, Bartolo, Marcellina
    Al dolce contento
    Al dolce diletto
di questo momento
che m'agita il petto
quest'anima appena
1225
quest'anima appena
1250
resister or sa.
resistere or sa.
Don Curzio, il Conte
Il Conte, Don Curzio
    Al fiero tormento
    A l'ira, al dispetto
di questo momento
che m'agita il petto
quell'|quest'anima appena
quest'|quell'anima appena
resister or sa.
1230
resistere or sa.
(Il Conte e Don Curzio partono.)
(Il Conte e Don Curzio partono.)
SCENA V
SCENA V
Susanna, Marcellina, Figaro e Bartolo.
Marcellina, Bartolo, Figaro, Susanna.
Recitativo
Marcellina
Marcellina
(A Bartolo.)
(A Bartolo.)
1255
Eccovi, o caro amico, il dolce frutto
Eccovi, o caro amico, il dolce frutto
dell'antico amor nostro…
de l'antico amor nostro…
Bartolo
Bartolo
Or non parliamo
Or non parliamo
di fatti sì rimoti; egli è mio figlio,
di fatti sì rimoti; egli è mio figlio,
mia consorte voi siete,
mia consorte voi siete,
e le nozze farem quando volete.
1235
e le nozze farem quando volete.
Marcellina
Marcellina
Marcelinelui remet un papier.
1260
Oggi, e doppie saranno:
Oggi, e doppie saranno:
(Dà il biglietto a Figaro.)
(Dà il biglietto a Figaro.)
prendi, questo è il biglietto
prendi, questo è il biglietto
Il est à toi : reprends ton billet, c'est ta dot.
del denar che a me devi, ed è tua dote.
del danar che a me devi, ed è tua dote.
Susanna
Susanna
Suzannelui jette la bourse.
(Gitta per terra una borsa di danari.)
(Gitta per terra una borsa di danari.)
Prendi ancor questa borsa.
Prendi ancor questa borsa.
Prends encore celle-ci.
Bartolo
Bartolo
(Fa lo stesso.)
(Fa lo stesso.)
E questa ancora.
E questa ancora.
Figaro
Figaro
Figaro
Bravi, gittate pur ch'io piglio ognora.
1240
Bravi, gittate pur ch'io piglio ognora.
Grand merci.
Marceline, exaltée.
Fille assez malheureuse, j'allais devenir la plus misérable des femmes et je suis la plus fortunée des mères ! Embrassez-moi, mes deux enfants ; j'unis dans vous toutes mes tendresses. Heureuse autant que je puis l'être, ah ! mes enfants, combien je vais aimer !
Figaro, attendri, avec vivacité.
Arrête donc, chère mère ! arrête donc ! voudrais-tu voir se fondre en eau mes yeux noyés des premières larmes que je connaisse ? elles sont de joie, au moins. Mais quelle stupidité ! j'ai manqué d'en être honteux : je les sentais couler entre mes doigts, regarde ; (Il montre ses doigts écartés.) et je les retenais bêtement ! va te promener, la honte ! je veux rire et pleurer en même temps ; on ne sent pas deux fois ce que j'éprouve. (Il embrasse sa mère d'un côté, Suzanne de l'autre.)
(Bartholo, Antonio, Suzanne, Figaro, Marceline, Brid'oison.)
Marceline
Ô mon ami !
Suzanne
Mon cher ami !
Brid'oison, s'essuyant les yeux d'un mouchoir.
Eh bien ! moi ! je suis donc bê-ête aussi !
Figaro, exalté.
Chagrin, c'est maintenant que je puis te défier : atteins-moi, si tu l'oses, entre ces deux femmes chéries.
Antonio, à Figaro.
Pas tant de cajoleries, s'il vous plaît. En fait de mariage dans les familles, celui des parents va devant, savez. Les vôtres se baillent-ils la main ?
Bartholo
Ma main ! puisse-t-elle se dessécher et tomber, si jamais je la donne à la mère d'un tel drôle !
Antonio, à Bartholo.
Vous n'êtes donc qu'un père marâtre ? (À Figaro.) En ce cas, not' galant, plus de parole.
Suzanne
Ah ! mon oncle…
Antonio
Irai-je donner l'enfant de not' sœur à sti qui n'est l'enfant de personne ?
Brid'oison
Est-ce que cela-a se peut, imbécile ? on-on est toujours l'enfant de quelqu'un.
Antonio
Tarare !… il ne l'aura jamais. (Il sort.)
SCÈNE XIX
Bartholo, Suzanne, Figaro, Marceline, Brid’oison.
Bartholo, à Figaro.
Et cherche à présent qui t'adopte. (Il veut sortir.)
Marceline, courant prendre Bartholo à bras le corps, le ramène.
Arrêtez, docteur, ne sortez pas.
Figaro, à part.
Non, tous les sots d'Andalousie sont, je crois, déchaînés contre mon pauvre mariage !
(Suzanne, Bartholo, Marceline, Figaro, Brid'oison.)
Suzanne, à Bartholo.
Bon petit papa, c'est votre fils.
Marceline, à Bartholo.
De l'esprit, des talents, de la figure.
Figaro, à Bartholo.
Et qui ne vous a pas coûté une obole.
Bartholo
Et les cent écus qu'il m'a pris ?
Marceline, le caressant.
Nous aurons tant de soin de vous, papa !
Suzanne, le caressant.
Nous vous aimerons tant, petit papa !
Bartholo, attendri.
Papa ! bon papa ! petit papa ! voilà que je suis plus bête encore que Monsieur, moi. (Montrant Brid'oison.) Je me laisse aller comme un enfant. (Marceline et Suzanne l'embrassent.) Oh ! non, je n'ai pas dit oui. (Il se retourne.) Qu'est donc devenu Monseigneur ?
Susanna
Susanna
1265
Voliamo ad informar d'ogni avventura
Voliamo ad informar d'ogni avventura
madama e nostro zio.
madama e nostro zio.
Chi al par di me contenta!
Chi al par di me contenta!
Figaro
Figaro
Io.
Io.
Bartolo
Marcellina
Io.
Io.
Marcellina
Bartolo
Io.
Io.
Susanna, Marcellina, Bartolo, Figaro
A quattro
Figaro
E schiatti il signor Conte al gusto mio.
E schiatti il signor Conte al gioir mio.
Courons le joindre ; arrachons-lui son dernier mot. S'il machinait quelqu'autre intrigue, il faudrait tout recommencer.
TOUS ENSEMBLE
Courons, courons.
(Partono abbracciati.)
(Partono abbracciati.)
(Ils entraînent Bartholo dehors.)
SCÈNE XX
Brid’oison, seul.
Plus bê-ête encore que Monsieur ! On peut se dire à soi-même ces-es sortes de choses-là, mais… I-ils ne sont pas polis du tout dan-ans cet endroit-ci. (Il sort.)
Fin du troisième acte.
ACTE IV
Le théâtre représente une galerie ornée de candélabres, de lustres allumés, de fleurs, de guirlandes, en un mot préparée pour donner une fête. Sur le devant à droite est une table avec une écritoire, un fauteuil derrière.
SCÈNE PREMIÈRE
Figaro, Suzanne.
Figaro, la tenant à bras-le-corps.
Eh bien ! amour, es-tu contente ? elle a converti son docteur, cette fine langue dorée de ma mère ! malgré sa répugnance il l'épouse, et ton bourru d'oncle est bridé ; il n'y a que Monseigneur qui rage, car enfin notre hymen va devenir le prix du leur. Ris donc un peu de ce bon résultat.
