Kritische Edition der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785       Diplomatische Übertragung der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785 
SCÈNE XI
 
SCENE XI.
Pédrille, le Comte, Figaro.
 
PEDRILLE, LE COMTE, FIGARO.
Pédrille, botté.
 
PEDRILLE botté.
Monseigneur, je vous trouve enfin.
 
Monseigneur, je vous trouve enfin.
Le Comte
 
LE COMTE.
Bon, c'est Pédrille. Es-tu tout seul ?
 
Bon, c'est Pédrille. Es-tu tout seul ?
Pédrille
 
PEDRILLE.
Arrivant de Séville à étripe-cheval.
 
Arrivant de Séville à étripe cheval.
Le Comte
 
LE COMTE.
Approche-toi de moi, et crie bien fort.
 
Approche-toi de moi, et crie bien fort.
Pédrille, criant à tue-tête.
 
FPEDRILLE, criant à tue tête.
Pas plus de page que sur ma main. Voilà le paquet.
 
Pas plus de Page que sur ma main. Voilà le paquet.
Le Comtele repousse.
 
LE COMTE le repousse.
Eh, l'animal !
 
Eh, l'animal !
Pédrille
 
PEDRILLE.
Monseigneur me dit de crier.
 
Monseigneur me dit de crier.
Le Comte, tenant toujours Figaro.
 
LE COMTE, tenant toujours Figaro.
Pour appeler. – Holà ! quelqu'un ! si l'on m'entend, accourez tous !
 
Pour appeler. – Holà quelqu'un ; si l'on m'entend,
accourez tous !
Pédrille
 
PEDRILLE.
Figaro et moi, nous voilà deux ; que peut-il donc vous arriver ?
 
Figaro et moi, nous voilà deux ; que peut-il donc
vous arriver ?
SCÈNE XII
 
SCENE XII.
Les acteurs précédents, Brid’oison, Bartholo, Bazile, Antonio, Grippe-Soleil, toute la noce accourt avec des flambeaux.
 
LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, BRID'OISON,
BARTHOLO, BAZILE, ANTONIO,
GRIPE-SOLEIL, toute la noce accourt avec des
flambeaux
.
Bartholo, à Figaro.
 
BARTHOLO, à Figaro.
Tu vois qu'à ton premier signal…
 
Tu vois qu'à ton premier signal…
Le Comte, montrant le pavillon à sa gauche.
 
LE COMTE, montrant le pavillon à sa gauche.
Pédrille, empare-toi de cette porte.
 
Pédrille, empare-toi de cette porte.
(Pédrille y va.)
 
(Pédrille y va.)
Bazile, bas, à Figaro.
 
BAZILE, bas à Figaro.
Tu l'as surpris avec Suzanne ?
 
Tu l'as surpris avec Suzanne ?
Le Comte, montrant Figaro.
 
LE COMTE, montrant Figaro.
Et vous, tous mes vassaux, entourez-moi cet homme et m'en répondez sur la vie.
 
Et vous, tous mes vassaux, entourez-moi cet homme,
et m'en répondez sur la vie.
Bazile
 
FBAZILE.
Ha ! Ha !
 
Ha ! Ha !
Le Comte, furieux.
 
LE COMTE furieux.
Taisez-vous donc. (À Figaro d'un ton glacé.) Mon cavalier, répondez-vous à mes questions ?
 
Taisez-vous donc. (à Figaro d'un ton glacé.) Mon
Cavalier, répondez-vous à mes questions ?
Figaro, froidement.
 
FIGARO, froidement.
Eh ! qui pourrait m'en exempter, Monseigneur ? Vous commandez à tout ici, hors à vous-même.
 
Eh ! qui pourrait m'en exempter, Monseigneur ?
Vous commandez à tout ici, hors à vous-même.
Le Comte, se contenant.
 
LE COMTE, se contenant.
Hors à moi-même !
 
Hors à moi-même !
Antonio
 
ANTONIO.
C'est ça parler.
 
C'est çà parler.
Le Comtereprend sa colère.
 
LE COMTE reprend sa colère.
Non, si quelque chose pouvait augmenter ma fureur ! ce serait l'air calme qu'il affecte !
 
