SCÈNE XIV
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Bartholo, Marceline, le Comte, Brid’oison, Figaro, un Huissier.
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L'Huissier, précédant le Comte, crie.
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Monseigneur, messieurs.
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Le Comte
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En robe ici, seigneur Brid'oison ! ce n'est qu'une affaire domestique : l'habit de ville était trop bon.
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Brid'oison
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C'è-est vous qui l'êtes, Monsieur le Comte. Mais je ne vais jamais san-ans elle ; parce que la forme, voyez-vous, la forme ! Tel rit d'un juge en habit court, qui-i tremble au seul aspect d'un procureur en robe. La forme, la-a forme !
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Le Comte, à l'huissier.
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Faites entrer l'audience.
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L'Huissierva ouvrir en glapissant.
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L'audience !
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SCÈNE XV
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Les acteurs précedents, Antonio, les valets du château, les paysans et paysannes en habits de fête; le Comte s'assied sur le grand fauteuil, Brid’oison sur une chaise à côté; le Greffier sur le tabouret derrière sa table; les juges, les advocats sur les banquettes; Marceline à côté de Bartholo; Figaro sur l'autre banquette; les paysans et valets debout derrière.
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Brid'oison, à Double-Main.
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Double-Main, a-appelez les causes.
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Double-Mainlit un papier.
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Noble, très noble, infiniment noble, Dom Pedro George, Hidalgo, baron de Los Altos, y Montes Fieros, y otros montes ; contre Alonzo Calderon, jeune auteur dramatique. Il est question d'une comédie mort-née, que chacun désavoue et rejette sur l'autre.
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Le Comte
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Ils ont raison tous deux. Hors de Cour. S'ils font ensemble un autre ouvrage, pour qu'il marque un peu dans le grand monde, ordonné que le noble y mettra son nom, le poète son talent.
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Double-Mainlit un autre papier.
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André Petrutchio, laboureur ; contre le receveur de la province. Il s'agit d'un forcement arbitraire.
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Le Comte
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L'affaire n'est pas de mon ressort. Je servirai mieux mes vassaux en les protégeant près du Roi. Passez.
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Double-Mainen prend un troisième.
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(Bartholo et Figaro se lèvent.)
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Barbe-Agar-Raab-Magdelène-Nicole-Marceline de Verte-Allure, fille majeure ; (Marceline se lève et salue.) contre Figaro… nom de baptême en blanc ?
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Figaro
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Anonyme.
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Brid'oison
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A-anonyme ! Què-el patron est-ce-là ?
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Figaro
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C'est le mien.
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Double-Mainécrit.
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Contre anonyme Figaro. Qualités ?
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Figaro
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Gentilhomme.
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Le Comte
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Vous êtes gentilhomme ? (Le greffier écrit.)
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Figaro
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Si le Ciel l'eût voulu, je serais fils d'un prince.
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Le Comte, au greffier.
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Allez.
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L'Huissier, glapissant.
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||
Silence, messieurs.
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Double-Mainlit.
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||
…Pour cause d'opposition faite au mariage dudit Figaro, par ladite de Verte-Allure. Le docteur Bartholo plaidant pour la demanderesse, et ledit Figaro pour lui-même ; si la Cour le permet, contre le vœu de l'usage, et la jurisprudence du siège.
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||
Figaro
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||
L'usage, maître Double-Main, est souvent un abus ; le client un peu instruit sait toujours mieux sa cause que certains avocats qui, suant à froid, criant à tue tête, et connaissant tout, hors le fait, s'embarrassent aussi peu de ruiner le plaideur que d'ennuyer l'auditoire, et d'endormir Messieurs ; plus boursoufflés après que s'ils eussent composé l'Oratio pro Murena ; moi je dirai le fait en peu de mots. Messieurs…
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||
Double-Main
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||
En voilà beaucoup d'inutiles, car vous n'êtes pas demandeur et n'avez que la défense. Avancez, docteur, et lisez la promesse.
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Figaro
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||
Oui, promesse !
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||
Bartholo, mettant ses lunettes.
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||
Elle est précise.
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Brid'oison
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||
I-il faut la voir.
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Double-Main
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||
Silence donc, messieurs.