Suzanne
As-tu rien vu de plus étrange ?
Figaro
Ou plutôt d'aussi gai. Nous ne voulions qu'une dot arrachée à l'Excellence ; en voilà deux dans nos mains, qui ne sortent pas des siennes. Une rivale acharnée te poursuivait ; j'étais tourmenté par une furie ; tout cela s'est changé, pour nous, dans « la plus bonne » des mères. Hier j'étais comme seul au monde ; et voilà que j'ai tous mes parents ; pas si magnifiques, il est vrai, que je me les étais galonnés ; mais assez bien pour nous, qui n'avons pas la vanité des riches.
Suzanne
Aucune des choses que tu avais disposées, que nous attendions, mon ami, n'est pourtant arrivée !
Figaro
Le hasard a mieux fait que nous tous, ma petite : ainsi va le monde ; on travaille, on projette, on arrange d'un côté ; la fortune accomplit de l'autre : et depuis l'affamé conquérant qui voudrait avaler la terre, jusqu'au paisible aveugle qui se laisse mener par son chien, tous sont le jouet de ses caprices ; encore l'aveugle au chien est-il souvent mieux conduit, moins trompé dans ses vues, que l'autre aveugle avec son entourage. – Pour cet aimable aveugle, qu'on nomme Amour… (Il la reprend tendrement à bras-le-corps.)
Suzanne
Ah ! c'est le seul qui m'intéresse !
Figaro
Permets donc que, prenant l'emploi de la folie, je sois le bon chien qui le mène à ta jolie mignone porte ; et nous voilà logés pour la vie.
Suzanne, riant.
L'Amour et toi ?
Figaro
Moi et l'Amour.
Suzanne
Et vous ne chercherez pas d'autre gîte ?
Figaro
Si tu m'y prends, je veux bien que mille millions de galants…
Suzanne
Tu vas exagérer : dis ta bonne vérité.
Figaro
Ma vérité la plus vraie !
Suzanne
Fi donc, vilain ! en a-t-on plusieurs ?
Figaro
Oh ! que oui. Depuis qu'on a remarqué qu'avec le temps vieilles folies deviennent sagesse, et qu'anciens petits mensonges, assez mal plantés, ont produit de grosses, grosses vérités, on en a de mille espèces ! Et celles qu'on sait, sans oser les divulguer : car toute vérité n'est pas bonne à dire ; et celles qu'on vante, sans y ajouter foi : car toute vérité n'est pas bonne à croire ; et les serments passionnés, les menaces des mères, les protestations des buveurs, les promesses des gens en place, le dernier mot de nos marchands ; cela ne finit pas. Il n'y a que mon amour pour Suzon qui soit une vérité de bon aloi.
Suzanne
J'aime ta joie, parce qu'elle est folle ; elle annonce que tu es heureux. Parlons du rendez-vous du Comte.
Figaro
Ou plutôt n'en parlons jamais ; il a failli me coûter Suzanne.
Suzanne
Tu ne veux donc plus qu'il ait lieu ?
Figaro
Si vous m'aimez, Suzon, votre parole d'honneur sur ce point : qu'il s'y morfonde ; et c'est sa punition.
Suzanne
Il m'en a plus coûté de l'accorder que je n'ai de peine à le rompre ; il n'en sera plus question.
Figaro
Ta bonne vérité ?
Suzanne
Je ne suis pas comme vous autres savants ; moi, je n'en ai qu'une.
Figaro
Et tu m'aimeras un peu ?
Suzanne
Beaucoup.
Figaro
Ce n'est guère.
Suzanne
Et comment ?
Figaro
En fait d'amour, vois-tu, trop n'est pas même assez.
Suzanne
Je n'entends pas toutes ces finesses ; mais je n'aimerai que mon mari.
Figaro
Tiens parole, et tu feras une belle exception à l'usage. (Il veut l'embrasser.)
SCÈNE II
Figaro, Suzanne, la Comtesse.
La Comtesse
Ah ! j'avais raison de le dire : en quelque endroit qu'ils soient, croyez qu'ils sont ensemble. Allons donc, Figaro, c'est voler l'avenir, le mariage et vous-même, que d'usurper un tête-à-tête. On vous attend, on s'impatiente.
Figaro
Il est vrai, madame, je m'oublie. Je vais leur montrer mon excuse.
(Il veut emmener Suzanne.)
La Comtessela retient.
Elle vous suit.
SCENA VI
SCENA VI
Barbarina, Cherubino.
Cherubino e Barbarina.
Recitativo
Barbarina
Barbarina
Andiam, andiam, bel paggio; in casa mia
1245
Andiam, andiam, bel paggio; in casa mia
1270
tutte ritroverai
tutte ritroverai
le più belle ragazze del castello,
le più belle ragazze del castello,
di tutte sarai tu certo il più bello.
di tutte sarai tu certo il più bello.
Cherubino
Cherubino
Ah se il Conte mi trova,
Ah se il Conte mi trova,
misero me! Tu sai
1250
misero me! Tu sai
1275
che partito ei mi crede per Siviglia.
che partito ei mi crede per Siviglia.
Barbarina
Barbarina
Oh ve' che maraviglia! E se ti trova
Oh ve' che maraviglia! E se ti trova
non sarà cosa nova… Odi… Vogliamo
non sarà cosa nova… Odi… Vogliamo
vestirti come noi:
vestirti come noi:
tutte insiem andrem poi
1255
tutte insieme andrem poi
1280
a presentar de' fiori a madamina;
a presentar de' fiori a madamina;
fidati, o Cherubin, di Barbarina.
fidati, o Cherubin, di Barbarina.
Cherubino
    Se così brami
teco verrò:
1260
so che tu m'ami,
fidar mi vo'.
(A parte.)
    Purché il bel ciglio
riveggia ancor,
nessun periglio
1265
mi fa timor.
(Partono.)
(Partono.)
SCENA VII
SCENA VII
La Contessa sola.
La Contessa sola.
N° 20 Recitativo istromentato ed Aria
Recitativo
La Contessa
La Contessa
E Susanna non vien! Sono ansiosa
E Susanna non vien! Sono ansiosa
di saper come il Conte
di saper come il Conte
accolse la proposta: alquanto ardito
accolse la proposta: alquanto ardito
1285
il progetto mi par, e ad uno sposo
il progetto mi par, e ad uno sposo
sì vivace e geloso…
1270
sì vivace e geloso…
Ma che mal c'è?
Ma che mal c'è?
Cangiando i miei vestiti
Cangiando i miei vestiti
con quelli di Susanna e i suoi co' miei…
con quelli di Susanna e i suoi co' miei…
al favor della notte… Oh cielo, a qual
al favor de la notte… Oh cielo, a quale
1290
umil stato fatale io son ridotta
umil stato fatale io son ridotta
da un consorte crudel che, dopo avermi
1275
da un consorte crudel che, dopo avermi
con un misto inaudito
con un misto inaudito
d'infedeltà, di gelosia, di sdegni
d'infedeltà, di gelosie, di sdegni
prima amata, indi offesa e alfin tradita,
prima amata, indi offesa e alfin tradita,
1295
fammi or cercar da una mia serva aita!
fammi or cercar da una mia serva aita!