Non, si quelque chose pouvait augmenter ma fureur !
ce serait l'air calme qu'il affecte.
Figaro
 
FIGARO.
Sommes-nous des soldats qui tuent et se font tuer pour des intérêts qu'ils ignorent ? je veux savoir, moi, pourquoi je me fâche.
 
Sommes-nous des soldats qui tuent et se font tuer,
pour des intérêts qu'ils ignorent ? je veux savoir, moi,
pourquoi je me fâche.
Le Comte, hors de lui.
 
LE COMTE hors de lui.
Ô rage ! (Se contenant.) Homme de bien qui feignez d'ignorer ! nous ferez-vous au moins la faveur de nous dire quelle est la dame actuellement par vous amenée dans ce pavillon ?
 
O rage ! (se contenant.) Homme de bien qui feignez
d'ignorer ! Nous ferez-vous au moins la faveur de nous
dire quelle est la dame actuellement par vous amenée
dans ce pavillon ?
Figaro, montrant l'autre avec malice.
 
FIGARO, montrant l'autre avec malice.
Dans celui-là ?
 
Dans celui-là ?
Le Comte, vite.
 
LE COMTE, vîte.
Dans celui-ci.
 
Dans celui-ci ?
Figaro, froidement.
 
FIGARO, froidement.
C'est différent. Une jeune personne qui m'honore de ses bontés particulières.
 
C'est différent. Une jeune personne qui m'honore de
ses bontés particulières.
Bazile, étonné.
 
FBAZILE étonné.
Ha, ha !
 
Ha, ha !
Le Comte, vite.
 
LE COMTE, vîte.
Vous l'entendez, messieurs.
 
Vous l'entendez, Messieurs.
Bartholo, étonné.
 
BARTHOLO étonné.
Nous l'entendons ?
 
Nous l'entendons ?
Le Comte, à Figaro.
 
LE COMTE, à Figaro.
Et cette jeune personne a-t-elle un autre engagement que vous sachiez ?
 
Et cette jeune personne a-t-elle un autre engagement
que vous sachiez ?
Figaro, froidement.
 
FIGARO, froidement.
Je sais qu'un grand seigneur s'en est occupé quelque temps : mais, soit qu'il l'ait négligée ou que je lui plaise mieux qu'un plus aimable, elle me donne aujourd'hui la préférence.
 
Je sais qu'un grand seigneur s'en est occupé quelque
temps ; mais, soit qu'il l'ait négligée ou que je lui plaise
mieux qu'un plus aimable, elle me donne aujourd'hui
la préférence.
Le Comte, vivement.
 
LE COMTE, vivement.
La préf… (Se contenant.) Au moins il est naïf ! car ce qu'il avoue, messieurs, je l'ai ouï, je vous jure, de la bouche même de sa complice.
 
La préf… (se contenant.) Au moins il est naïf ! car
ce qu'il avoue, Messieurs, je l'ai ouï, je vous jure, de
la bouche même de sa complice.
Brid'oison, stupéfait.
 
Brid'oisonstupéfait.
Sa-a complice !
 
Sa-a complice !
Le Comte, avec fureur.
 
LE COMTE avec fureur.
Or quand le déshonneur est public, il faut que la vengeance le soit aussi.
 
Or quand le déshonneur est public, il faut que la
vengeance le soit aussi.
(Il entre dans le pavillon.)
 
(Il entre dans le pavillon.)
SCÈNE XIII
 
FSCENE XIII.
Tous les acteurs précédents, hors le Comte.
 
TOUS LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, hors LE COMTE.
Antonio
 
ANTONIO.
C'est juste.
 
C'est juste.
Brid'oison, à Figaro.
 
Brid'oison, à Figaro.
Qui-i donc a pris la femme de l'autre ?
 
Qui-i donc a pris la femme de l'autre ?
Figaro, en riant.
 
FIGARO, en riant.
Aucun n'a eu cette joie-là.
 
Aucun n'a eu cette joie là.
SCÈNE XIV
 
SCENE XIV.
Les acteurs précédents, Le Comte, Chérubin.
 
LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, LE COMTE,
CHERUBIN.
Le Comte, parlant dans le pavillon, et attirant quelqu'un qu'on ne voit pas encore.
 