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||
L'Huissier, glapissant.
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||
Silence.
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||
Barthololit.
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||
« Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc., Marceline de Verte-Allure, dans le château d'Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes cordonnées ; laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château, et je l'épouserai, par forme de reconnaissance, etc. » Signé Figaro, tout court. Mes conclusions sont au payement du billet, et à l'exécution de la promesse, avec dépens. (Il plaide.) Messieurs… jamais cause plus intéressante ne fut soumise au jugement de la Cour ! et depuis Alexandre le Grand, qui promit mariage à la belle Thalestris…
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||
Le Comte, interrompant.
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||
Avant d'aller plus loin, avocat… convient-on de la validité du titre ?
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||
Brid'oison, à Figaro.
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||
Qu'oppo… qu'oppo-osez-vous à cette lecture ?
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||
Figaro
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||
Qu'il y a, messieurs, malice, erreur, ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce ; car il n'est pas dit dans l'écrit : « laquelle somme je lui rendrai et je l'épouserai » ; mais : « laquelle somme je lui rendrai ou je l'épouserai » ; ce qui est bien différent.
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||
Le Comte
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||
Y a-t-il et dans l'acte, ou bien ou ?
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||
Bartholo
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Il y a et.
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||
Figaro
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||
Il y a ou.
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Brid'oison
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||
Dou-ouble-Main, lisez vous-même.
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||
Double-Main, prenant le papier.
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||
Et c'est le plus sûr ; car souvent les parties déguisent en lisant. (Il lit.) « E, e, e, damoiselle e, e, e, de Verte-allure e, e, e… Ha ! laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château… et… ou… et… ou… » Le mot est si mal écrit… il y a un pâté.
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||
Brid'oison
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||
Un pâ-âté ? je sais ce que c'est.
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||
Bartholo, plaidant.
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||
Je soutiens, moi, que c'est la conjonction copulative et qui lie les membres corrélatifs de la phrase : je paierai la demoiselle et je l'épouserai.
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||
Figaro, plaidant.
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||
Je soutiens, moi, que c'est la conjonction alternative ou qui sépare lesdits membres ; je payerai la donzelle ou je l'épouserai : à pédant, pédant et demi ; qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine.
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||
Le Comte
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||
Comment juger pareille question ?
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||
Bartholo
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||
Pour la trancher, messieurs, et ne plus chicaner sur un mot, nous passons qu'il y ait ou.
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||
Figaro
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||
J'en demande acte.
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||
Bartholo
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||
Et nous y adhérons. Un si mauvais refuge ne sauvera pas le coupable : examinons le titre en ce sens. (Il lit.) « Laquelle somme je lui rendrai dans ce château où je l'épouserai ». C'est ainsi qu'on dirait, messieurs : « vous vous ferez saigner dans ce lit où vous resterez chaudement », c'est « dans lequel ».
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||
« Il prendra deux gros de rhubarbe où vous mêlerez un peu de tamarin » ; dans lesquels on mêlera. Ainsi « château où je l'épouserai », messieurs, c'est « château dans lequel »…
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||
Figaro
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||
Point du tout : la phrase est dans le sens de celle-ci : « ou la maladie vous tuera, ou ce sera le médecin ; ou bien le médecin » ; c'est incontestable. Autre exemple : « ou vous n'écrirez rien qui plaise, ou les sots vous dénigreront ; ou bien les sots » ; le sens est clair ; car, audit cas, « sots ou méchants » sont le substantif qui gouverne. Maître Bartholo croit-il donc que j'aie oublié ma syntaxe ? Ainsi, je la payerai dans ce château, virgule ; ou je l'épouserai…
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||
Bartholo, vite.
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||
Sans virgule.
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||
Figaro, vîte.
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||
Elle y est. C'est virgule, messieurs, ou bien je l'épouserai.
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||
Bartholo, regardant le papier; vite.
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||
Sans virgule, messieurs.
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||
Figaro, vite.
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||
Elle y était, messieurs. D'ailleurs, l'homme qui épouse est-il tenu de rembourser ?
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||
Bartholo, vite.
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||
Oui ; nous nous marions séparés de biens.
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||
Figaro, vite.