Aria
La Contessa
    Dove sono i bei momenti
1280
    Dove sono i bei momenti
di dolcezza e di piacer,
di dolcezza e di piacer,
dove andaro i giuramenti
dove andaro i giuramenti
di quel labbro menzogner?
di quel labbro menzogner?
1300
    Perché mai se in pianti e in pene
    Perché mai se in pianti e in pene
per me tutto si cangiò,
1285
per me tutto si cangiò,
la memoria di quel beneVariante in den Textwiederholungen:
la memoria di quel ben
non trapassò?
la memoria di quel bene
dal mio sen non trapassò?
dal mio sen non trapassò?
    Ah se almen la mia costanza,
    Ah se almen la mia costanza,
1305
nel languire amando ognor,
nel languire amando ognor,
mi portasse una speranza
1290
mi portasse una speranza
di cangiar l'ingrato cor!
di cangiar l'ingrato cor!
(Parte.)
(Parte.)
SCENA VIII
SCENA VIII
Il Conte ed Antonio con cappello in mano.
Antonio con cappello in mano e il Conte.
Recitativo
Antonio
Antonio
Io vi dico, signor, che Cherubino
Io vi dico, signor, che Cherubino
è ancora nel castello,
è ancora nel castello,
1310
e vedete per prova il suo cappello.
e vedete per prova il suo cappello.
Il Conte
Il Conte
Ma come, se a quest'ora
1295
Ma come, se a quest'ora
esser giunto a Siviglia egli dovria?
esser giunto a Siviglia egli dovria?
Antonio
Antonio
Scusate, oggi Siviglia è a casa mia.
Scusate, oggi Siviglia è a casa mia.
Là vestissi da donna e là lasciati
Là vestissi da donna e là lasciati
1315
ha gl'altri abiti suoi.
ha gli altri abiti suoi.
Il Conte
Il Conte
Perfidi!
1300
Perfidi!
Antonio
Antonio
Andiam, e li vedrete voi.
Andiam, e li vedrete voi.
(Partono.)
(Partono.)
SCENA IX
SCENA IX
SCÈNE III
La Contessa e Susanna.
Susanna, la Contessa.
Suzanne, la Comtesse.
Recitativo
La Comtesse
As-tu ce qu'il nous faut pour troquer de vêtement ?
Suzanne
Il ne faut rien, madame ; le rendez-vous ne tiendra pas.
La Comtesse
Ah ! vous changez d'avis ?
Suzanne
C'est Figaro.
La Comtesse
Vous me trompez.
Suzanne
Bonté divine !
La Comtesse
Figaro n'est pas homme à laisser échapper une dot.
Suzanne
Madame ! eh ! que croyez-vous donc ?
La Comtesse
Qu'enfin, d'accord avec le Comte, il vous fâche à présent de m'avoir confié ses projets. Je vous sais par cœur. Laissez-moi. (Elle veut sortir.)
Suzannese jette à genoux.
Au nom du Ciel, espoir de tous ! vous ne savez pas, madame, le mal que vous faites à Suzanne ! après vos bontés continuelles et la dot que vous me donnez !…
La Comtessela relève.
Eh mais… je ne sais ce que je dis ! En me cédant ta place au jardin, tu n'y vas pas, mon cœur ; tu tiens parole à ton mari ; tu m'aides à ramener le mien.
Suzanne
Comme vous m'avez affligée !
La Contessa
La Contessa
Cosa mi narri! E che ne disse il Conte?
Cosa mi narri! E che ne disse il Conte?
Susanna
Susanna
Gli si leggeva in fronte
Gli si leggeva in fronte
il dispetto e la rabbia.
il dispetto e la rabbia.
La Contessa
La Contessa
La Comtesse
1320
Piano, che meglio or lo porremo in gabbia.
Piano, che meglio or lo porremo in gabbia.
C'est que je ne suis qu'une étourdie. (Elle la baise au front.) Où est ton rendez-vous ?
Dov'è l'appuntamento
1305
Dov'è l'appuntamento
che tu gli proponesti?
che tu gli proponesti?
Susanna
Susanna
Suzannelui baise la main.
In giardino.
Nel giardino.
Le mot de jardin m'a seul frappée.
La Contessa
La Contessa
La Comtesse, montrant la table.
Fissiamgli un loco. Scrivi.
Fissiamgli un loco. Scrivi.
Prends cette plume, et fixons un endroit.
Susanna
Susanna
Suzanne
Ch'io scriva… Ma signora…
Ch'io scriva… Ma signora…
Lui écrire !
La Contessa
La Contessa
La Comtesse
1325
Eh scrivi, dico;
Eh scrivi, dico;
Il le faut.
Suzanne
Madame ! au moins, c'est vous…
La Comtesse
e tutto
e tutto
Je mets tout sur mon compte. (Suzanne s'assied, la Comtesse dicte.)
io prendo su me stessa.
1310
io prendo su me stessa.
(Susanna siede e scrive.)
(Susanna siede e scrive.)
(La Contessa dettando.)
"Canzonetta su l'aria…"La Contessa wiederholt den letzten Vers des Rezitativs: "Canzonetta su l'aria…" im folgenden Duettino (Nr. 21) nach der Szenenanweisung "Leggono insieme lo scritto.". Vgl. NMA II/5/16, S. 420.
« Chanson nouvelle, sur l'air :… Qu'il fera beau ce soir sous les grands maronniers !… Qu'il fera beau, ce soir… »
N° 21 Duettino
Susanna
(Scrivendo.)
"…su l'aria…"
La Contessa
La Contessa
(Dettando.)
(Detta.)
    "Che soave zeffiretto…"
    "Che soave zeffiretto…"
Susanna
"…zeffiretto…"
La Contessa
"…questa sera spirerà…"
"…verso sera spirerà…"
Susanna
Susanna
(Ripete le parole della Contessa.)
(Ripete le parole della Contessa.)
1330
"…questa sera spirerà…"
"…verso sera spirerà…"
La Contessa
La Contessa
"…sotto i pini del boschetto."
"…sotto i pini del boschetto."
Susanna
(Domandando.)
"…sotto i pini…"
La Contessa
"…sotto i pini del boschetto."
Susanna
Susanna
(Scrivendo.)
Suzanneécrit.
"…sotto i pini del boschetto."
1315
"…sotto i pini del boschetto."
« Sous les grands maronniers !… » Après ?
La Contessa
La Contessa
La Comtesse
Ei già il resto capirà.
Ei già il resto capirà.
Crains-tu qu'il ne t'entende pas ?
Susanna
Susanna
Suzannerelit.
Certo, certo, il capirà.
Certo, certo, il capirà.
C'est juste. (Elle plie le billet.) Avec quoi cacheter ?
(Leggono insieme lo scritto.)
Recitativo
Susanna
Susanna
(Piega la lettera.)
(Piega la lettera.)
1335
Piegato è il foglio… Or come si sigilla?…
Piegato è il foglio… Or come si sigilla?…
La Contessa
La Contessa
La Comtesse
(Si cava una spilla e gliela dà.)
(Si cava una spilla e gliela dà.)
Ecco… prendi una spilla:
Ecco… prendi una spilla:
Une épingle, dépêche : elle servira de réponse. Écris sur le revers : « Renvoyez-moi le cachet ».
servirà di sigillo. Attendi… Scrivi
1320
servirà di sigillo. Attendi… Scrivi
sul riverso del foglio:
sul riverso del foglio:
"Rimandate il sigillo."