LE COMTE parlant dans le pavillon, et attirant quelqu'un/qu'on ne voit pas encore.
Tout vos efforts sont inutiles ; vous êtes perdue, madame ; et votre heure est bien arrivée ! (Il sort sans regarder.) Quel bonheur qu'aucun gage d'une union aussi détestée…
 
Tout vos efforts sont inutiles ; vous êtes perdue,
Madame ; et votre heure est bien arrivée ! (il sort sans
regarder.)
Quel bonheur qu'aucun gage d'une union aussi
détestée !…
Figaros'écrie.
 
FIGARO s'écrie.
Chérubin !
 
Chérubin !
Le Comte
 
LE COMTE.
Mon page ?
 
Mon Page ?
Bazile
 
BAZILE.
Ha ! ha !
 
Ha, ha !
Le Comte, hors de lui.
 
LE COMTE, hors de lui.
(À part.) Et toujours le page endiablé ! (À Chérubin.) Que faisiez-vous dans ce salon ?
 
(à part.) Et toujours le Page endiablé ! (à Chérubin.)
Que fesiez-vous dans ce sallon ?
Chérubin, timidement.
 
FCHERUBIN, timidement.
Je me cachais, comme vous l'avez ordonné.
 
Je me cachais, comme vous l'avez ordonné.
Pédrille
 
PEDRILLE.
Bien la peine de crever un cheval !
 
Bien la peine de crever un cheval !
Le Comte
 
LE COMTE.
Entres-y, toi, Antonio ; conduis devant son juge l'infâme qui m'a déshonoré.
 
Entres-y toi, Antonio ; conduis devant son juge,
l'infame qui m'a déshonoré.
Brid'oison
 
Brid'oison.
C'est Madame que vous y-y cherchez ?
 
C'est Madame que vous y-y cherchez ?
Antonio
 
ANTONIO.
L'y a, parguenne, une bonne Providence ! Vous en avez fait tant dans le pays…
 
L'y a parguenne, une bonne Providence ; vous en
avez fait tant dans le pays…
Le Comte, furieux.
 
LE COMTE furieux.
Entre donc !
 
Entre donc.
(Antonio entre.)
 
(Antonio entre.)
SCÈNE XV
 
SCENE XV.
Les acteurs précédents, excepté Antonio.
 
LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, excepté ANTONIO.
Le Comte
 
LE COMTE.
Vous allez voir, messieurs, que le page n'y était pas seul.
 
Vous allez voir, Messieurs, que le Page n'y était pas
seul.
Chérubin, timidement.
 
CHERUBIN, timidement.
Mon sort eût été trop cruel, si quelqu'âme sensible n'en eût adouci l'amertume.
 
Mon sort eût été trop cruel, si quelqu'ame sensible
n'en eût adouci l'amertume.
SCÈNE XVI
 
FSCENE XVI.
Les acteurs précédents, Antonio, Fanchette.
 
LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, ANTONIO,
FANCHETTE.
Antonio, attirant par le bras quelqu'un qu'on ne voit pas encore.
 
ANTONIO, attirant par le bras quelqu'un qu'on ne voit/pas encore.
Allons, madame, il ne faut pas vous faire prier pour en sortir, puisqu'on sait que vous y êtes entrée.
 
Allons, Madame, il ne faut pas vous faire prier
pour en sortir, puisqu'on sait que vous y êtes entrée.
Figaros'écrie.
 
FIGARO s'écrie.
La petite cousine !
 
La petite cousine !
Bazile
 
BAZILE.
Ha ! ha !
 
Ha, ha !
Le Comte
 
LE COMTE.
Fanchette !
 
Fanchette !
Antoniose retourne et s'écrie.
 
ANTONIO se retourne et s'écrie.
Ah ! palsembleu, Monseigneur, il est gaillard de me choisir pour montrer à la compagnie que c'est ma fille qui cause tout ce train-là !
 
Ah palsembleu ! Monseigneur, il est gaillard de me
choisir pour montrer à la compagnie que c'est ma fille
qui cause tout ce train-là !
Le Comte, outré.
 
LE COMTE, outré.
Qui la savait là-dedans ?
 
Qui la savait là-dedans ?
(Il veut rentrer.)
 
(Il veut rentrer.)
Bartholo, au-devant.
 
BARTHOLO, au-devant.
Permettez, Monsieur le Comte, ceci n'est pas plus clair. Je suis de sang-froid, moi.
 