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||
Et nous de corps, dès que mariage n'est pas quittance. (Les juges se lèvent et opinent tout bas.)
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||
Bartholo
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||
Plaisant acquittement !
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Double-Main
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||
Silence, messieurs.
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||
L'Huissier, glapissant.
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||
Silence.
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||
Bartholo
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||
Un pareil fripon appelle cela payer ses dettes !
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||
Figaro
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||
Est-ce votre faute, avocat, que vous plaidez ?
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||
Bartholo
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||
Je défends cette demoiselle.
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||
Figaro
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||
Continuez à déraisonner ; mais cessez d'injurier. Lorsque, craignant l'emportement des plaideurs, les tribunaux ont toléré qu'on appelât des tiers, ils n'ont pas entendu que ces défenseurs modérés deviendraient impunément des insolents privilégiés. C'est dégrader le plus noble institut. (Les juges continuent d'opiner bas.)
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||
Antonio, à Marceline, montrant les juges.
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||
Qu'ont-ils tant à balbucifier ?
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Marceline
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||
On a corrompu le grand juge, il corrompt l'autre, et je perds mon procès.
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||
Bartholo, bas, d'un ton sombre.
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||
J'en ai peur.
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||
Figaro, gaiement.
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||
Courage, Marceline.
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||
Double-Mainse lève; à Marceline.
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||
Ah, c'est trop fort ! je vous dénonce ; et pour l'honneur du tribunal, je demande qu'avant faire droit sur l'autre affaire, il soit prononcé sur celle-ci.
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||
Le Comtes'assied.
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||
Non, greffier, je ne prononcerai point sur mon injure personnelle : un juge espagnol n'aura point à rougir d'un excès digne au plus des tribunaux asiatiques : c'est assez des autres abus ! J'en vais corriger un second en vous motivant mon arrêt : tout juge qui s'y refuse est un grand ennemi des lois ! Que peut requérir la demanderesse ? mariage à défaut de paiement ; les deux ensemble impliqueraient.
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||
Double-Main
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||
Silence, messieurs !
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||
L'Huissier, glapissant.
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||
Silence !
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||
Le Comte
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||
Que nous répond le défendeur ? qu'il veut garder sa personne ; à lui permis.
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||
Figaro, avec joie.
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||
J'ai gagné.
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||
Le Comte
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||
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||
Figaro, stupéfait.
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||
J'ai perdu.
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||
Antonio, avec joie.
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||
Superbe arrêt.
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||
Figaro
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||
En quoi superbe ?
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||
Antonio
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||
En ce que tu n'es plus mon neveu. Grand merci, Monseigneur.
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||
L'Huissier, glapissant.
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||
Passez, messieurs. (Le peuple sort.)
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||
Antonio
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||
Je m'en vas tout conter à ma nièce. (Il sort.)
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||
SCÈNE XVI
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Le Comte, allant de côté et d'autre; Marceline, Bartholo, Figaro, Brid’oison.
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||
Marcelines'assied.
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||
Ah ! je respire.
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||
Figaro
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||
Et moi, j'étouffe.
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||
Le Comte, à part.
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||
Au moins je suis vengé, cela soulage.
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||
Figaro, à part.
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||
|
||
Le Comte
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||
Tout est jugé.
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||
Figaro, à Brid'oison.
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||
C'est ce gros enflé de conseiller…
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||
Brid'oison
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||
Moi, gro-os enflé !
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||
Figaro
|
||
Sans doute. Et je ne l'épouserai pas : je suis gentilhomme une fois. (Le Comte s'arrête.)
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||
Bartholo
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||
Vous l'épouserez.
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||
Figaro
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||
|
||
Bartholo
|
||
Nommez-les, montrez-les.
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||
Figaro
|
||
|
||
Bartholo
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||
Le fat ! c'est quelqu'enfant trouvé !
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||
Figaro
|
||
Enfant perdu, docteur ; ou plutôt enfant volé.
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||
Le Comterevient.
|
||
« Volé, perdu », la preuve ? il crierait qu'on lui fait injure !
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||
Figaro
|
||
|
||
Marceline, se levant vivement.
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||
Une spatule à ton bras droit ?