"Rimandate il sigillo."
Susanna
Susanna
Suzanneécrit en riant.
È più bizzarro
È più bizzarro
Ah !… « le cachet »… Celui-ci, madame, est plus gai que celui du brevet.
1340
di quel della patente.
di quel della patente.
La Comtesse, avec un souvenir douloureux.
Ah !
Suzannecherche sur elle.
Je n'ai pas d'épingle à présent !
La Comtessedétache sa lévite.
Prends celle-ci. (Le ruban du page tombe de son sein à terre.) Ah ! mon ruban !
Suzannele ramasse.
C'est celui du petit voleur ! vous avez eu la cruauté ?…
La Comtesse
Fallait-il le laisser à son bras ? c'eût été joli ! Donnez donc !
Suzanne
Madame ne le portera plus, taché du sang de ce jeune homme.
La Comtessele reprend.
Excellent pour Fanchette… Le premier bouquet qu'elle m'apportera.
La Contessa
La Contessa
Presto, nascondi: io sento venir gente.
Presto, nascondi: io sento venir gente.
(Susanna si mette il biglietto nel seno.)
(Susanna si mette il biglietto nel seno.)
SCENA X
SCENA X
SCÈNE IV
Cherubino vestito da contadinella, Barbarina e alcune altre contadinelle vestite nel medesimo modo, con mazzetti di fiori.
Cherubino vestito da contadinella, Barbarina e alcune altre contadinelle vestite nel medesimo modo, con mazzetti di fiori.
Une jeune Bergère, Chérubin en fille, Fanchette, et beaucoup de jeunes filles habillées comme elle et tenant des bouquets. La Comtesse, Suzanne.
N° 22 Coro
Coro di contadinelle
Coro
Fanchette
    Ricevete, o padroncina,
1325
    Ricevete, o padroncina,
Madame, ce sont les filles du bourg qui viennent vous présenter des fleurs.
queste rose e questi fior,
queste rose e questi fior,
che abbiam colti stamattina
che abbiam colti stamattina
1345
per mostrarvi il nostro amor.
per mostrarvi il nostro amor.
    Siamo tante contadine
    Siamo tante contadine
e siam tutte poverine,
1330
e siam tutte poverine,
ma quel poco che rechiamo
ma quel poco che rechiamo
ve lo diamo di buon cor.Variante in den Textwiederholungen:
ve lo diamo di bon cuor.
ve lo diamo di bon cor.
Recitativo
Barbarina
Barbarina
1350
Queste sono, madama,
Queste sono, madama,
le ragazze del loco,
le ragazze del loco,
che il poco ch'han vi vengono ad offrire
1335
che il poco ch'han vi vengono ad offrire
e vi chiedon perdon del loro ardire.
e vi chiedon perdon del loro ardire.
La Contessa
La Contessa
La Comtesse, serrant vite son ruban.
Oh brave! Vi ringrazio.
Oh brave! Vi ringrazio.
Susanna
Susanna
1355
Come sono vezzose!
Come sono vezzose!
Elles sont charmantes : je me reproche, mes belles petites, de ne pas vous connaître toutes. (Montrant Chérubin.) Quelle est cette aimable enfant qui a l'air si modeste ?
La Contessa
La Contessa
E chi è, narratemi,
E chi è, narratemi,
quell'amabil fanciulla
quell'amabil fanciulla
ch'ha l'aria sì modesta?
1340
ch'ha l'aria sì modesta?
Barbarina
Barbarina
Une Bergère
Ell'è una mia cugina, e per le nozze
Ella è una mia cugina, e per le nozze
C'est une cousine à moi, madame, qui n'est ici que pour la noce.
è venuta ier sera.
è venuta ier sera.
La Contessa
La Contessa
La Comtesse
1360
Onoriamo la bella forestiera.
Onoriamo la bella forestiera.
Elle est jolie. Ne pouvant porter vingt bouquets, faisons honneur à l'étrangère. (Elle prend le bouquet de Chérubin et le baise au front.) Elle en rougit ! (À Suzanne.) Ne trouves-tu pas, Suzon… qu'elle ressemble à quelqu'un ?
Venite qui…
Venite qui…
Datemi i vostri fiori.
Datemi i vostri fiori.
(Prende i fiori di Cherubino e lo bacia in fronte.)
(Prende i fiori di Cherubino e lo bacia in fronte.)
Come arrossì!… Susanna, e non ti pare…
1345
Come arrossì!… Susanna, e non ti pare…
che somigli ad alcuno?…
che somigli ad alcuno?…
Susanna
Susanna
Suzanne
Al naturale.
Al naturale.
À s'y méprendre, en vérité.
Chérubin, à part, les mains sur son cœur.
Ah ! Ce baiser-là m'a été bien loin !
SCENA XI
SCENA XI
SCÈNE V
I detti, il Conte ed Antonio.
I sudetti, il Conte e Antonio.
Les jeunes filles, Chérubin au milieu d'elles, Fanchette, Antonio, le Comte, la Comtesse, Suzanne.
(Antonio ha il cappello di Cherubino, entra in scena pian piano, gli cava la cuffia di donna e gli mette in testa il cappello stesso.)
(Antonio ha il cappello di Cherubino, entra in scena pian piano, gli cava la cuffia di donna e gli mette in testa il cappello stesso.)
Antonio
Antonio
Antonio
Eh! Cospettaccio! È questi l'uffiziale.
Eh! Cospettaccio! È questi l'uffiziale.
Moi je vous dis, Monseigneur, qu'il y est ; elles l'ont habillé chez ma fille ; toutes ses hardes y sont encore, et voilà son chapeau d'ordonnance que j'ai retiré du paquet. (Il s'avance, et regardant toutes les filles, il reconnaît Chérubin, lui enlève son bonnet de femme, ce qui fait retomber ses longs cheveux en cadenette. Il lui met sur la tête le chapeau d'ordonnance et dit :.) Eh ! parguenne, v'là notre officier.
La Contessa
La Contessa
La Comtesserecule.
1365
(Oh stelle!)
(Oh stelle!)
Ah ! Ciel !
Susanna
Susanna
Suzanne
(Malandrino!)
(Malandrino!)
Ce friponneau !
Antonio
Quand je disais là-haut que c'était lui !…
Il Conte
Il Conte
Le Comte, en colère.
Ebben, madama?…
Ebben, madama?…
Eh bien, madame !
La Contessa
La Contessa
La Comtesse
Io sono, o signor mio,
Io sono, o signor mio,
Eh bien, monsieur ! vous me voyez plus surprise que vous, et, pour le moins, aussi fâchée.
irritata e sorpresa al par di voi.
1350
irritata e sorpresa al par di voi.
Il Conte
Il Conte
Le Comte
Ma stamane?…
Ma stamane?…
Oui ; mais tantôt, ce matin ?
La Contessa
La Contessa
La Comtesse
Stamane…
Stamane…
Je serais coupable en effet, si je dissimulais encore. Il était descendu chez moi. Nous entamions le badinage que ces enfants viennent d'achever ; vous nous avez surprises l'habillant ; votre premier mouvement est si vif ! il s'est sauvé, je me suis troublée, l'effroi général a fait le reste.
per l'odierna festa
per l'odierna festa
1370
volevam travestirlo al modo stesso
volevam travestirlo al modo stesso
che l'han vestito adesso.
che l'han vestito adesso.