Permettez, monsieur le Comte, ceci n'est pas plus
clair. Je suis de sang froid, moi.
(Il entre.)
 
(Il entre.)
Brid'oison
 
Brid'oison
Voilà une affaire au-aussi trop embrouillée.
 
Voilà une affaire au-aussi trop embrouillée.
SCÈNE XVII
 
FSCENE XVII.
Les acteurs précédents, Marceline.
 
LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, MARCELINE.
Bartholo, parlant en dedans, et sortant.
 
BARTHOLO, parlant en dedans, et sortant.
Ne craignez rien, madame, il ne vous sera fait aucun mal ; j'en réponds. (Il se retourne et s'écrie :) Marceline !…
 
Ne craignez rien, Madame, il ne vous sera fait aucun
mal ; j'en répons. (il se retourne et s'écrie :) Marceline !…
Bazile
 
BAZILE.
Ha, ha !
 
Ha, ha !
Figaro, riant.
 
FIGARO, riant.
Eh ! quelle folie ! ma mère en est ?
 
Hé quelle folie ! ma mère en est ?
Antonio
 
ANTONIO.
À qui pis fera.
 
A qui pis fera.
Le Comte, outré.
 
LE COMTE, outré.
Que m'importe à moi ? La Comtesse…
 
Que m'importe à moi ? La Comtesse…
SCÈNE XVIII
 
SCENE XVIII.
Les acteurs précédents, Suzanne.
 
LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, SUZANNE.
(Suzanne, son éventail sur le visage.)
 
(Suzanne, son éventail sur le visage.)
Le Comte
 
LE COMTE.
…Ah ! la voici qui sort. (Il la prend violemment par le bras.) Que croyez-vous, messieurs, que mérite une odieuse… ?
 
Ah ! la voici qui sort. (Il la prend violemment par
le bras.)
Que croyez-vous, Messieurs, que mérite une
odieuse…
(Suzanne se jette à genoux, la tête baissée.)
 
(Suzanne se jette à genoux, la tête baissée.)
Le Comte, fort.
 
FLE COMTE, fort.
Non, non.
 
Non, non.
(Figaro se jette à genoux de l'autre côté.)
 
(Figaro se jette à genoux de l'autre côté.)
Le Comte, plus fort.
 
LE COMTE, plus fort.
Non, non.
 
Non, non.
(Marceline se jette à genoux devant lui.)
 
(Marceline se jette à genoux devant lui.)
Le Comte, plus fort.
 
LE COMTE, plus fort.
Non, non.
 
Non, non.
(Tous se mettent à genoux, excepté Brid'oison.)
 
(Tous se mettent à genoux, excepté Brid'oison.)
Le Comte, hors de lui.
 
LE COMTE, hors de lui.
Y fussiez-vous un cent !
 
Y fussiez-vous un cent !
SCÈNE XIX et dernière
 
SCENE XIX et dernière.
Tous les acteurs précédents, La Comtesse sort de l'autre pavillon.
 
TOUS LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, LA COMTESSE
sort de l'autre pavillon.
La Comtessese jette à genoux.
 
LA COMTESSE se jette à genoux.
Au moins je ferai nombre.
 
Au moins je ferai nombre.
Le Comte, regardant la Comtesse et Suzanne.
 
LE COMTE regardant la Comtesse et Suzanne.
Ah ! qu'est-ce que je vois !
 
Ah, qu'est-ce que je vois !
Brid'oison, riant.
 
Brid'oison, riant.
Eh pardi, c'è-est Madame.
 
Eh pardi c'è-est Madame.
Le Comteveut relever la Comtesse.
 
LE COMTE veut relever la Comtesse.
Quoi, c'était vous, Comtesse ? (D'un ton suppliant.) Il n'y a qu'un pardon bien généreux…
 
Quoi c'était vous, Comtesse ? (d'un ton suppliant.) Il
n'y a qu'un pardon bien généreux…
La Comtesse, en riant.
 
LA COMTESSE, en riant.
Vous diriez « Non, non », à ma place ; et moi, pour la troisième fois d'aujourd'hui, je l'accorde sans condition.
 
Vous diriez, non, non, à ma place ; et moi pour la
troisième fois d'aujourd'hui, je l'accorde sans condition.
(Elle se relève.)
 
(Elle se relève.)
Suzannese relève.
 