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||
Figaro
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||
D'où savez-vous que je dois l'avoir ?
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||
Marceline
|
||
|
||
Figaro
|
||
Oui, c'est moi.
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||
Bartholo, à Marceline.
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||
Et qui ? lui !
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||
Marceline, vivement.
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||
C'est Emmanuel.
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||
Bartholo, à Figaro.
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||
Tu fus enlevé par des bohémiens ?
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||
Figaro, exalté.
|
||
Tout près d'un château. Bon docteur, si vous me rendez à ma noble famille, mettez un prix à ce service ; des monceaux d'or n'arrêteront pas mes illustres parents.
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||
Bartholo, montrant Marceline.
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||
Voilà ta mère.
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||
Figaro
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||
…Nourrice ?
|
||
Bartholo
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||
Ta propre mère.
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||
Le Comte
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||
Sa mère !
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||
Figaro
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||
Expliquez-vous.
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||
Marceline, montrant Bartholo.
|
||
Voilà ton père.
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||
Figaro, désolé.
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||
Oh oh oh ! aïe de moi !
|
||
Marceline
|
||
Est-ce que la nature ne te l'a pas dit mille fois ?
|
||
Figaro
|
||
Jamais.
|
||
Le Comte, à part.
|
||
Sa mère !
|
||
Brid'oison
|
||
|
||
Ce qui suit, enfermé entre ces deux index, a été retranché par les Comédiens-Français aux représentations de Paris.Bartholo
|
||
Ni moi non plus.
|
||
Marceline
|
||
Ni vous ! et votre fils ? vous m'aviez juré…
|
||
Bartholo
|
||
J'étais fou. Si pareils souvenirs engageaient, on serait tenu d'épouser tout le monde.
|
||
Brid'oison
|
||
E-et si l'on y regardait de si près, per-ersonne n'épouserait personne.
|
||
Bartholo
|
||
Des fautes si connues ! une jeunesse déplorable !
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||
Marceline, s'échauffant par degrés.
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||
Oui, déplorable, et plus qu'on ne croit ! Je n'entends pas nier mes fautes, ce jour les a trop bien prouvées ! mais qu'il est dur de les expier après trente ans d'une vie modeste ! J'étais née, moi, pour être sage, et je la suis devenue sitôt qu'on m'a permis d'user de ma raison. Mais dans l'âge des illusions, de l'inexpérience et des besoins, où les séducteurs nous assiègent, pendant que la misère nous poignarde, que peut opposer une enfant à tant d'ennemis rassemblés ? Tel nous juge ici sévèrement, qui, peut-être, en sa vie a perdu dix infortunées !
|
||
Figaro
|
||
Les plus coupables sont les moins généreux ! c'est la règle.
|
||
Marceline, vivement.
|
||
Hommes plus qu'ingrats, qui flétrissez par le mépris les jouets de vos passions, vos victimes ! c'est vous qu'il faut punir des erreurs de notre jeunesse ; vous et vos magistrats, si vains du droit de nous juger, et qui nous laissent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister. Est-il un seul état pour les malheureuses filles ? Elles avaient un droit naturel à toute la parure des femmes : on y laisse former mille ouvriers de l'autre sexe.
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||
Figaro, en colère.
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||
Ils font broder jusqu'aux soldats !
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||
Marceline, exaltée.
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||
Dans les rangs mêmes plus élevés, les femmes n'obtiennent de vous qu'une considération dérisoire ; leurrées de respects apparents, dans une servitude réelle ; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié !
|
||
Figaro
|
||
Elle a raison !
|
||
Le Comte, à part.
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||
Que trop raison !
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||
Brid'oison
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||
Elle a, mon-on Dieu, raison.
