Kritische Edition der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785       Diplomatische Übertragung der Vorlage von Beaumarchais, Kehl 1785 
SCÈNE X
 
SCENE X.
Chérubin, Suzanne, Figaro, la Comtesse, Le Comte, Fanchette, Bazile; beaucoup de valets, paysannes, paysans vêtus en habits de fête.
 
CHERUBIN, SUZANNE, FIGARO,
LA COMTESSE, LE COMTE,
FANCHETTE, BAZILE, beaucoup de
valets, paysannes, paysans vêtus en habits de fête.
Figaro, tenant une toque de femme garnie de plumes blanches et de rubans blancs, parle à la Comtesse.
 
FIGARO tenant une toque de femme, garnie de plumes/blanches et de rubans blancs, parle à la Comtesse.
Il n'y a que vous, madame, qui puissiez nous obtenir cette faveur.
 
Il n'y a que vous, Madame, qui puissiez nous obtenir
cette faveur.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Vous les voyez, Monsieur le Comte, ils me supposent un crédit que je n'ai point : mais comme leur demande n'est pas déraisonnable…
 
Vous les voyez, monsieur le Comte : ils me supposent
un crédit que je n'ai point ; mais comme leur demande
n'est pas déraisonnable…
Le Comte, embarrassé.
 
FLE COMTE embarrassé.
Il faudrait qu'elle le fût beaucoup…
 
Il faudrait qu'elle le fût beaucoup…
Figaro, bas, à Suzanne.
 
FIGARO bas à Suzanne.
Soutiens bien mes efforts.
 
Soutiens bien mes efforts.
Suzanne, bas, à Figaro.
 
SUZANNE bas à Figaro.
Qui ne mèneront à rien.
 
Qui ne mèneront à rien.
Figaro, bas.
 
FIGARO bas.
Va toujours.
 
Va toujours.
Le Comte, à Figaro.
 
LE COMTE à Figaro.
Que voulez-vous ?
 
Que voulez-vous ?
Figaro
 
FIGARO.
Monseigneur, vos vassaux, touchés de l'abolition d'un certain droit fâcheux, que votre amour pour Madame…
 
Monseigneur, vos vassaux touchés de l'abolition
d'un certain droit fâcheux que votre amour pour
Madame…
Le Comte
 
LE COMTE.
Eh bien, ce droit n'existe plus ; que veux-tu dire ?
 
Hé bien, ce droit n'existe plus : que veux-tu dire ?
Figaro, malignement.
 
FIGARO malignement.
Qu'il est bien temps que la vertu d'un si bon maître éclate ; elle m'est d'un tel avantage aujourd'hui, que je désire être le premier à la célébrer à mes noces.
 
Qu'il est bien temps que la vertu d'un si bon maître
éclate ; elle m'est d'un tel avantage aujourd'hui, que je
désire être le premier à la célébrer à mes noces.
Le Comte, plus embarrassé.
 
LE COMTE plus embarrassé.
Tu te moques, ami ! l'abolition d'un droit honteux n'est que l'acquit d'une dette envers l'honnêteté. Un Espagnol peut vouloir conquérir la beauté par des soins ; mais en exiger le premier, le plus doux emploi, comme une servile redevance, ah ! c'est la tyrannie d'un Vandale, et non le droit avoué d'un noble Castillan.
 
Tu te moques, ami ! l'abolition d'un droit honteux
n'est que l'acquit d'une dette envers l'honnêteté. Un
Espagnol peut vouloir conquérir la beauté par des soins ;
mais en exiger le premier le plus doux emploi comme
une servile redevance, ah ! c'est la tyrannie d'un Vandale,
et non le droit avoué d'un noble Castillan.
Figaro, tenant Suzanne par la main.
 
FIGARO tenant Suzanne par la main.
Permettez donc que cette jeune créature, de qui votre sagesse a préservé l'honneur, reçoive de votre main publiquement la toque virginale, ornée de plumes et de rubans blancs, symbole de la pureté de vos intentions ; – adoptez-en la cérémonie pour tous les mariages, et qu'un quatrain chanté en chœur rappelle à jamais le souvenir…
 
Permettez donc que cette jeune créature, de qui
votre sagesse a préservé l'honneur, reçoive de votre
Fmain publiquement, la toque virginale, ornée de plumes
et de rubans blancs, symbole de la pureté de vos inten-
tions : – adoptez-en la cérémonie pour tous les mariages,
et qu'un quatrain chanté en chœur rappelle à jamais
le souvenir…
Le Comte, embarrassé.
 
