Kritische Edition der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785       Diplomatische Übertragung der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785 
SCÈNE XXIII
 
FSCENE XXIII.
Les acteurs précédents, excepté le Comte.
 
Les Acteurs précédens, excepté le Comte.
Bazile, à lui-même.
 
BAZILE à lui-même.
Ah ! je n'irai pas lutter contre le pot de fer, moi qui ne suis…
 
Ah ! je n'irai pas lutter contre le pot de fer, moi
qui ne suis…
Figaro
 
FIGARO.
Qu'une cruche.
 
Qu'une cruche.
Bazile, à part.
 
BAZILE à part.
Au lieu d'aider à leur mariage, je m'en vais assurer le mien avec Marceline. (À Figaro.) Ne conclus rien, crois-moi, que je ne sois de retour. (Il va prendre la guitare sur le fauteuil du fond.)
 
Au lieu d'aider à leur mariage, je m'en vais assurer
le mien avec Marceline. (à Figaro) Ne conclus rien,
crois-moi, que je ne sois de retour. (il va prendre la
guitare sur le fauteuil du fond.)
Figarole suit.
 
FIGARO le suit.
Conclure ! oh ! va, ne crains rien ; quand même tu ne reviendrais jamais… Tu n'as pas l'air en train de chanter ; veux-tu que je commence ?… allons, gai ! haut, la-mi-la, pour ma fiancée. (Il se met en marche à reculons, danse en chantant la séguedille suivante. Bazile accompagne, et tout le monde le suit.)
 
Conclure ! oh ! va, ne crains rien ; quand même tu
ne reviendrais jamais… tu n'as pas l'air en train de
chanter ; veux-tu que je commence ?… allons, gai !
haut la-mi-la pour ma fiancée. (il se met en marche à
reculons, danse en chantant la Séguedille suivante ; Bazile
accompagne, et tout le monde le suit.)
Séguedille (Air noté)
 
SEGUEDILLE: air noté.
    Je préfère à richesse
 
    Je préfère à richesse
La sagesse
 
La sagesse
De ma Suzon ;
 
De ma Suzon ;
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon,
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon,
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon,
Zon, zon, zon.
 
Zon, zon, zon.
    Aussi sa gentillesse
 
F    Aussi sa gentillesse
Est maîtresse
 
Est maîtresse
De ma raison ;
 
De ma raison ;
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon,
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon,
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon,
Zon, zon, zon.
 
Zon, zon, zon.
(Le bruit s'éloigne, on n'entend pas le reste.)
 
(Le bruit s'éloigne, on n'entend pas le reste.)
SCÈNE XXIV
 
SCENE XXIV.
Suzanne, la Comtesse.
 
SUZANNE, LA COMTESSE.
La Comtesse, dans sa bergère.
 
LA COMTESSE dans sa bergère.
Vous voyez, Suzanne, la jolie scène que votre étourdi m'a value avec son billet.
 
Vous voyez, Suzanne, la jolie scène que votre étourdi
m'a value avec son billet.
Suzanne
 
SUZANNE.
Ah ! madame, quand je suis rentrée du cabinet, si vous aviez vu votre visage ! il s'est terni tout à coup ; mais ce n'a été qu'un nuage ; et par degrés vous êtes devenue rouge, rouge, rouge !
 
Ah ! Madame, quand je suis rentrée du cabinet, si
vous aviez vu votre visage ! il s'est terni tout à coup ;
mais ce n'a été qu'un nuage ; et par degrés vous êtes
devenue rouge, rouge, rouge !
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Il a donc sauté par la fenêtre ?
 
Il a donc sauté par la fenêtre ?
Suzanne
 
SUZANNE.
Sans hésiter, le charmant enfant ! léger… comme une abeille.
 
Sans hésiter, le charmant enfant ! léger… comme
une abeille.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Ah ! ce fatal jardinier ! Tout cela m'a remuée au point… que je ne pouvais rassembler deux idées.
 
Ah ce fatal jardinier ! Tout cela m'a remuée au
point… que je ne pouvais rassembler deux idées.
Suzanne
 
FSUZANNE.
Ah ! madame, au contraire ; et c'est là que j'ai vu combien l'usage du grand monde donne d'aisance aux dames comme il faut, pour mentir sans qu'il y paraisse.
 
Ah ! Madame, au contraire ; et c'est-là que j'ai vu
combien l'usage du grand monde donne d'aisance
aux dames comme il faut, pour mentir sans qu'il y
paraisse.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Crois-tu que le Comte en soit la dupe ? et s'il trouvait cet enfant au château !
 
Crois-tu que le Comte en soit la dupe ? et s'il trouvait
cet enfant au château !
Suzanne
 
SUZANNE.
Je vais recommander de le cacher si bien…
 
Je vais recommander de le cacher si bien…
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Il faut qu'il parte. Après ce qui vient d'arriver, vous croyez bien que je ne suis pas tentée de l'envoyer au jardin à votre place.
 