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||
Marceline
|
||
Mais que nous sont, mon fils, les refus d'un homme injuste ? ne regarde pas d'où tu viens, vois où tu vas ; cela seul importe à chacun. Dans quelques mois, ta fiancée ne dépendra plus que d'elle-même ; elle t'acceptera, j'en réponds : vis entre une épouse, une mère tendres qui te chériront à qui mieux mieux. Sois indulgent pour elles, heureux pour toi, mon fils ; gai, libre, et bon pour tout le monde : il ne manquera rien à ta mère.
|
||
Figaro
|
||
Tu parles d'or, maman, et je me tiens à ton avis. Qu'on est sot, en effet ! il y a des mille, mille ans que le monde roule, et dans cet océan de durée où j'ai par hasard attrapé quelques chétifs trente ans qui ne reviendront plus, j'irais me tourmenter pour savoir à qui je les dois ! tant pis pour qui s'en inquiète ! Passer ainsi la vie à chamailler, c'est peser sur le collier sans relâche, comme les malheureux chevaux de la remonte des fleuves qui ne reposent pas, même quand ils s'arrêtent, et qui tirent toujours quoiqu'ils cessent de marcher. Nous attendrons… ←
|
||
Le Comte
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||
Sot événement qui me dérange !
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||
Brid'oison, à Figaro.
|
||
Et la noblesse et le château ? vous impo-osez à la justice ?
|
||
Figaro
|
||
Elle allait me faire faire une belle sottise, la justice ! après que j'ai manqué, pour ces maudits cent écus, d'assommer vingt fois monsieur, qui se trouve aujourd'hui mon père ! Mais, puisque le Ciel à sauvé ma vertu de ces dangers, mon père, agréez mes excuses… Et vous, ma mère, embrassez-moi… le plus maternellement que vous pourrez.
|
||
(Marceline lui saute au cou.)
|
||
SCÈNE XVII
|
||
Bartholo, Figaro, Marceline, Brid’oison, Suzanne, Antonio, le Comte.
|
||
Suzanne, accourant une bourse à la main.
|
||
|
||
Le Comte, à part.
|
||
Au diable la maîtresse ! Il semble que tout conspire…
|
||
(Il sort.)
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||
SCÈNE XVIII
|
||
Bartholo, Antonio, Suzanne, Figaro, Marceline, Brid’oison.
|
||
Antonio, voyant Figaro embrasser sa mère, dit à Suzanne.
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||
|
||
Suzannese retourne.
|
||
J'en vois assez : sortons, mon oncle.
|
||
Figaro, l'arrêtant.
|
||
Non, s'il vous plaît. Que vois-tu donc ?
|
||
Suzanne
|
||
Ma bêtise et ta lâcheté.
|
||
Figaro
|
||
Pas plus de l'une que de l'autre.
|
||
Suzanne, en colère.
|
||
|
||
Figaro, gaiement.
|
||
|
||
(Suzanne veut sortir, Figaro la retient.)
|
||
Suzannelui donne un soufflet.
|
||
Vous êtes bien insolent d'oser me retenir !
|
||
Figaro, à la compagnie.
|
||
|
||
Suzanne
|
||
Je la regarde.
|
||
Figaro
|
||
Et tu la trouves ?
|
||
Suzanne
|
||
Affreuse.
|
||
Figaro
|
||
Et vive la jalousie ! elle ne vous marchande pas.
|
||
Marceline, les bras ouverts.
|
||
|
||
Suzannecourt à elle.
|
||
Vous sa mère ! (Elles restent dans les bras l'une de l'autre.)
|
||
Antonio
|
||
C'est donc de tout à l'heure ?
|
||
Figaro
|
||
…Que je le sais.
|
||
Marceline, exaltée.
|
||
Non, mon cœur entraîné vers lui ne se trompait que de motif ; c'était le sang qui me parlait.
|
||
Figaro
|
||
Et moi le bon sens, ma mère, qui me servait d'instinct quand je vous refusais, car j'étais loin de vous haïr ; témoin l'argent…
|
||
Marcelinelui remet un papier.
|
||
|
||
Suzannelui jette la bourse.
|
||
Prends encore celle-ci.
|
||
Figaro
|
||
Grand merci.
|
||
Marceline, exaltée.
|
||
Fille assez malheureuse, j'allais devenir la plus misérable des femmes et je suis la plus fortunée des mères ! Embrassez-moi, mes deux enfants ; j'unis dans vous toutes mes tendresses. Heureuse autant que je puis l'être, ah ! mes enfants, combien je vais aimer !
|
||
Figaro, attendri, avec vivacité.