SUZANNE se relève.
Moi aussi.
 
Moi aussi.
Marcelinese relève.
 
MARCELINE se relève.
Moi aussi.
 
Moi aussi.
Figarose relève.
 
FIGARO se relève.
Moi aussi ; il y a de l'écho ici ! (Tous se relèvent.)
 
Moi aussi ; il y a de l'écho ici ! (Tous se relèvent.)
Le Comte
 
FLE COMTE.
De l'écho ! – J'ai voulu ruser avec eux ; ils m'ont traité comme un enfant !
 
De l'écho ! – J'ai voulu ruser avec eux ; ils m'ont
traité comme un enfant !
La Comtesse, en riant.
 
LA COMTESSE, en riant.
Ne le regrettez pas, Monsieur le Comte.
 
Ne le regrettez pas, monsieur le Comte.
Figaro, s'essuyant les genoux avec son chapeau.
 
FIGARO, s'essuyant les genoux avec son chapeau.
Une petite journée comme celle-ci forme bien un ambassadeur !
 
Une petite journée comme celle-ci, forme bien un
ambassadeur !
Le Comte, à Suzanne.
 
LE COMTE à Suzanne.
Ce billet fermé d'une épingle ?…
 
Ce billet fermé d'une épingle ?…
Suzanne
 
SUZANNE.
C'est Madame qui l'avait dicté.
 
C'est Madame qui l'avait dicté.
Le Comte
 
LE COMTE.
La réponse lui en est bien due.
 
La réponse lui en est bien due.
(Il baise la main de la Comtesse.)
 
(Il baise la main de la Comtesse.)
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Chacun aura ce qui lui appartient.
 
Chacun aura ce qui lui appartient.
(Elle donne la bourse à Figaro et le diamant à Suzanne.)
 
(Elle donne la bourse à Figaro et le diamant à Suzanne.)
Suzanne, à Figaro.
 
SUZANNE, à Figaro.
Encore une dot.
 
Encore une dot.
Figaro, frappant la bourse dans sa main.
 
FIGARO, frappant la bourse dans sa main.
Et de trois. Celle-ci fut rude à arracher !
 
Et de trois. Celle-ci fut rude à arracher !
Suzanne
 
SUZANNE.
Comme notre mariage.
 
Comme notre mariage.
Grippe-Soleil
 
GRIPE-SOLEIL.
Et la jarretière de la mariée, l'aurons-je ?
 
Et la jarretière de la mariée, l'aurons-je ?
La Comtessearrache le ruban qu'elle a tant gardé dans son sein, et le jette à terre.
 
LA COMTESSE arrache le ruban qu'elle a tant gardé/dans son sein, et le jette à terre.
La jarretière ? Elle était avec ses habits ; la voilà.
 
La jarretière ? Elle était, avec ses habits ; la voilà.
(Les garçons de la noce veulent la ramasser.)
 
(Les garçons de la noce veulent la ramasser.)
Chérubin, plus alerte, court la prendre et dit:
 
FCHERUBIN, plus alerte, court la prendre et dit:
Que celui qui la veut, vienne me la disputer.
 
Que celui qui la veut, vienne me la disputer.
Le Comte, en riant, au page.
 
LE COMTE en riant, au Page.
Pour un monsieur si chatouilleux, qu'avez-vous trouvé de gai à certain soufflet de tantôt ?
 
Pour un Monsieur si chatouilleux, qu'avez-vous trouvé
de gai à certain soufflet de tantôt ?
Chérubinrecule en tirant à moitié son épée.
 
CHERUBIN recule en tirant à moitié son épée.
À moi, mon colonel ?
 
A moi, mon Colonel ?
Figaro, avec une colère comique.
 
FIGARO, avec une colère comique.
C'est sur ma joue qu'il l'a reçu : voilà comme les grands font justice !
 
C'est sur ma joue qu'il l'a reçu : voilà comme les
grands font justice !
Le Comte, riant.
 
LE COMTE, riant.
C'est sur sa joue ? Ha, ha, ha, qu'en dites-vous donc, ma chère Comtesse ?
 
C'est sur sa joue ? ha, ha, ha, qu'en dites-vous donc,
ma chère Comtesse ?
La Comtesse, absorbée, revient à elle, et dit avec sensibilité.
 