Il faut qu'il parte. Après ce qui vient d'arriver, vous
croyez bien que je ne suis pas tentée de l'envoyer au
jardin à votre place.
Suzanne
 
SUZANNE.
Il est certain que je n'irai pas non plus. Voilà donc mon mariage encore une fois…
 
Il est certain que je n'irai pas non plus. Voilà donc
mon mariage encore une fois…
La Comtessese lève.
 
LA COMTESSE se lève.
Attends… Au lieu d'un autre ou de toi, si j'y allais moi-même ?
 
Attends… Au lieu d'un autre ou de toi, si j'y allais
moi-même.
Suzanne
 
SUZANNE.
Vous, madame ?
 
Vous, Madame ?
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Il n'y aurait personne d'exposé… Le Comte alors ne pourrait nier… Avoir puni sa jalousie et lui prouver son infidélité ! cela serait… Allons : le bonheur d'un premier hasard m'enhardit à tenter le second. Fais-lui savoir promptement que tu te rendras au jardin. Mais surtout que personne…
 
Il n'y aurait personne d'exposé… le Comte alors
ne pourrait nier… Avoir puni sa jalousie et lui prouver
son infidélité ! cela serait… Allons, le bonheur d'un
premier hasard m'enhardit à tenter le second. Fais-lui
savoir promptement que tu te rendras au jardin ; mais
surtout que personne…
Suzanne
 
FSUZANNE
Ah ! Figaro.
 
Ah ! Figaro.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Non, non. Il voudrait mettre ici du sien… Mon masque de velours et ma canne, que j'aille y rêver sur la terrasse. (Suzanne entre dans le cabinet de toilette.)
 
Non, non ; il voudrait mettre ici du sien… Mon
masque de velours et ma canne, que j'aille y rêver sur la
terrasse. (Suzanne entre dans le cabinet de toilette.)
SCÈNE XXV
 
SCENE XXV.
La Comtesse, seule.
 
LA COMTESSE seule.
Il est assez effronté mon petit projet ! (Elle se retourne.) Ah ! le ruban ! mon joli ruban ! je t'oubliais ! (Elle le prend sur sa bergère et le roule.) Tu ne me quitteras plus… tu me rappelleras la scène où ce malheureux enfant… Ah ! Monsieur le Comte, qu'avez-vous fait ?… Et moi, que fais-je en ce moment ?
 
Il est assez effronté mon petit projet ! (elle se retourne.)
Ah le ruban ! mon joli ruban ! je t'oubliais ! (elle le
prend sur sa bergère et le roule.)
Tu ne me quitteras plus…
tu me rappelleras la scène où ce malheureux enfant…
Ah ! monsieur le Comte, qu'avez-vous fait ?… et moi,
que fais-je en ce moment ?
SCÈNE XXVI
 
SCENE XXVI.
La Comtesse, Suzanne.
 
LA COMTESSE, SUZANNE.
(La Comtesse met furtivement le ruban dans son sein.)
 
(La Comtesse met furtivement le ruban dans son sein.)
Suzanne
 
SUZANNE.
Voici la canne et votre loup.
 
Voici la canne et votre loup.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Souviens-toi que je t'ai défendu d'en dire un mot à Figaro.
 
Souviens-toi que je t'ai défendu d'en dire un mot
à Figaro.
Suzanne, avec joie.
 
FSUZANNE avec joie.
Madame, il est charmant votre projet. Je viens d'y réfléchir. Il rapproche tout, termine tout, embrasse tout ; et, quelque chose qui arrive, mon mariage est maintenant certain. (Elle baise la main de sa maîtresse.)
 
Madame, il est charmant votre projet. Je viens d'y
réfléchir. Il rapproche tout, termine tout, embrasse
tout ; et quelque chose qui arrive, mon mariage est
maintenant certain. (elle baise la main de sa maîtresse.)
(Elles sortent.)
 
(Elles sortent.)
Fin du second acte.
 
Fin du second Acte.
Pendant l'entracte, des valets arrangent la salle d'audience: on apporte les deux banquettes à dossier des avocats, que l'on place aux deux côtés du théâtre, de façon que le passage soit libre par-derrière. On pose une estrade à deux marches dans le milieu du théâtre, vers le fond, sur laquelle on place le fauteuil du Comte. On met la table du greffier et son tabouret de côté sur le devant, et des sièges pour Brid'oison et d'autres juges, des deux côtés de l'estrade du Comte.
 
Pendant l'entr'acte, des valets arrangent la salle d'au-
dience: on apporte les deux banquettes à dossier des avocats,
que l'on place aux deux côtés du théâtre, de façon que le passage
soit libre par derrière. On pose une estrade à deux marches
dans le milieu du théâtre vers le fond, sur laquelle on place
le fauteuil du Comte. On met la table du greffier et son tabouret
de côté sur le devant, et des siéges pour Brid'oison et d'autres
juges, des deux côtés de l'estrade du Comte.