LE COMTE embarrassé.
Si je ne savais pas qu'amoureux, poète et musicien sont trois titres d'indulgence pour toutes les folies…
 
Si je ne savais pas qu'amoureux, poëte, et musicien
sont trois titres d'indulgence pour toutes les folies…
Figaro
 
FIGARO.
Joignez-vous à moi, mes amis !
 
Joignez-vous à moi, mes amis.
Tous ensemble
 
Tous ensemble.
Monseigneur ! Monseigneur !
 
Monseigneur ! Monseigneur !
Suzanne, au Comte.
 
SUZANNE au Comte.
Pourquoi fuir un éloge que vous méritez si bien ?
 
Pourquoi fuir un éloge que vous méritez si bien ?
Le Comte, à part.
 
LE COMTE à part.
La perfide !
 
La perfide !
Figaro
 
FIGARO.
Regardez-la donc, Monseigneur ; jamais plus jolie fiancée ne montrera la grandeur de votre sacrifice.
 
Regardez-la donc, Monseigneur ; jamais plus jolie
fiancée ne montrera la grandeur de votre sacrifice.
Suzanne
 
SUZANNE.
Laissen là ma figure, et ne vantons que sa vertu.
 
Laisse-là ma figure, et ne vantons que sa vertu.
Le Comte, à part.
 
LE COMTE à part.
C'est un jeu que tout ceci.
 
C'est un jeu que tout ceci.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Je me joins à eux, Monsieur le Comte ; et cette cérémonie me sera toujours chère, puisqu'elle doit son motif à l'amour charmant que vous aviez pour moi.
 
Je me joins à eux, monsieur le Comte ; et cette
cérémonie me sera toujours chère, puisqu'elle doit son
motif à l'amour charmant que vous aviez pour moi.
Le Comte
 
FLE COMTE.
Que j'ai toujours, madame ; et c'est à ce titre que je me rends.
 
Que j'ai toujours, Madame ; et c'est à ce titre que
je me rends.
Tous ensemble
 
Tous ensemble.
Vivat !
 
Vivat.
Le Comte, à part.
 
LE COMTE à part.
Je suis pris. (Haut.) Pour que la cérémonie eût un peu plus d'éclat, je voudrais seulement qu'on la remît à tantôt. (À part.) Faisons vite chercher Marceline.
 
Je suis pris. (haut) Pour que la cérémonie eût un
peu plus d'éclat, je voudrais seulement qu'on la remît
à tantôt. (à part) Fesons vîte chercher Marceline.
Figaro, à Chérubin.
 
FIGARO à Chérubin.
Eh bien, espiègle ! vous n'applaudissez pas ?
 
Hé bien, espiègle ! vous n'applaudissez pas ?
Suzanne
 
SUZANNE.
Il est au désespoir ; Monseigneur le renvoie.
 
Il est au désespoir ; Monseigneur le renvoie.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Ah ! monsieur, je vous demande sa grâce.
 
Ah ! Monsieur, je vous demande sa grace.
Le Comte
 
LE COMTE.
Il ne la mérite point.
 
Il ne la mérite point.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Hélas ! il est si jeune !
 
Hélas ! il est si jeune !
Le Comte
 
LE COMTE
Pas tant que vous le croyez.
 
Pas tant que vous le croyez.
Chérubin, tremblant.
 
CHERUBIN tremblant.
Pardonner généreusement n'est pas le droit du seigneur auquel vous avez renoncé en épousant Madame.
 
Pardonner généreusement, n'est pas le droit du seigneur
auquel vous avez renoncé en épousant Madame.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Il n'a renoncé qu'à celui qui vous affligeait tous.
 
Il n'a renoncé qu'à celui qui vous affligeait tous.
Suzanne
 
SUZANNE.
Si Monseigneur avait cédé le droit de pardonner, ce serait sûrement le premier qu'il voudrait racheter en secret.
 
Si Monseigneur avait cédé le droit de pardonner,
ce serait surement le premier qu'il voudrait racheter
en secret.
Le Comte, embarrassé.
 
FLE COMTE embarrassé.
Sans doute.
 
Sans doute.
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Eh, pourquoi le racheter ?
 
Hé, pourquoi le racheter ?
Chérubin, au Comte.
 