Il Conte
Il Conte
Le Comte, avec dépit, à Chérubin.
(A Cherubino.)
(A Cherubino.)
E perché non partisti?
1355
E perché non partiste?
Pourquoi n'êtes-vous pas parti ?
Cherubino
Cherubino
Chérubin, ôtant son chapeau brusquement.
(Cavandosi il cappello bruscamente.)
(Cavandosi il cappello bruscamente.)
Signor!…
Signor…
Monseigneur…
Il Conte
Il Conte
Le Comte
Saprò punire
Saprò punire
Je punirai ta désobéissance.
la tua disubbidienza.
la sua disobbedienza.
Barbarina
Barbarina
Fanchette, étourdiment.
1375
Eccellenza, eccellenza,
Eccellenza, eccellenza,
Ah ! Monseigneur, entendez-moi ! Toutes les fois que vous venez m'embrasser, vous savez bien que vous dites toujours : « Si tu veux m'aimer, petite Fanchette, je te donnerai ce que tu voudras. »
voi mi dite sì spesso
voi mi dite sì spesso
qualvolta m'abbracciate e mi baciate:
1360
qualvolta m'abbracciate e mi baciate:
"Barbarina, se m'ami
"Barbarina, se m'ami
ti darò quel che brami…"
ti darò quel che brami…"
Il Conte
Il Conte
Le Comte, rougissant.
1380
Io dissi questo?…
Io dissi questo?…
Moi ! j'ai dit cela ?
Barbarina
Barbarina
Fanchette
Voi.
Voi.
Oui, Monseigneur. Au lieu de punir Chérubin, donnez-le-moi en mariage, et je vous aimerai à la folie.
Or datemi, padrone,
Or datemi, padrone,
in sposo Cherubino,
1365
in sposo Cherubino,
e v'amerò com'amo il mio gattino.
e v'amerò com'amo il mio gattino.
Le Comte, à part.
Être ensorcelé par un page !
La Contessa
La Contessa
La Comtesse
(Al Conte.)
(Al Conte.)
Ebbene, or tocca a voi.
Adesso tocca a voi.
Eh bien ! monsieur, à votre tour ; l'aveu de cette enfant, aussi naïf que le mien, atteste enfin deux vérités : que c'est toujours sans le vouloir si je vous cause des inquiétudes, pendant que vous épuisez tout pour augmenter et justifier les miennes.
Antonio
Antonio
Antonio
Brava, figliuola!
Brava, figliuola!
Vous aussi, Monseigneur ? Dame ! je vous la redresserai comme feue sa mère, qui est morte… Ce n'est pas pour la conséquence ; mais c'est que Madame sait bien que les petites filles, quand elles sont grandes…
1385
Hai buon maestro che ti fa la scola.
Hai buon maestro che ti fa la scola.
Il Conte
Il Conte
Le Comte, déconcerté, à part.
(Non so qual uom, qual demone, qual dio
(Non so qual uom, qual demone, qual dio
Il y a un mauvais génie qui tourne tout ici contre moi !
rivolga tutto quanto a torto mio.)
1370
rivolga tutto quanto a torto mio.)
SCENA XII
SCENA XII
SCÈNE VI
I detti, Figaro.
I sudetti, Figaro.
Les jeunes filles, Chérubin, Antonio, Figaro, le Comte, la Comtesse, Suzanne.
Figaro
Figaro
Figaro
Signor… se trattenete
Signor… se trattenete
Monseigneur, si vous retenez nos filles, on ne pourra commencer ni la fête ni la danse.
tutte queste ragazze,
tutte queste ragazze,
1390
addio festa… addio danza…
addio festa… addio danza…
Il Conte
Il Conte
Le Comte
E che? Vorresti
E che? Vorresti
Vous, danser ! vous n'y pensez pas. Après votre chute de ce matin, qui vous a foulé le pied droit !
ballar col piè stravolto?
ballar col piè stravolto?
Figaro
Figaro
Figaro, remuant la jambe.
(Finge di dirizzarsi la gamba e poi si pruova a ballare.)
(Finge di dirizzarsi la gamba e poi si pruova a ballare.)
Eh non mi duol più molto.
1375
Eh non mi duol più molto.
Je souffre encore un peu ; ce n'est rien. (Aux jeunes filles.) Allons, mes belles, allons !
Andiam, belle fanciulle…
Andiam, belle fanciulle…
(Chiama tutte le giovani, vuol partire, il Conte lo richiama.)
(Chiama tutte le giovani, vuol partire, il Conte lo richiama.)
La Contessa
La Contessa
(A Susanna.)
(A Susanna.)
Come si caverà dall'imbarazzo?
Come si caverà da l'imbarazzo?
Susanna
Susanna
(A la Contessa.)
(Alla Contessa.)
1395
Lasciate fare a lui.
Lasciate fare a lui.
Il Conte
Il Conte
Le Comtele retourne.
Per buona sorte
Per buona sorte
Vous avez été fort heureux que ces couches ne fussent que du terreau bien doux !
i vasi eran di creta.
i vasi eran di creta.
Figaro
Figaro
Figaro
Senza fallo.
Senza fallo.
Très heureux, sans doute ; autrement…
Antoniole retourne.
Puis il s'est pelotonné en tombant jusqu'en bas.
Figaro
Andiamo, dunque, andiamo.
1380
Andiamo, dunque, andiamo.
Un plus adroit, n'est-ce pas, serait resté en l'air ! (Aux jeunes filles.) Venez-vous, mesdemoiselles ?
(Come sopra: Antonio lo richiama.)
(Come sopra: Antonio lo richiama.)
Antonio
Antonio
Antoniole retourne.
E intanto a cavallo
Ed intanto a cavallo
Et pendant ce temps, le petit page galopait sur son cheval à Séville ?
di galoppo a Siviglia andava il paggio.
di galoppo a Siviglia andava il paggio.
Figaro
Figaro
Figaro
1400
Di galoppo o di passo… buon viaggio.
Di galoppo o di passo… buon viaggio.
Galopait ou marchait au pas…
Venite, o belle giovani.
Venite, o belle giovani.
(Come sopra.)
(Come sopra.)
Il Conte
Il Conte
Le Comtele retourne.
(Torna a ricondurlo in mezzo.)
(Torna a ricondurlo in mezzo.)
E a te la sua patente
1385
E a te la sua patente
Et vous aviez son brevet dans la poche ?
era in tasca rimasta…
era in tasca rimasta…
Figaro
Figaro
Figaro, un peu étonné.
Certamente,
Certamente,
Assurément, mais quelle enquête ? (Aux jeunes filles.) Allons donc, jeunes filles !
che razza di domande!
che razza di domande!
Antonio
Antonio
Antonio, attirant Chérubin par le bras.
(A Susanna, che fa de' motti a Figaro.)
(A Susanna, che fa de' motti a Figaro.)
1405
Via, non gli far più motti, ei non t'intende.
Via, non gli far più motti, ei non t'intende.
(Prende per mano Cherubino e lo presenta a Figaro.)
(Prende per mano Cherubino e lo presenta a Figaro.)
Ed ecco chi pretende
Ed ecco chi pretende
En voici une qui prétend que mon neveu futur n'est qu'un menteur.
che sia un bugiardo il mio signor nipote.
1390
che sia un bugiardo il mio signor nipote.
Figaro
Figaro
Figaro, surpris.
Cherubino?
Cherubino?