|
||
Arrête donc, chère mère ! arrête donc ! voudrais-tu voir se fondre en eau mes yeux noyés des premières larmes que je connaisse ? elles sont de joie, au moins. Mais quelle stupidité ! j'ai manqué d'en être honteux : je les sentais couler entre mes doigts, regarde ; (Il montre ses doigts écartés.) et je les retenais bêtement ! va te promener, la honte ! je veux rire et pleurer en même temps ; on ne sent pas deux fois ce que j'éprouve. (Il embrasse sa mère d'un côté, Suzanne de l'autre.)
|
||
(Bartholo, Antonio, Suzanne, Figaro, Marceline, Brid'oison.)
|
||
Marceline
|
||
Ô mon ami !
|
||
Suzanne
|
||
Mon cher ami !
|
||
Brid'oison, s'essuyant les yeux d'un mouchoir.
|
||
Eh bien ! moi ! je suis donc bê-ête aussi !
|
||
Figaro, exalté.
|
||
Chagrin, c'est maintenant que je puis te défier : atteins-moi, si tu l'oses, entre ces deux femmes chéries.
|
||
Antonio, à Figaro.
|
||
Pas tant de cajoleries, s'il vous plaît. En fait de mariage dans les familles, celui des parents va devant, savez. Les vôtres se baillent-ils la main ?
|
||
Bartholo
|
||
Ma main ! puisse-t-elle se dessécher et tomber, si jamais je la donne à la mère d'un tel drôle !
|
||
Antonio, à Bartholo.
|
||
Vous n'êtes donc qu'un père marâtre ? (À Figaro.) En ce cas, not' galant, plus de parole.
|
||
Suzanne
|
||
Ah ! mon oncle…
|
||
Antonio
|
||
Irai-je donner l'enfant de not' sœur à sti qui n'est l'enfant de personne ?
|
||
Brid'oison
|
||
Est-ce que cela-a se peut, imbécile ? on-on est toujours l'enfant de quelqu'un.
|
||
Antonio
|
||
Tarare !… il ne l'aura jamais. (Il sort.)
|
||
SCÈNE XIX
|
||
Bartholo, Suzanne, Figaro, Marceline, Brid’oison.
|
||
Bartholo, à Figaro.
|
||
Et cherche à présent qui t'adopte. (Il veut sortir.)
|
||
Marceline, courant prendre Bartholo à bras le corps, le ramène.
|
||
Arrêtez, docteur, ne sortez pas.
|
||
Figaro, à part.
|
||
Non, tous les sots d'Andalousie sont, je crois, déchaînés contre mon pauvre mariage !
|
||
(Suzanne, Bartholo, Marceline, Figaro, Brid'oison.)
|
||
Suzanne, à Bartholo.
|
||
Bon petit papa, c'est votre fils.
|
||
Marceline, à Bartholo.
|
||
De l'esprit, des talents, de la figure.
|
||
Figaro, à Bartholo.
|
||
Et qui ne vous a pas coûté une obole.
|
||
Bartholo
|
||
Et les cent écus qu'il m'a pris ?
|
||
Marceline, le caressant.
|
||
Nous aurons tant de soin de vous, papa !
|
||
Suzanne, le caressant.
|
||
Nous vous aimerons tant, petit papa !
|
||
Bartholo, attendri.
|
||
Papa ! bon papa ! petit papa ! voilà que je suis plus bête encore que Monsieur, moi. (Montrant Brid'oison.) Je me laisse aller comme un enfant. (Marceline et Suzanne l'embrassent.) Oh ! non, je n'ai pas dit oui. (Il se retourne.) Qu'est donc devenu Monseigneur ?
|
||
Figaro
|
||
Courons le joindre ; arrachons-lui son dernier mot. S'il machinait quelqu'autre intrigue, il faudrait tout recommencer.
|
||
TOUS ENSEMBLE
|
||
Courons, courons.
|
||
(Ils entraînent Bartholo dehors.)
|
||
SCÈNE XX
|
||
Brid’oison, seul.
|
||
Plus bê-ête encore que Monsieur ! On peut se dire à soi-même ces-es sortes de choses-là, mais… I-ils ne sont pas polis du tout dan-ans cet endroit-ci. (Il sort.)
|
||
Fin du troisième acte.
|