CHERUBIN au Comte.
Je fus léger dans ma conduite, il est vrai, Monseigneur ; mais jamais la moindre indiscrétion dans mes paroles…
 
Je fus léger dans ma conduite, il est vrai, Mon-
seigneur ; mais jamais la moindre indiscrétion dans
mes paroles…
Le Comte, embarrassé.
 
LE COMTE embarrassé.
Eh bien, c'est assez…
 
Hé bien, c'est assez…
Figaro
 
FIGARO.
Qu'entend-il ?
 
Qu'entend-il ?
Le Comte, vivement.
 
LE COMTE vivement.
C'est assez, c'est assez, tout le monde exige son pardon, je l'accorde, et j'irai plus loin : je lui donne une compagnie dans ma légion.
 
C'est assez, c'est assez, tout le monde exige son pardon,
je l'accorde, et j'irai plus loin. Je lui donne une
compagnie dans ma légion.
Tous ensemble
 
Tous ensemble.
Vivat !
 
Vivat.
Le Comte
 
LE COMTE.
Mais c'est à condition qu'il partira sur-le-champ pour joindre en Catalogne.
 
Mais c'est à condition qu'il partira sur le champ
pour joindre en Catalogne.
Figaro
 
FIGARO.
Ah ! Monseigneur, demain.
 
Ah ! Monseigneur, demain.
Le Comteinsiste.
 
LE COMTE insiste.
Je le veux.
 
Je le veux.
Chérubin
 
CHERUBIN.
J'obéis.
 
J'obéis.
Le Comte
 
LE COMTE.
Saluez votre marraine, et demandez sa protection.
 
Saluez votre marraine, et demandez sa protection.
(Chérubin met un genou en terre devant la Comtesse, et ne peut parler.)
 
CHERUBIN met un genou en terre devant la
Comtesse, et ne peut parler
.
La Comtesse, émue.
 
FLA COMTESSE émue.
Puisqu'on ne peut vous garder seulement aujourd'hui, partez, jeune homme. Un nouvel état vous appelle ; allez le remplir dignement. Honorez votre bienfaiteur. Souvenez-vous de cette maison, où votre jeunesse a trouvé tant d'indulgence. Soyez soumis, honnête et brave ; nous prendrons part à vos succès. (Chérubin se relève et retourne à sa place.)
 
Puisqu'on ne peut vous garder seulement aujourd'hui,
partez, jeune homme. Un nouvel état vous appelle ;
allez le remplir dignement. Honorez votre bienfaiteur.
Souvenez-vous de cette maison, où votre jeunesse a
trouvé tant d'indulgence. Soyez soumis, honnête et
brave ; nous prendrons part à vos succès. (Chérubin se
relève, et retourne à sa place.)
Le Comte
 
LE COMTE.
Vous êtes bien émue, madame !
 
Vous êtes bien émue, Madame !
La Comtesse
 
LA COMTESSE.
Je ne m'en défends pas. Qui sait le sort d'un enfant jeté dans une carrière aussi dangereuse ? Il est allié de mes parents ; et de plus, il est mon filleul.
 
Je ne m'en défends pas. Qui sait le sort d'un enfant
jeté dans une carrière aussi dangereuse ? il est allié de
mes parens ; et de plus, il est mon filleul.
Le Comte, à part.
 
LE COMTE, à part.
Je vois que Bazile avait raison. (Haut.) Jeune homme, embrassez Suzanne… pour la dernière fois.
 
Je vois que Bazile avait raison. (haut) Jeune homme,
embrassez Suzanne… pour la dernière fois.
Figaro
 
FIGARO.
Pourquoi cela, Monseigneur ? Il viendra passer ses hivers. Baise-moi donc aussi, capitaine ! (Il l'embrasse.) Adieu, mon petit Chérubin. Tu vas mener un train de vie bien différent, mon enfant : dame ! tu ne rôderas plus tout le jour au quartier des femmes : plus d'échaudés, de goûtérs à la crème ; plus de main chaude ou de colin-maillard. De bons soldats, morbleu ! bazanés, mal vêtus ; un grand fusil bien lourd ; tourne à droite, tourne à gauche, en avant, marche à la gloire ; et ne vas pas broncher en chemin ; à moins qu'un bon coup de feu…
 
Pourquoi cela, Monseigneur ? il viendra passer ses
hivers. Baise-moi donc aussi, Capitaine. (il l'embrasse.)
Adieu, mon petit Chérubin. Tu vas mener un train de
vie bien différent, mon enfant : dame ! tu ne roderas plus
tout le jour au quartier des femmes : plus d'échaudés,
de goûtés à la crème ; plus de main chaude ou de colin-
maillard. De bons soldats, morbleu ! bazanés, mal
vêtus ; un grand fusil bien lourd ; tourne à droite,
tourne à gauche ; en avant, marche à la gloire ; et ne
vas pas broncher en chemin, à moins qu'un bon coup
de feu…
Suzanne
 
SUZANNE.
Fi donc, l'horreur !
 