Chérubin !… (À part.) Peste du petit fat !
Antonio
Antonio
Antonio
Or ci sei.
Or ci sei.
Y es-tu maintenant ?
Figaro
Figaro
Figaro, cherchant.
(Al Conte.)
(Al Conte.)
Che diamin canta?
Che diamin canta?
J'y suis… j'y suis… Eh ! qu'est-ce qu'il chante ?
Il Conte
Il Conte
Le Comte, sèchement.
Non canta, no, ma dice
Non canta, no, ma dice
Il ne chante pas ; il dit que c'est lui qui a sauté sur les giroflées.
1410
ch'egli saltò stamane in sui garofani…
ch'egli saltò stamane in sui garofani…
Figaro
Figaro
Figaro, rêvant.
Ei lo dice!… Sarà… Se ho saltato io
Ei lo dice!… Sarà… Se ho saltato io
Ah ! s'il le dit… cela se peut ; je ne dispute pas de ce que j'ignore.
si può dare ch'anch'esso
1395
si può dare che anch'esso
abbia fatto lo stesso.
abbia fatto lo stesso.
Il Conte
Il Conte
Le Comte
Anch'esso?
Anch'esso?
Ainsi vous et lui ?…
Figaro
Figaro
Figaro
Perché no?…
Perché no?
Pourquoi non ? la rage de sauter peut gagner : voyez les moutons de Panurge ; et quand vous êtes en colère, il n'y a personne qui n'aime mieux risquer…
1415
Io non impugno mai quel che non so.
Io non impugno mai quel che non so.
Le Comte
Comment, deux à la fois !…
Figaro
On aurait sauté deux douzaines ; et qu'est-ce que cela fait, Monseigneur, dès qu'il n'y a personne de blessé ? (Aux jeunes filles.) Ah ça, voulez-vous venir, ou non ?
Le Comte, outré.
Jouons-nous une comédie ? (On entend un prélude de fanfare.)
(S'ode la marcia spagnuola da lontano e seguita il recitativo nella marcia.)
(Si ode una marcia spagnuola da lontano.)
N° 23 Finale
Figaro
Figaro
Figaro
Ecco la marcia… andiamo.
Ecco la marcia… andiamo.
Voilà le signal de la marche. À vos postes, les belles, à vos postes. Allons, Suzanne, donne-moi le bras. (Tous s'enfuient, Chérubin reste seul la tête baissée.)
Ai vostri posti, o belle, a' vostri posti.
1400
A' vostri posti, o belle, a' vostri posti.
Susanna, dammi il braccio.
Susanna, dammi il braccio.
Susanna
Susanna
Eccolo.
Eccolo.
(Figaro prende per un braccio Antonio, per l'altro la Susanna, e partono tutti eccettuati il Conte e la Contessa.)
(Figaro prende per un braccio Antonio, per l'altro la Susanna, e partono tutti eccettuati il Conte e la Contessa.)
Il Conte
Il Conte
Temerari!
Temerari!
La Contessa
La Contessa
Io son di ghiaccio!
Io son di ghiaccio!
SCÈNE VII
Chérubin, le Comte, la Comtesse.
Le Comte, regardant aller Figaro.
En voit-on de plus audacieux ? (Au page.) Pour vous, monsieur le sournois, qui faites le honteux, allez vous rhabiller bien vite ; et que je ne vous rencontre nulle part de la soirée.
La Comtesse
Il va bien s'ennuyer.
Chérubin, étourdiment.
M'ennuyer ! j'emporte à mon front du bonheur pour plus de cent années de prison.
(Il met son chapeau et s'enfuit.)
SCENA XIII
SCENA XIII
SCÈNE VIII
Il Conte, la Contessa.
Il Conte, la Contessa.
Le Comte, la Comtesse.
(La marcia aumenta a poco a poco.)
(La Comtesse s'évente fortement sans parler.)
Le Comte
Qu'a-t-il au front de si heureux ?
La Comtesse, avec embarras.
Son… premier chapeau d'officier, sans doute ; aux enfants tout sert de hochet.
(Elle veut sortir.)
Il Conte
Il Conte
Le Comte
1420
Contessa…
Contessa…
Vous ne nous restez pas, Comtesse ?
La Contessa
La Contessa
La Comtesse
Or non parliamo.
Or non parliamo.
Vous savez que je ne me porte pas bien.
Le Comte
Un instant pour votre protégée, ou je vous croirais en colère.
La Comtesse
Ecco qui le due nozze,
Ecco qui le due nozze,
Voici les deux noces, asseyons-nous donc pour les recevoir.
riceverle dobbiam: alfin si tratta
1405
riceverle dobbiam: alfin si tratta
d'una vostra protetta.
d'una vostra protetta.
Seggiamo.Im Erstdruck des Librettos "seggiam"; in Mozarts Vertonung "seggiamo", wodurch der ursprüngliche gebrochene Elfsilber "Seggiam2. / Seggia4mo (e meditiam8 vendet10ta.)" eine metrisch überzählige Silbe erhält.
Seggiam.
Il Conte
Il Conte
Le Comte, à part.
Seggiamo (e meditiam vendetta.)
Seggiamo (e meditiam vendetta.)
La noce ! il faut souffrir ce qu'on ne peut empêcher.
(Siedono.)
(Siedono.)
(Le Comte et la Comtesse s'assoient vers un des côtés de la galerie.)
(La marcia s'avvicina.)
SCENA XIV
SCENA XIV
SCÈNE IX
I sudetti. Cacciatori con fucile in spalla. Gente del foro. Contadini e contadine. Due giovinette che portano il cappello verginale con piume bianche, due altre un bianco velo, due altre i guanti e il mazzetto di fiori. Figaro con Marcellina. Due altre giovinette che portano un simile cappello per Susanna etc. Bartolo con Susanna. Due giovinette incominciano il coro che termina in ripieno. Bartolo conduce la Susanna al Conte e s'inginocchia per ricever da lui il cappello etc. Figaro conduce Marcellina alla Contessa e fa la stessa funzione.
I sudetti. Cacciatori con fucile in spalla. Gente del foro. Contadini e contadine. Due giovinette che portano il cappello verginale con piume bianche, due altre un bianco velo, due altre i guanti e il mazzetto di fiori. Figaro con Marcellina. Due altre giovinette che portano un simile cappello per Susanna etc. Bartolo con Susanna. Due giovinette incominciano il coro che termina in ripieno. Bartolo conduce la Susanna al Conte e s'inginocchia per ricever da lui il cappello etc. Figaro conduce Marcellina alla Contessa e fa la stessa funzione.
Le Comte, la Comtesse, assis; l'on joue les «Folies d'espagne» d'un mouvement de marche. (Symphonie notée.)

MARCHE
Les gardes-chasse, fusil sur l'épaule.
L'alguazil, les prud'hommes, Brid’oison.
Les paysans et paysannes, en habits de fête.
Deux jeunes filles portant la toque virginale à plumes blanches.
Deux autres, le voile blanc.
Deux autres, les gants et le bouquet de côté.
Antonio donne la main à Suzanne, comme étant celui qui la marie à Figaro.
D'autres jeunes filles portent une autre toque, un autre voile, un autre bouquet blanc, semblables aux premiers, pour Marceline.
Figaro donne la main à Marceline, comme celui qui doit la remettre au docteur, lequel ferme la marche, un gros bouquet au côté. Les jeunes filles, en passant devant le Comte, remettent à ses valets tous les ajustements destinés à Suzanne et à Marceline.