LA COMTESSE absorbée revient à elle, et dit avec/sensibilité.
Ah ! oui, cher Comte, et pour la vie, sans distraction, je vous le jure.
 
Ah ! oui, cher Comte, et pour la vie, sans distraction,
je vous le jure.
Le Comte, frappant sur l'épaule du juge.
 
LE COMTE, frappant sur l'épaule du Juge.
Et vous, don Brid'oison, votre avis maintenant ?
 
Et vous, Don-Brid'oison, votre avis maintenant ?
Brid'oison
 
Brid'oison.
Su-ur tout ce que je vois, Monsieur le Comte… ma-a foi, pour moi je-e ne sais que vous dire : voilà ma façon de penser.
 
Su-ur tout ce que je vois, monsieur le Comte…
ma-a foi, pour moi je-e ne sais que vous dire : voilà ma
façon de penser.
Tous ensemble
 
TOUS ENSEMBLE.
Bien jugé !
 
Bien jugé !
Figaro
 
FIGARO.
J'étais pauvre, on me méprisait. J'ai montré quelque esprit, la haine est accourue. Une jolie femme et de la fortune…
 
J'étais pauvre, on me méprisait. J'ai montré quelque
esprit, la haine est accourue. Une jolie femme et de la
fortune…
Bartholo, en riant.
 
FBARTHOLO, en riant.
Les cœurs vont te revenir en foule.
 
Les cœurs vont te revenir en foule.
Figaro
 
FIGARO.
Est-il possible ?
 
Est-il possible ?
Bartholo
 
BARTHOLO.
Je les connais.
 
Je les connais.
Figaro, saluant les spectateurs.
 
FIGARO, saluant les Spectateurs.
Ma femme et mon bien mis à part, tous me feront honneur et plaisir.
 
Ma femme et mon bien mis à part, tous me feront
honneur et plaisir.
On joue la ritournelle du Vaudeville (air noté).
 
On joue la ritournelle du Vaudeville. (Air noté.)
Vaudeville
 
VAUDEVILLE.
Bazile
 
BAZILE.
Premier couplet
 
PREMIER COUPLET.
    Triple dot, femme superbe ;
 
    Triple dot, femme superbe,
Que de biens pour un époux !
 
Que de biens pour un époux !
D'un seigneur, d'un page imberbe,
 
D'un Seigneur, d'un Page imberbe,
Quelque sot serait jaloux,
 
Quelque sot serait jaloux,
Du latin d'un vieux proverbe
 
Du latin d'un vieux proverbe,
L'homme adroit fait son parti.
 
L'homme adroit fait son parti :
Figaro
 
FIGARO.
Je le sais…
 
Je le sais…
(Il chante.) Gaudeant bene nati.
 
(Il chante.) Gaudeant bene nati.
Bazile
 
BAZILE.
Non…
 
Non…
(Il chante.) Gaudeat bene nanti.
 
(Il chante.) Gaudeat bene nanti.
Suzanne
 
SUZANNE.
Deuxième couplet
 
IIe COUPLET.
    Qu'un mari sa foi trahisse,
 
    Qu'un mari sa foi trahisse,
Il s'en vante, et chacun rit ;
 
Il s'en vante, et chacun rit ;
Que sa femme ait un caprice,
 
Que sa femme ait un caprice,
S'il l'accuse on la punit.
 
S'il l'accuse, on la punit.
De cette absurde injustice,
 
FDe cette absurde injustice,
Faut-il dire le pourquoi ?
 
Faut-il dire le pourquoi ?
Les plus forts ont fait la loi… bis.
 
Les plus forts ont fait la loi… bis.
Figaro
 
FIGARO.
Troisième couplet
 
IIIe COUPLET.
    Jean Jeannot, jaloux risible,
 
    Jean-Jeannot, jaloux risible,
Veut unir femme et repos ;
 
Veut unir femme et repos ;
Il achète un chien terrible,
 
Il achète un chien terrible,
Et le lâche en son enclos.
 
Et le lâche en son enclos.
La nuit, quel vacarme horrible !
 
La nuit, quel vacarme horrible !
Le chien court, tout est mordu,
 
Le chien court, tout est mordu,
Hors l'amant qui l'a vendu… bis.
 