Fi donc, l'horreur !
La Comtesse
 
FLA COMTESSE.
Quel pronostic !
 
Quel pronostic !
Le Comte
 
LE COMTE.
Où donc est Marceline ? Il est bien singulier qu'elle ne soit pas des vôtres !
 
Où donc est Marceline ? il est bien singulier qu'elle
ne soit pas des vôtres !
Fanchette
 
FANCHETTE.
Monseigneur, elle a pris le chemin du bourg, par le petit sentier de la ferme.
 
Monseigneur, elle a pris le chemin du Bourg, par le
petit sentier de la ferme.
Le Comte
 
LE COMTE.
Et elle en reviendra ?
 
Et elle en reviendra ?
Bazile
 
BAZILE.
Quand il plaira à Dieu.
 
Quand il plaira à Dieu.
Figaro
 
FIGARO.
S'il lui plaisait qu'il ne lui plût jamais…
 
S'il lui plaisait qu'il ne lui plût jamais…
Fanchette
 
FANCHETTE.
Monsieur le docteur lui donnait le bras.
 
Monsieur le Docteur lui donnait le bras.
Le Comte, vivement.
 
LE COMTE vivement.
Le docteur est ici ?
 
Le Docteur est ici ?
Bazile
 
BAZILE.
Elle s'en est d'abord emparée…
 
Elle s'en est d'abord emparé…
Le Comte, à part.
 
LE COMTE, à part.
Il ne pouvait venir plus à propos.
 
Il ne pouvait venir plus à propos.
Fanchette
 
FANCHETTE.
Elle avait l'air bien échauffé, elle parlait tout haut en marchant, puis elle s'arrêtait, et faisait comme ça, de grand bras…et monsieur le docteur lui faisait comme ça de la main, en l'apaisant : elle paraissait si courroucée ! elle nommait mon cousin Figaro.
 
Elle avait l'air bien échauffé, elle parlait tout haut
en marchant, puis elle s'arrêtait, et fesait comme ça,
de grand bras… et monsieur le Docteur lui fesait comme
ça de la main, en l'apaisant : elle paraissait si cour-
roucée ! elle nommait mon cousin Figaro.
Le Comtelui prend le menton.
 
FLE COMTE lui prend le menton.
Cousin… futur.
 
Cousin… futur.
Fanchette, montrant Chérubin.
 
FANCHETTE montrant Chérubin.
Monseigneur, nous avez-vous pardonné d'hier ?…
 
Monseigneur, nous avez-vous pardonné d'hier ?…
Le Comteinterrompt.
 
LE COMTE interrompt.
Bonjour, bonjour, petite.
 
Bon jour, bon jour, petite.
Figaro
 
FIGARO.
C'est son chien d'amour qui la berce ; elle aurait troublé notre fête.
 
C'est son chien d'amour qui la berce ; elle aurait
troublé notre fête.
Le Comte, à part.
 
LE COMTE, à part.
Elle la troublera, je t'en réponds. (Haut.) Allons, madame, entrons. Bazile, vous passerez chez moi.
 
Elle la troublera je t'en répons. (haut) Allons,
Madame, entrons. Bazile, vous passerez chez moi.
Suzanne, à Figaro.
 
SUZANNE, à Figaro.
Tu me rejoindras, mon fils ?
 
Tu me rejoindras, mon fils ?
Figaro, bas, à Suzanne.
 
FIGARO, bas à Suzanne.
Est-il bien enfilé ?
 
Est-il bien enfilé ?
Suzanne, bas.
 
SUZANNE bas.
Charmant garçon !
 
Charmant garçon !
(Ils sortent tous.)
 
(Ils sortent tous.)
SCÈNE XI
 
FSCENE XI.
Chérubin, Figaro, Bazile.
 