Les Paysans et Paysannes s'étant rangés sur deux colonnes à chaque côté du salon, on danse une reprise du fandango (air noté) avec des castagnettes; puis on joue la ritournelle du duo, pendant laquelle
Antonio conduit Suzanne au Comte; elle se met à genoux devant lui.
Pendant que le Comte lui pose la toque, le voile, et lui donne le bouquet, deux jeunes filles chantent le duo suivant (air noté).
Coro
Coro
Due donne
Due giovani
1425
    Amanti costanti,
    Amanti costanti,
    Jeune épouse, chantez les bienfaits et la gloire
seguaci d'onor,
seguaci d'onor,
cantate, lodate
1410
cantate, lodate
D'un maître qui renonce aux droits qu'il eut sur vous :
sì saggio signor.
sì saggio signor.
    A un dritto cedendo
    A un dritto cedendo
Préférant au plaisir la plus noble victoire,
1430
che oltraggia, che offende,
che oltraggia, che offende,
ei caste vi rende
ei caste vi rende
Il vous rend chaste et pure aux mains de votre époux.
ai vostri amator.
1415
ai vostri amator.
Tutti
Tutti
    Cantiamo, lodiamo
    Cantiamo, lodiamo
sì saggio signor.
sì saggio signor.
(I figuranti ballano.)
(Susanna, essendo in ginocchio durante il duo, tira il Conte per l'abito, gli mostra il bigliettino, dopo passa la mano dal lato degli spettatori alla testa, dove pare che il Conte le aggiusti il cappello, e gli dà il biglietto. Il Conte se lo mette furtivamente in seno. Susanna s'alza, gli fa una riverenza. Figaro viene a riceverla, e si balla il fandango. Marcellina s'alza un po' più tardi. Bartolo viene a riceverla dalle mani della Contessa.)
(Susanna, essendo in ginocchio durante il duo, tira il Conte per l'abito, gli mostra il bigliettino, dopo passa la mano dal lato degli spettatori alla testa, dove pare che il Conte le aggiusti il cappello, e gli dà il biglietto. Il Conte se lo mette furtivamente in seno. Susanna s'alza, gli fa una riverenza. Figaro viene a riceverla, e si balla il fandango. Marcellina s'alza un po' più tardi. Bartolo viene a riceverla dalle mani della Contessa.)
Suzanne est à genoux, et, pendant les derniers vers du duo, elle tire le Comte par son manteau et lui montre le billet qu'elle tient; puis elle porte la main qu'elle a du côté des spectateurs à sa tête, où le Comte a l'air d'ajuster sa toque; elle lui donne le billet.
Le Comte le met furtivement dans son sein; on achève de chanter le duo; la fiancée se relève et lui fait une grande révérence.
Figaro vient la recevoir des mains du Comte et se retire avec elle, à l'autre côté du salon, près de Marceline.
(On danse une autre reprise du fandango, pendant ce temps.)
(Il Conte va da un lato, cava il biglietto e nell'aprirlo si punge il dito, lo scuote, lo preme, lo succhia e, vedendo il biglietto sigillato colla spilla, dice gittando la spilla a terra e intanto che la orchestra suona pianissimo:)
(Il Conte va da un lato, cava il biglietto e fa l'atto d'un uom che rimase punto il dito: lo scuote, lo preme, lo succhia e, vedendo il biglietto sigillato colla spilla, dice gittando la spilla a terra e intanto che la orchestra suona pianissimo:)
Le Comte, pressé de lire ce qu'il a reçu, s'avance au bord du théâtre et tire le papier de son sein; mais en le sortant il fait le geste d'un homme qui s'est cruellement piqué le doigt; il le secoue, le presse, le suce, et regardant le papier cacheté d'une épingle, il dit:
Il Conte
Il Conte
Le Comte
(Pendant qu'il parle, ainsi que Figaro, l'orchestre joue pianissimo.)
1435
Eh già, solita usanza!
Eh già, solita usanza!
Diantre soit des femmes, qui fourrent des épingles partout ! (Il la jette à terre, puis il lit le billet et le baise.)
Le donne ficcan gli aghi in ogni loco…
Le donne ficcan gli aghi in ogni loco…
Ah ah, capisco il gioco.
1420
Ah ah, capisco il gioco.
Figaro
Figaro
Figaro, qui a tout vu, dit à sa mère et à Suzanne:
(Vede tutto e dice a Susanna:)
(Vede tutto e dice a Susanna:)
Un biglietto amoroso
Un biglietto amoroso
C'est un billet doux, qu'une fillette aura glissé dans sa main en passant. Il était cacheté d'une épingle, qui l'a outrageusement piqué.
che gli diè nel passar qualche galante
che gli diè nel passar qualche galante
1440
ed era sigillato d'una spilla,
ed era sigillato da una spilla,
ond'ei si punse il dito.
ond'ei si punse il dito.
(Il Conte legge, bacia il biglietto, cerca la spilla, la trova e se la mette alla manica del saio.)
(Il Conte legge, bacia il biglietto, cerca la spilla, la trova e se la mette alla manica del saio.)
La danse reprend: le Comte qui a lu le billet le retourne; il y voit l'invitation de renvoyer le cachet pour réponse. Il cherche à terre, et retrouve enfin l'épingle qu'il attache à sa manche.
Figaro, à Suzanne et à Marceline.
Il narciso or la cerca: oh che stordito!
1425
Il narciso or la cerca: oh che stordito!
D'un objet aimé tout est cher. Le voilà qui ramasse l'épingle. Ah ! c'est une drôle de tête !
Il Conte
Il Conte
Andate, amici, e sia per questa sera
Andate, amici, e sia per questa sera
disposto l'apparato nuziale
disposto l'apparato nuziale
1445
co la più ricca pompa: io vo' che sia
con la più ricca pompa: io vo' che sia
magnifica la festa, e canti e fochi,
magnifica la festa, e canti e fochi,
e gran cena e gran ballo; e ognuno impari
1430
e gran ballo e gran cena; e ognuno impari
com'io tratto color che a me son cari.
com'io tratto color che a me son cari.
(Il coro e la marciaAbweichend vom Libretto-Erstdruck nimmt Mozart in der ursprünglichen Fassung des Finales mit dem Ballo (Fandango) nur den Chor, nicht aber die Marcia am Ende von Atto terzo wieder auf. Vgl. dazu Ulrich Leisinger, Kritischer Bericht (Neue Mozart Ausgabe, Serie II: Bühnenwerke 5/16), Kassel 2007, S. 262, Fußnote 18.)
Eine wohl von Mozart stammende Alternativfassung des Finales ohne Fandango und mit Wiederaufnahme der Marcia anstelle des Chors am Schluss hat Ulrich Leisinger anhand des originalen Aufführungsmaterials und der Direktionspartitur der k. k. Wiener Hoftheater im Notenanhang des Kritischen Berichts (D/6: S. 389ff.) rekonstruiert.
Zu weiteren Alternativfassungen des Finales von Atto terzo ohne Ballo vgl. ebenda, S. 14 (Punkt 5) und S. 261.
si ripete, e tutti partono.)
(Pendant ce temps, Suzanne a des signes d'intelligence avec la Comtesse. La danse finit, la ritournelle du duo recommence.)
Coro
    Amanti costanti,
1450
seguaci d'onor,
cantate, lodate
sì saggio signor.