Hors l'amant qui l'a vendu… bis.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Quatrième couplet
 
IVe COUPLET.
    Telle est fière et répond d'elle,
 
    Telle est fière et répond d'elle,
Qui n'aime plus son mari ;
 
Qui n'aime plus son mari ;
Telle autre presque infidèle,
 
Telle autre presque infidelle,
Jure de n'aimer que lui.
 
Jure de n'aimer que lui.
La moins folle, hélas ! est celle
 
La moins folle, hélas ! est celle
Qui se veille en son lien,
 
Qui se veille en son lien,
Sans oser jurer de rien… bis.
 
Sans oser jurer de rien… bis.
Le Comte
 
LE COMTE.
Cinquième couplet
 
Ve COUPLET.
    D'une femme de province,
 
    D'une femme de province,
À qui ses devoirs sont chers,
 
A qui ses devoirs sont chers,
Le succès est assez mince ;
 
Le succès est assez mince ;
Vive la femme aux bons airs !
 
Vive la femme aux bons airs !
Semblable à l'écu du Prince,
 
Semblable à l'écu du prince,
Sous le coin d'un seul époux,
 
Sous le coin d'un seul époux,
Elle sert au bien de tous… bis.
 
Elle sert au bien de tous… bis.
Marceline
 
MARCELINE.
Sixième couplet
 
VIe COUPLET.
    Chacun sait la tendre mère,
 
    Chacun sait la tendre mère
Dont il a reçu le jour ;
 
Dont il a reçu le jour ;
Tout le reste est un mystère,
 
FTout le reste est un mystère,
C'est le secret de l'amour.
 
C'est le secret de l'amour.
Figarocontinue l'air.
 
FIGARO continue l'air.
Ce secret met en lumière
 
Ce secret met en lumière
Comment le fils d'un butor
 
Comment le fils d'un butor
Vaut souvent son pesant d'or… bis.
 
Vaut souvent son pesant d'or… bis.
Septième couplet
 
VIIe COUPLET.
    Par le sort de la naissance,
 
    Par le sort de la naissance,
L'un est roi, l'autre est berger ;
 
L'un est roi, l'autre est berger ;
Le hasard fit leur distance ;
 
Le hasard fit leur distance ;
L'esprit seul peut tout changer.
 
L'esprit seul peut tout changer,
De vingt rois que l'on encense,
 
De vingt rois que l'on encense
Le trépas brise l'autel ;
 
Le trépas brise l'autel ;
Et Voltaire est immortel… bis.
 
Et Voltaire est immortel… bis.
Chérubin
 
CHERUBIN.
Huitième couplet
 
VIIIe COUPLET.
    Sexe aimé, sexe volage,
 
    Sexe aimé, sexe volage,
Qui tourmentez nos beaux jours,
 
Qui tourmentez nos beaux jours ;
Si de vous chacun dit rage,
 
Si de vous chacun dit rage,
Chacun vous revient toujours.
 
Chacun vous revient toujours.
Le parterre est votre image ;
 
Le parterre est votre image ;
Tel paraît le dédaigner,
 
Tel paraît le dédaigner,
Qui fait tout pour le gagner… bis.
 
Qui fait tout pour le gagner… bis.
Suzanne
 
SUZANNE.
Neuvième couplet
 
IXe COUPLET.
    Si ce gai, ce fol ouvrage,
 
    Si ce gai, ce fol ouvrage,
Renfermait quelque leçon,
 
Renfermait quelque leçon,
En faveur du badinage,
 
En faveur du badinage,
Faites grâce à la raison.
 
Faites grace à la raison.
Ainsi la nature sage
 
Ainsi la nature sage
Nous conduit, dans nos désir,
 
Nous conduit, dans nos désir,
À son but par les plaisirs… bis.
 
A son but par les plaisirs… bis.
Brid'oison
 
FBrid'oison.
Dixième couplet
 
Xe COUPLET.
    Or, Messieurs, la co-omédie
 
    Or, Messieurs, la co-omédie
Que l'on juge en cè-et instant,
 
Que l'on juge en cè-et instant,
Sauf erreur, nous pein-eint la vie
 
Sauf erreur, nous pein-eint la vie
Du bon peuple qui l'entend.
 
Du bon peuple qui l'entend.
Qu'on l'opprime, il peste, il crie ;
 
Qu'on l'opprime, il peste, il crie,
Il s'agite en cent fa-açons ;
 
Il s'agite en cent fa-açons ;
Tout fini-it par des chansons… bis.
 