CHERUBIN, FIGARO, BAZILE.
(Pendant qu'on sort, Figaro les arrête tous deux et les ramène.)
 
(Pendant qu'on sort, Figaro les arrête tous deux et les ramène.)
Figaro
 
FIGARO.
Ah çà, vous autres ! la cérémonie adoptée, ma fête de ce soir en est la suite ; il faut bravement nous recorder : ne faisons point comme ces acteurs qui ne jouent jamais si mal que le jour où la critique est le plus éveillée. Nous n'avons point de lendemain qui nous excuse, nous. Sachons bien nos rôles aujourd'hui.
 
Ah çà, vous autres ! la cérémonie adoptée, ma fête
de ce soir en est la suite ; il faut bravement nous recorder :
ne fesons point comme ces acteurs qui ne jouent jamais
si mal que le jour où la critique est le plus éveillée. Nous
n'avons point de lendemain qui nous excuse, nous.
Sachons bien nos rôles aujourd'hui.
Bazile, malignement.
 
BAZILE malignement.
Le mien est plus difficile que tu ne crois.
 
Le mien est plus difficile que tu ne crois.
Figaro, faisant, sans qu'il le voie, le geste de le rosser.
 
FIGARO, fesant sans qu'il le voie le geste de le rosser.
Tu es loin aussi de savoir tout le succès qu'il te vaudra.
 
Tu es loin aussi de savoir tout le succès qu'il te vaudra.
Chérubin
 
CHERUBIN.
Mon ami, tu oublies que je pars.
 
Mon ami, tu oublies que je pars.
Figaro
 
FIGARO.
Et toi, tu voudrais bien rester !
 
Et toi tu voudrais bien rester !
Chérubin
 
CHERUBIN.
Ah ! si je le voudrais !
 
Ah ! si je le voudrais !
Figaro
 
FIGARO.
Il faut ruser. Point de murmure à ton départ. Le manteau de voyage à l'épaule ; arrange ouvertement ta trousse, et qu'on voie ton cheval à la grille ; un temps de galop jusqu'à la ferme ; reviens à pied par les derrières ; Monseigneur te croira parti : tiens-toi seulement hors de sa vue ; je me charge de l'apaiser après la fête.
 
Il faut ruser. Point de murmure à ton départ. Le
manteau de voyage à l'épaule ; arrange ouvertement ta
trousse, et qu'on voie ton cheval à la grille : un temps
de galop jusqu'à la Ferme : reviens à pied par les der-
rières ; Monseigneur te croira parti ; tiens-toi seulement
hors de sa vue ; je me charge de l'apaiser après la fête.
Chérubin
 
FCHERUBIN.
Mais Fanchette qui ne sait pas son rôle !
 
Mais Fanchette qui ne sait pas son rôle !
Bazile
 
BAZILE.
Que diable lui apprenez-vous donc, depuis huit jours que vous ne la quittez pas ?
 
Que diable lui apprenez-vous donc, depuis huit jours
que vous ne la quittez pas ?
Figaro
 
FIGARO.
Tu n'as rien à faire aujourd'hui, donne-lui par grâce une leçon.
 
Tu n'as rien à faire aujourd'hui, donne-lui par grace
une leçon.
Bazile
 
BAZILE.
Prenez garde, jeune homme, prenez garde ! le père n'est pas satisfait ; la fille a été souffletée ; elle n'étudie pas avec vous : Chérubin ! Chérubin ! vous lui causerez des chagrins ! « Tant va la cruche à l'eau… »
 
Prenez garde, jeune homme, prenez garde ! le père
n'est pas satisfait ; la fille a été souffletée ; elle n'étudie
pas avec vous : Chérubin ! Chérubin ! vous lui causerez
des chagrins ! tant va la cruche à l'eau
Figaro
 
FIGARO.
Ah ! voilà notre imbécile, avec ses vieux proverbes ! Eh bien ! pédant ! que dit la sagesse des nations ? « Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin… »
 
Ah voilà notre imbécille, avec ses vieux proverbes !
Hé bien, pédant ! que dit la sagesse des nations ? tant
va la cruche à l'eau, qu'à la fin
Bazile
 
BAZILE.
Elle s'emplit.
 
Elle s'emplit.
Figaro, en s'en allant.
 
FIGARO en s'en allant.
Pas si bête, pourtant, pas si bête…
 
Pas si bête, pourtant, pas si bête…
Fin du premier acte.
 
Fin du premier Acte.