    A un dritto cedendo
che oltraggia, che offende,
1455
ei caste vi rende
ai vostri amator.
    Cantiamo, lodiamo
sì saggio signor.
(Figaro conduit Marceline au Comte, ainsi qu'on a conduit Suzanne; à l'instant où le Comte prend la toque et où l'on va chanter le duo, on est interrompu par les cris suivants:)
L'Huissier, criant à la porte.
Arrêtez donc, messieurs ! vous ne pouvez entrer tous… Ici les gardes ! les gardes ! (Les gardes vont vite à cette porte.)
Le Comte, se levant.
Qu'est-ce qu'il y a ?
L'Huissier
Monseigneur, c'est monsieur Bazile, entouré d'un village entier, parce qu'il chante en marchant.
Le Comte
Qu'il entre seul.
La Comtesse
Ordonnez-moi de me retirer.
Le Comte
Je n'oublie pas votre complaisance.
La Comtesse
Suzanne !… elle reviendra. (À part, à Suzanne.) Allons changer d'habits. (Elle sort avec Suzanne.)
Marceline
Il n'arrive jamais que pour nuire.
Figaro
Ah ! je m'en vais vous le faire déchanter !
SCÈNE X
Tous les acteurs précédents, excepté la Comtesse et Suzanne; Bazile tenant sa guitare; Grippe-Soleil.
Bazileentre en chantant sur l'air du vaudeville de la fin (air noté):
    Cœurs sensibles, cœurs fidèles,
Qui blâmez l'amour léger,
Cessez vos plaintes cruelles :
Est-ce un crime de changer ?
Si l'Amour porte des ailes,
N'est-ce pas pour voltiger ?
N'est-ce pas pour voltiger ?
N'est-ce pas pour voltiger ?
Figaros'avance à lui.
Oui, c'est pour cela justement qu'il a des ailes au dos ; notre ami, qu'entendez-vous par cette musique ?
Bazile, montrant Grippe-Soleil.
Qu'après avoir prouvé mon obéissance à Monseigneur en amusant monsieur, qui est de sa compagnie, je pourrai, à mon tour, réclamer sa justice.
Grippe-Soleil
Bah ! Monsigneu ! il ne m'a pas amusé du tout : avec leux guenilles d'ariettes…
Le Comte
Enfin que demandez-vous, Bazile ?
Bazile
Ce qui m'appartient, Monseigneur, la main de Marceline ; et je viens m'opposer…
Figaros'approche.
Y a-t-il longtemps que monsieur n'a vu la figure d'un fou ?
Bazile
Monsieur, en ce moment même.
Figaro
Puisque mes yeux vous servent si bien de miroir, étudiez-y l'effet de ma prédiction. Si vous faites mine seulement d'approximer madame…
Bartholo, en riant.
Eh pourquoi ? laisse-le parler.
Brid'oisons'avance entre deux.
Fau-aut-il que deux amis ?…
Figaro
Nous, amis !
Bazile
Quelle erreur !
Figaro, vite.
Parce qu'il fait de plats airs de chapelle ?
Bazile, vite.
Et lui, des vers comme un journal ?
Figaro, vite.
Un musicien de guinguette !
Bazile, vite.
Un postillon de gazette !
Figaro, vite.
Cuistre d'oratorio !
Bazile, vite.
Jockey diplomatique !
Le Comte, assis.
Insolents tous les deux !
Bazile
Il me manque en toute occasion.
Figaro
C'est bien dit, si cela se pouvait !
Bazile
Disant partout que je ne suis qu'un sot.
Figaro
Vous me prenez donc pour un écho ?
Bazile
Tandis qu'il n'est pas un chanteur que mon talent n'ait fait briller.
Figaro
Brailler.
Bazile
Il le répète !
Figaro
Et pourquoi non, si cela est vrai ? es-tu un prince, pour qu'on te flagorne ? souffre la vérité, coquin ! puisque tu n'as pas de quoi gratifier un menteur ; ou si tu la crains de notre part, pourquoi viens-tu troubler nos noces ?
Bazile, à Marceline.
M'avez-vous promis, oui ou non, si dans quatre ans vous n'étiez pas pourvue, de me donner la préférence ?
Marceline
À quelle condition l'ai-je promis ?
Bazile
Que si vous retrouviez un certain fils perdu, je l'adopterais par complaisance.
Tous ensemble
Il est trouvé.
Bazile
Qu'à cela ne tienne !
Tous ensemble, montrant Figaro.
Et le voici.
Bazile, reculant de frayeur.
J'ai vu le diable !
Brid'oison, à Bazile.
Et vou-ous renoncez à sa chère mère !
Bazile
Qu'y aurait-il de plus fâcheux que d'être cru le père d'un garnement ?
Figaro
D'en être cru le fils ; tu te moques de moi !
Bazile, montrant Figaro.
Dès que monsieur est de quelque chose ici, je déclare, moi, que je n'y suis plus de rien.
(Il sort.)
SCÈNE XI
Les acteurs précédents, excepté Bazile.
Bartholo, riant.
Ha ! ha ! ha ! ha !
Figaro, sautant de joie.
Donc à la fin j'aurai ma femme !
Le Comte, à part.
Moi, ma maîtresse. (Il se lève.)
Brid'oison, à Marceline.
Et tou-out le monde est satisfait.
Le Comte
Qu'on dresse les deux contrats ; j'y signerai.
Tous ensemble
Vivat ! (Ils sortent.)
Le Comte
J'ai besoin d'une heure de retraite.
(Il veut sortir avec les autres.)
SCÈNE XII
Grippe-Soleil, Figaro, Marceline, le Comte.
Grippe-Soleil, à Figaro.
Et moi, je vas aider à ranger le feu d'artifice sous les grands maronniers, comme on l'a dit.
Le Comterevient en courant.
Quel sot a donné un tel ordre ?
Figaro
Où est le mal ?
Le Comte, vivement.
Et la Comtesse qui est incommodée, d'où le verra-t-elle, l'artifice ? C'est sur la terrasse qu'il le faut, vis-à-vis son appartement.
Figaro
Tu l'entends, Grippe-Soleil ? la terrasse.
Le Comte
Sous les grands maronniers ! belle idée ! (En s'en allant, à part.) Ils allaient incendier mon rendez-vous !
SCÈNE XIII
Figaro, Marceline.
Figaro
Quel excès d'attention pour sa femme ! (Il veut sortir.)
Marcelinel'arrête.
Deux mots, mon fils. Je veux m'acquitter avec toi : un sentiment mal dirigé m'avait rendue injuste envers ta charmante femme : je la supposais d'accord avec le Comte, quoique j'eusse appris de Bazile qu'elle l'avait toujours rebuté.
Figaro
Vous connaissiez mal votre fils, de le croire ébranlé par ces impulsions féminines. Je puis défier la plus rusée de m'en faire accroire.
Marceline
Il est toujours heureux de le penser, mon fils ; la jalousie…
Figaro
…N'est qu'un sot enfant de l'orgueil, ou c'est la maladie d'un fou. Oh ! j'ai là-dessus, ma mère, une philosophie… imperturbable ; et si Suzanne doit me tromper un jour, je lui pardonne d'avance ; elle aura longtemps travaillé… (Il se retourne et aperçoit Fanchette qui cherche de côté et d'autre.)
Fine dell'atto terzo.
Fine dell'atto terzo.