Tout fini-it par des chansons… bis.
BALLET GÉNÉRAL
 
BALLET GENERAL.
Fin du cinquième et dernier acte.
 
Fin du cinquième et dernier Acte.
S'adresser, pour la musique de l'ouvrage, à M. BAUDRON, chef d'orchestre du Théâtre-Français.
 
S'adresser, pour la musique de l'ouvrage, à M. BAUDRON,
chef d'orchestre du théâtre français.


APPROBATIONS

 
F

APPROBATIONS.

J'ai lu, par ordre de M.Monsieur le Lieutenant de Police, la pièce intitulée : La folle journée, ou Le Mariage de Figaro ; et je n'y ai rien trouvé qui m'ait paru devoir en empêcher l'impression et la représentation. À Paris, ce vingt-huit février mil sept cent quatre-vingt-quatre.
Signé, COQUELEY DE CHAUSSEPIERRE.


 
J'ai lu par ordre, de M. le Lieutenant de Police, la pièce
intitulée : La folle journée, ou le Mariage de Figaro ; et je n'y
ai rien trouvé qui m'ait paru devoir en empêcher l'impression
et la représentation. A Paris, ce vingt-huit février mil sept
cent quatre-vingt-quatre.
Signé, COQUELEY DE CHAUSSEPIERRE.


J'ai lu, par ordre de M.Monsieur le Lieutenant général de Police, la pièce intitulée : La folle journée, ou Le Mariage de Figaro ; et je n'y ai rien trouvé qui m'ait paru devoir en empêcher la représentation et l'impression. À Paris, ce vingt-un mars mil sept cent quatre-vingt-quatre,
Signé, BRET.


 
J'ai lu, par ordre de M. le Lieutenant général de Police,
la pièce intitulée : La folle journée, ou le Mariage de Figaro ;
et je n'y ai rien trouvé qui m'ait paru devoir en empêcher
la représentation et l'impression. A Paris, ce vingt-un mars
mil sept cent quatre-vingt-quatre,
Signé, BRET.


Vu les approbations ; permis d'imprimer et représenter. À Paris, ce vingt-neuf mars mil sept cent quatre-vingt-quatre.
Signé, LENOIR.
 
Vu les approbations ; permis d'imprimer et représenter.
A Paris, ce vingt-neuf mars mil sept cent quatre-vingt-
quatre.
Signé, LENOIR.


ERRATA (déjà corrigés)

 
F

ERRATA.

PRÉFACE
 
PRÉFACE.
Page
 
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9, ligne 8, ces fantômes, lisez, ses fantômes.
 
9, ligne 8, ces fantômes, lisez, ses fantômes.
10, ligne dernière, n'existe, lisez, existe.
 
10, ligne dernière, n'existe, lisez, existe.
11, 2, les bons et les mauvais, lisez, bons et mauvais.
 
11, 2, les bons et les mauvais, lisez, bons et
mauvais.
ibid. 24, ces grands coups, lisez, ses grands coups.
 
ibid. 24, ces grands coups, lisez, ses grands coups.
13, 9, de l'œil de bœuf ou des carrosses, lisez, de l'œil-de-bœuf et des Carrosses.
 
13, 9, de l'œil de bœuf ou des carrosses, lisez, de
l'Œil-de-bœuf et des Carrosses.
26, 7, la coquette ou la coquine, lisez, la coquette ou coquine.
 
26, 7, la coquette ou la coquine, lisez, la coquette
ou coquine.
49, 6, espagnole, lisez, espagnol.

 
49, 6, espagnole, lisez, espagnol.

COMÉDIE
 
COMÉDIE.
Page
 
Page
116, ligne 2, dans lesquels vous mêlerez, lisez, dans lesquels on mêlera.
 
116, ligne 2, dans lesquels vous mêlerez, lisez, dans
lesquels on mêlera.
175, 94, poursuivions, lisez, poursuivons.
 
175, 94, poursuivions, lisez, poursuivons.
178, 5, sont rentrés, lisez, sont entrés.
 
178, 5, sont rentrés, lisez, sont entrés.
183, 23, les bois, lisez, le bois.
 
183, 23, les bois, lisez, le bois.